2007年12月1日土曜日

Les audaces réformatrices du dalaï-lama

Les audaces réformatrices du dalaï-lama
LE MONDE | 28.11.07 | 14h14 • Mis à jour le 28.11.07 | 14h14


AP/CALEB JONES
Le dalaï-lama lors de sa visite à Washington, le 16 octobre 2007.


Le dalaï-lama prêt à bousculer la tradition tibétaine face à un régime chinois se drapant dans l'orthodoxie du bouddhisme lamaïque : le conflit historique entre le Tibet et Pékin, né de l'occupation du "Toit du monde" par l'armée chinoise, en 1950-1951, est en train de verser dans le paradoxe. C'est en effet à fronts renversés que s'est engagée, ces derniers jours, la bataille pour la succession de Tenzin Gyatso, XIVe dalaï-lama, exilé à Dharamsala (Inde) après sa fuite du Tibet en 1959. Le tout sur fond de grandes manoeuvres de Pékin pour affermir son contrôle politique sur le bouddhisme tibétain.

Agé de 72 ans, le chef politique et spirituel des Tibétains redoute que le pouvoir chinois pèse lourdement sur le choix de son successeur, afin d'en faire un obligé. Aussi cherche-t-il à trouver la parade, quitte à contourner les procédures rituelles de l'institution lamaïque. En visite, mardi 27 novembre, à Amritsar, dans l'Etat indien du Pendjab, le dalaï-lama a laissé entendre que le mode de désignation de son successeur pourrait évoluer. Il a évoqué un type de sélection ressemblant à "l'élection du pape" et même un "possible" référendum auquel participeraient "des centaines de milliers de Tibétains".

RUPTURE AVEC LA TRADITION

Ces propositions marquent une rupture avec la tradition du bouddhisme tibétain, en vertu de laquelle tout nouveau dalaï-lama, censé être la réincarnation de son prédécesseur, est un garçonnet identifié par des "oracles officiels" et des "lamas érudits" en testant ses réactions face à des objets ayant appartenu au défunt. Autre innovation : le chef tibétain n'exclut pas que sa "réincarnation" ait lieu "en dehors du Tibet", compte tenu de l'importance de la communauté tibétaine vivant en exil.

Lors d'une visite au Japon, le 20 novembre, il avait déjà pris ses distances avec la tradition en évoquant l'idée que son successeur pourrait être choisi "avant" sa propre mort. A Amritsar, il est allé encore plus loin, affirmant à la BBC : "Si le peuple tibétain décide que l'institution du dalaï-lama n'est plus pertinente, alors elle cessera automatiquement d'exister." Face à l'ardeur réformatrice du dalaï-lama, le régime de Pékin a eu beau jeu de l'accuser, mardi, de "violer les rituels et les conventions historiques".

Frédéric Bobin
Article paru dans l'édition du 29.11.07.

 

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