2007年9月30日日曜日

Pékin lance un fonds d'investissement public doté de 140 milliards d'euros

Pékin lance un fonds d'investissement public doté de 140 milliards d'euros
LEMONDE.FR avec AFP | 29.09.07 | 10h57 • Mis à jour le 29.09.07 | 10h57

La Chine a fêté en grande pompe, samedi 29 septembre, la naissance de la China Investment Co (CIC). Annoncé depuis le début de l'année, le fonds souverain chinois chargé de faire fructifier une partie des vastes réserves de change du géant asiatique – les premières au monde – est officiellement entré en fonction.

Ce fonds d'investissement d'Etat a été doté de 200 milliards de dollars (140 milliards d'euros), le septième des réserves de change chinoises. Il devra notamment diversifier les investissements chinois. Aujourd'hui les réserves de change du pays (1 332,6 milliards de dollars fin juin) sont majoritairement composées d'actifs en dollars – 70 % selon des estimations – dont une partie de bons du Trésor américain.

Sa dotation de 200 milliards de dollars ne le propulse pas à la tête des fonds similaires existant dans le monde, encore dominés par les Etats exportateurs de pétrole, mais il devrait cependant se placer dans les quatre ou cinq premiers rangs. Avant même d'être formellement créée, la CIC a déjà procédé à un premier investissement, dans le fonds d'investissement américain Blackstone, acquérant une participation minoritaire (moins de 10 %) pour trois milliards de dollars (plus de deux milliards d'euros).

 

2007年9月28日金曜日

China Construction Bank devient la deuxième banque mondiale par la capitalisation

China Construction Bank devient la deuxième banque mondiale par la capitalisation
LEMONDE.FR avec AFP | 25.09.07 | 16h06 • Mis à jour le 25.09.07 | 16h38

AFP/MARK RALSTON
Le président de China Construction Bank (CCB) lance la cotation de la deuxième banque chinoise à Shanghaï, mardi 25 septembre 2007.


La banque chinoise China Construction Bank (CCB) a vu son cours s'envoler, mardi 25 septembre, pour son premier jour de cotation à la Bourse de Shanghaï, après avoir levé 57,12 milliards de yuans (5,4 milliards d'euros), lors de la plus importante introduction en Bourse de Chine continentale.

L'action de la CCB, la deuxième banque chinoise en termes d'actifs, a terminé à 8,53 yuans (0,81 euro), 2,08 yuans au-dessus de son prix initial de vente, soit une hausse de 32,25 % en une séance. A ce cours, la capitalisation boursière totale du groupe atteint 1 998 milliards de yuans (189 milliards d'euros), ce qui fait de la CCB la deuxième banque mondiale par la capitalisation boursière après une autre chinoise, Industrial and Commercial Bank of China.

CONSOLIDER SHANGHAÏ

L'introduction en Bourse du groupe bancaire est la dernière en date d'une série d'offres publiques de vente autorisées par le gouvernement chinois, afin de consolider la place boursière de Chine continentale, en forte hausse depuis un an, avec la présence de groupes à la rentabilité affirmée.

La prochaine introduction en vue est celle du producteur de charbon Shenhua Energy, qui a annoncé lundi qu'il espérait battre à son tour le record de la plus importante introduction en Bourse, misant sur une levée de 8,9 milliards de dollars (6,31 milliards d'euros).

 

Nouveau rappel américain de jouets fabriqués en Chine

Nouveau rappel américain de jouets fabriqués en Chine
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 27.09.07 | 11h41 • Mis à jour le 27.09.07 | 12h40

Les magasins américains Target rappellent trois cent cinquante mille outils de jardinage et chaises pour enfants fabriqués en Chine, en raison de la teneur excessive en plomb de leur peinture, a fait savoir, mercredi 26 septembre, la Commission américaine de sécurité des produits de consommation (CPSC), précisant qu'aucune victime n'avait été signalée.

La Chine a affirmé jeudi prendre au sérieux ce dernier rappel, tout en relativisant la gravité de la situation. "Notre attitude reste la même face à tout problème de qualité", a affirmé un porte-parole du ministère du commerce, Wang Xinpei, lors d'un point presse. "Nous ferons tous les efforts pour résoudre les problèmes sérieusement et de manière responsable selon les faits, même s'il n'y a eu qu'un problème sur un millier de produits", a-t-il ajouté.

Début septembre, sous pression américaine, la Chine avait décidé de supprimer la peinture au plomb dans les jouets exportés aux Etats-Unis, où cette peinture est interdite dans la fabrication de jouets depuis 1978 pour des raisons de santé publique.

RAPPELS MASSIFS

La semaine dernière, les autorités américaines ont annoncé le rappel d'un million de berceaux de fabrication chinoise, à l'origine de la mort d'au moins deux nourrissons. En août et début septembre, le géant américain du jouet Mattel avait procédé à trois rappels massifs de jouets fabriqués en Chine, pour plus de 20 millions de pièces au total. Cependant, seuls 13 % des jouets rappelés par Mattel l'étaient pour des motifs attribuables aux industriels locaux (utilisation d'une peinture toxique au plomb), et 87 % par un défaut de conception. Quelques jours plus tard, l'un des hauts dirigeants de Mattel, en visite à Pékin, l'avait reconnu et présenté ses excuses aux fabricants chinois.

A la suite de cette affaire, des entreprises comme Disney avaient alors annoncé des mesures de vérification renforcées et de nombreux élus avaient réclamé davantage de contrôle gouvernemental. "Le 'Made in China' est devenu un label signifiant la suspicion", avait lancé le sénateur républicain Sam Brownback, lors d'une audition des patrons de Mattel et Toys 'R' Us devant le Sénat américain. A l'international, la Commission européenne avait annoncé qu'elle poursuivrait son examen approfondi des contrôles sur les jouets chinois, et le Brésil avait décidé de suspendre l'importation de jouets Mattel.

Selon l'Association américaine du jouet (Toy Industry Association), environ 80 % des jouets vendus aux Etats-Unis sont fabriqués en Chine, soit 2,4 milliards sur les 3 milliards de jouets et accessoires vendus chaque année dans le pays, a indiqué à l'AFP sa porte-parole, Julie Livingstone.

Outre les jouets, nombre de produits d'origine chinoise ont fait l'objets de rappel aux Etats-Unis: des dentifrices soupçonnés de contenir un produit antigel, des poissons d'élevage et des crevettes contenant des substances illégales, ainsi que de la nourriture animale contaminée, des pneus...

 

2007年9月23日日曜日

L'ordination d'un nouvel évêque à Pékin marque un dégel des relations avec le Vatican

L'ordination d'un nouvel évêque à Pékin marque un dégel des relations avec le Vatican
LE MONDE | 22.09.07 | 15h38 • Mis à jour le 22.09.07 | 15h38
PÉKIN CORRESPONDANT

L'ordination, vendredi 21 septembre, du nouvel évêque de Pékin, Mgr Joseph Li Shan, 42 ans, est sans doute le signe d'un réchauffement des relations entre la Chine et le Vatican. Membre de l'Association des catholiques patriotiques de Chine - l'Eglise "officielle" -, Joseph Li Shan avait été élu le 16 juillet par un collège de prêtres, religieux et laïcs du diocèse, pour succéder à Mgr Michael Fu Tieshan, décédé en avril.

Cette élection n'est pas conforme au mode de désignation des évêques qui est le seul privilège du pape. Mais l'Osservatore Romano, organe officiel du Saint-Siège, a déclaré, vendredi, que Benoît XVI avait " concédé la communion" à ce nouvel évêque de Pékin, considéré comme un homme de foi et un vrai pasteur, ainsi qu'à Mgr Xiao Zejiang, ordonné évêque coadjuteur de Guiyang le 8 septembre.

C'est un geste de "bonne volonté", dit-on à Rome, vis-à-vis du fonctionnement de la partie officielle de l'Eglise chinoise qui compterait, au total, 12 millions de fidèles, clandestins et officiels. Cette double approbation par le pape d'un évêque dans la capitale et à Guiyang démontre le souci de Rome de poursuivre un processus menant au rétablissement des relations diplomatiques interrompues depuis 1951.

En 2006, trois évêques avaient été nommés autoritairement par le régime, sans consultation de Rome. Le pape avait réagi à cette " provocation". La lettre envoyée en juin 2007 à tous les catholiques chinois par Benoît XVI, dans laquelle il appelle de ses voeux la libre nomination des évêques et la réunification des deux Eglises avait été accueillie avec réserves par les autorités de Pékin.

Le Vatican laisse régulièrement entendre qu'il est prêt à rompre ses relations diplomatiques avec Taïwan afin de reconnaître la République populaire. Mais l'un des points d'achoppement reste cette épineuse question de la nomination des évêques, dont le Saint-Siège veut faire son domaine réservé. Pékin ne peut se résoudre à cette issue et met en avant le concept de "non-interférence" dans ses affaires intérieures. Le régime veut continuer à contrôler le choix de ses cadres catholiques.

Une nouvelle génération se lève d'évêques "officiels" nommés par Pékin, avec la fiction d'une élection par la base, mais ayant reçu a posteriori l'approbation du pape. Les élus cherchent même à recueillir la bénédiction du pape avant leur ordination, mais ils le font discrètement de peur de provoquer l'Eglise officielle. Le pouvoir sait que le rétablissement de liens diplomatiques avec le Vatican contribuerait à rehausser le prestige de la Chine à l'étranger, mais les responsables de l'Association patriotique redoutent qu'une telle perspective ne les dépouille de leurs prérogatives.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 23.09.07.

 

La justice internationale oubliée des négociations sur le Darfour

La justice internationale oubliée des négociations sur le Darfour
LE MONDE | 22.09.07 | 15h24 • Mis à jour le 22.09.07 | 15h24
NEW YORK (Nations unies) CORRESPONDANT


"Dommage", murmure Luis Moreno Ocampo, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Plusieurs des ministres des 26 pays qui ont assisté à une réunion sur le Darfour, vendredi 21 septembre à l'ONU, ont menacé les rebelles soudanais de sanctions s'ils boycottaient les négociations de paix fin octobre en Libye. Mais aucun n'a publiquement appelé à l'arrestation d'Ahmed Haroun, secrétaire d'Etat soudanais aux affaires humanitaires, et d'Ali Kushayb, un chef janjawid (les miliciens du Darfour soutenus par Khartoum), tous deux sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI pour crimes contre l'humanité.

"Je crains que le silence de la plupart des Etats et des organisations internationales sur le sujet ait été compris par Khartoum comme un affaiblissement de la détermination internationale en faveur du droit et des arrestations", a déploré Luis Moreno Ocampo.

VIOLENCES AUTOUR DES CAMPS

Soucieuses de mener à bien le déploiement au Darfour d'une force militaire de 27 000 hommes, l'ONU et l'Union africaine évitent de s'opposer publiquement au Soudan sur la question des inculpations, qui ne faisait même pas partie du programme de la rencontre ministérielle de vendredi.

Mais "avec Ahmed Haroun en charge des camps, il n'y a pas de solution possible", s'exclame M. Moreno Ocampo. "Comment organiser une mission humanitaire ? C'est comme traiter avec Goebbels pour démanteler les camps de concentration", dit-il. Signe qu'il se croit à l'abri de toute sanction, le gouvernement soudanais a nommé M. Haroun coprésident d'un comité chargé d'enquêter sur les violations des droits de l'homme.

"J'ai eu tort, mais nous n'en avons pas parlé", a reconnu le ministre français des affaires étrangères, Bernard Kouchner, au terme du sommet onusien. "On ne peut pas, sous prétexte que nous avons besoin de mettre en oeuvre cette force, oublier que nous avons une justice internationale", a-t-il admis après une rencontre avec M. Moreno Ocampo.

Tandis que la communauté internationale tente de consolider un processus de paix fragile, la violence a repris autour des camps. "Cela ressemble à un chaos, mais ce n'en est pas un. J'ai des raisons de croire que c'est une opération dans laquelle Ahmed Haroun joue un rôle clé", a déclaré le procureur de la CPI.

Philippe Bolopion
Article paru dans l'édition du 23.09.07.

 

2007年9月14日金曜日

En Chine, la révolte de ses maîtresses envoie en prison le maire de Baoji , par Brice Pedroletti

En Chine, la révolte de ses maîtresses envoie en prison le maire de Baoji , par Brice Pedroletti
LE MONDE | 13.09.07 | 16h52 • Mis à jour le 13.09.07 | 16h52
(Shanghaï, correspondant)


Ville industrielle à l'urbanisme ingrat située à l'est de Xian, dans le Shanxi, Baoji a acquis une notoriété inattendue grâce aux frasques de son plus haut dirigeant, Pang Jiayu, 63 ans : l'affaire est de celles dont la presse chinoise et les blogs raffolent. Ses onze maîtresses ont eu raison de son règne en dénonçant, preuves à l'appui, les malversations de celui qui s'était attribué un droit de cuissage sur les épouses de ses subalternes.

Tout commence en 1994, quand Pang Jiayu devient maire de Baoji. Il a une dent contre l'un de ses collaborateurs, désigné sous le pseudonyme de Li Simin, qui a été autrefois son supérieur. Pour les fêtes du nouvel an chinois, Pang Jiayu propose à ses employés une escapade dans un site touristique des environs et leur enjoint d'inviter leurs femmes. Le soir, Li Simin est rappelé à Baoji pour régler un problème urgent. Pang Jiayu se rend dans la chambre de sa femme, Zeng Qian (autre pseudonyme), à qui il montre des photos de son mari au bras de prostituées. Il aurait alors glissé une drogue dans son thé. La belle se serait réveillée le lendemain, avec le maire, nu, à ses côtés.

A Baoji, Pang Jiayu acquiert rapidement le sobriquet de "maire-la-braguette", et les fonctionnaires en mal de promotion doivent envoyer leur femme "en bavarder" avec leur chef.

FAVEURS ET PRÉBENDES

En 1998, M. Pang est nommé secrétaire général du Parti de Baoji, et détient donc tous les pouvoirs. Il distribue de plus en plus largement faveurs et prébendes à son entourage, notamment à travers l'attribution de contrats municipaux. Li Simin est placé à la tête d'une société semi-publique d'investissement, secondé par deux autres fonctionnaires dont les femmes doivent également satisfaire l'appétit sexuel de Pang Jiayu. Un gros projet d'infrastructure, dans le domaine de l'eau, se révèle deux fois plus coûteux que prévu. L'ouvrage est mal fait.

Entre-temps, Pang Jiayu est encore monté en grade. Il est désormais vice-président de l'Assemblée consultative du peuple de la province du Shanxi. Mais la société d'investissement de Li Simin est criblée de dettes. Une enquête est diligentée. Pang Jiayu fait comprendre à ses protégés qu'ils doivent endosser toute la responsabilité de l'affaire, et qu'il intercédera en leur faveur pour réduire leurs peines. Mais Li Simin est condamné à mort et ses deux adjoints à de longues peines de prison.

Désespérée, Zeng Qian, l'épouse de Li Simin, rallie les onze maîtresses de Pang Jiayu pour faire éclater la vérité. L'ancien maire a rejoint une liste qui, en ces temps de zèle anticorruption (le XVIIe congrès du Parti communiste approche), ne cesse de s'allonger : celle des hauts fonctionnaires épinglés pour corruption grave. Selon la presse chinoise, 90 % d'entre eux sont aussi accusés d'entretenir des "ernai" (seconde femme), une tradition qui a la vie dure en Chine.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 14.09.07.

 

Grattage, raclage, dépeçage : la torture des jouets contrôlés

Grattage, raclage, dépeçage : la torture des jouets contrôlés
LE MONDE | 13.09.07 | 14h51 • Mis à jour le 13.09.07 | 14h51
VILLENEUVE-D'ASCQ (Nord) ENVOYÉ SPÉCIAL


Ça gratte. Ça gratte dans la section jouet du laboratoire des douanes, situé en bordure de Lille, à Villeneuve-d'Ascq (Nord). A l'aide d'un scalpel, une technicienne en blouse blanche s'attelle minutieusement à racler et à dépecer un camion inspiré d'un célèbre dessin animé. Les résidus de chaque couleur, qu'un enfant de moins de 36 mois peut toucher et mettre dans la bouche, sont placés dans un récipient.

Cette étape-là, le "grattage", consiste à vérifier si le joujou n'est pas hautement porteur d'un des huit métaux lourds réglementés - arsenic, mercure, chrome... -, donc nocif pour la santé. C'est ce qui a poussé Mattel à retirer, en août, des millions de jouets ayant de la peinture au plomb.

Une fois pesés, les résidus sont mis dans une fiole contenant de l'acide chlorotique puis laissée au repos pendant deux heures à 37 °C. Une étape qui permet de simuler la salive d'un enfant.

Des échantillons sont ensuite introduits dans "la torche à plasma". Cette machine projette une flamme à 3 000 °C. "Les éléments brûlés émettent de la lumière, explique Mathieu Genoud, responsable du secteur jouet au laboratoire. Chaque lumière correspond à un métal. C'est de la physique classique." La machine calcule si les éléments ne dépassent pas le seuil critique. Si cela se produit, le jouet n'est pas conforme aux normes européennes.

Sur les onze laboratoires des douanes, qui viennent de fusionner avec ceux de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), ceux de Lille et de Marseille sont spécialisés dans les jouets. Leur mission est simple : affirmer si le produit amené par les agents des douanes et des inspecteurs des fraudes est conforme aux normes fixées par l'Union européenne (UE). Pour cela, le jouet subit toute une série de tests, du plus basique à la torture sévère. Il doit répondre à vingt et une exigences s'il est consacré aux enfants de plus de 36 mois. Dix de plus pour les moins de 36 mois.

Lorsque l'article arrive pour contrôle, le technicien examine l'emballage : le label "CE" en grosses lettres doit y figurer. Tout comme une adresse en Europe, qui peut permettre au consommateur de se plaindre. Le tout en français. C'est la phase "marquage", suivi du "grattage".

Puis, c'est l'étape de "l'inflammabilité". Elle soumet le produit à une flamme. La combustion ne doit pas progresser de plus de 3 centimètres par seconde. Le jouet a été préalablement conditionné sept heures durant dans une enceinte, ce qui va le mettre aux normes de température et d'humidité réclamées par l'UE à tous ses pays membres.

Enfin, la phase dite "mécanique" détermine la résistance de l'article. Une machine met à l'épreuve la couture. Si elle craque, les techniciens analysent les matériaux utilisés à l'intérieur. "Contrôler un jouet, c'est comme une poupée russe, souligne M. Genoud. Il y a toujours quelque chose de plus petit à analyser."

Cette phase-là s'accompagne d'une multitude de tests comme celui de la "chute". Sur un tapis en polyamide, le technicien jette un poids d'un kilo sur le jouet. Cinq fois de suite. Il ne doit pas casser, se fissurer ou avoir de bord coupant. Pour les pistolets, il existe une machine qui calcule la vitesse des projectiles...

En 2006, le laboratoire de Lille, qui compte 41 agents pour deux affectés aux jouets, en a analysé 115 - surtout des peluches - dont 57 % se sont révélés conformes. Sur les huit premiers mois de 2007, 47 % des 141 échantillons sont aux normes. Le directeur Jean-Pierre Yim reconnaît que peu de jouets sont analysés, mais "ils sont ciblés. Il ne faut pas oublier que les fabricants sont soumis à une obligation d'auto-contrôle (Le Monde du 7 septembre). Et nos agents sont vigilants".

Les douanes sont attentives à l'actualité. Des échantillons de nouveaux jouets issus de récents dessins animés à succès sont envoyés au laboratoire. Tout comme des articles interceptés dans des conteneurs sur les ports ou dans les aéroports. Ceux de la DGCCRF proviennent des boutiques.

Si un fabricant fait parler de lui dans un autre pays, les agents vont envoyer trois jouets d'un même modèle pour analyse. Le premier sera dévolu au laboratoire des douanes. Si le fabricant conteste les résultats, le deuxième est destiné à un laboratoire indépendant pour une contre-expertise. Le troisième est réservé au juge si l'affaire arrive devant le tribunal administratif.

Les douaniers et les fraudes s'appuient sur la conclusion de leur laboratoire. En cas de non-conformité d'un jouet déjà en vente, le fabriquant devra mettre aux normes toute la gamme. S'il s'avère trop dangereux, la série entière sera détruite. Si le jouet provient de l'import, à charge au fabricant de l'arranger. Il peut toujours décider d'aller le vendre ailleurs dans l'UE, dans un pays où les contrôles sont moins regardants.

Mustapha Kessous
Article paru dans l'édition du 14.09.07.

 

2007年9月12日水曜日

La Chine devrait annoncer cette semaine le lancement de son fonds souverain

La Chine devrait annoncer cette semaine le lancement de son fonds souverain
LE MONDE | 11.09.07 | 14h50 • Mis à jour le 11.09.07 | 14h50
SHANGHAÏ CORRESPONDANT

REUTERS/CHINA DAILY
Baptisé pour l'instant China Investment Co., le fonds devrait être doté initialement de 200 à 250 milliards de dollars (146 à 182 milliards d'euros).


Forte de plus de 1 000 milliards d'euros de réserves monétaires, les plus vastes de la planète, la Chine devrait annoncer cette semaine le lancement officiel de son fonds souverain, un véhicule d'investissement destiné à placer une partie de son trésor de guerre sur les marchés boursiers.

Baptisé pour l'instant China Investment Co., le fonds devrait être doté initialement de 200 à 250 milliards de dollars (146 à 182 milliards d'euros). Sa future stratégie, l'impact financier et politique que pourraient avoir des prises de participation de la Chine communiste dans de grandes entreprises occidentales stratégiques, a fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois.

En mai, la Chine avait fait une entrée remarquée dans le club fermé des fonds souverains en annonçant un investissement de 3 milliards de dollars dans le fonds américain Blackstone juste avant son introduction en Bourse. La mise de fonds avait été faite par Central Huijin, une structure dépendant de la banque centrale, mais l'investissement avait été alors présenté comme le premier du futur fonds souverain chinois.

Cette entrée en matière quelque peu agressive avait provoqué des remous, notamment aux Etats-Unis, mais n'a pas manqué de susciter aussi des critiques en Chine pour des raisons très différentes. Depuis mai, l'action Blackstone a dégringolé de près de 30 % par rapport à sa valeur d'introduction en Bourse.

"NE PAS VISER TROP HAUT"

Les nouveaux dirigeants du fonds, dont son futur président Lou Jiwei, actuel secrétaire général adjoint du Conseil d'Etat, devraient privilégier une approche plus prudente. Cité par l'Asian Wall Street Journal, Wang Jianxi, un officiel chinois membre du groupe préparatoire et vice-président de Central Huijin, décrit le fonds comme "un investisseur passif" qui investira "en majorité par le truchement de gestionnaires de fonds, et non pas directement".

Dans une interview au China Securities Journal, un autre officiel chinois prévient que le fonds ne "devra pas viser trop haut au départ en termes de retour sur investissement à un moment où son personnel et ses capacités de gestion de risque sont limités".

Lors de la phase préparatoire, le futur fonds d'investissement a été décrit comme un véhicule privilégié pour investir dans des actifs énergétiques outre-mer, aux côtés ou non, de grandes sociétés d'Etat, une stratégie qui ne manquera pas d'être surveillée de près à l'étranger. La Chine a réalisé depuis quelques années une série d'acquisitions en Asie centrale et en Afrique, et tenté à plusieurs reprises de mettre la main sur des sociétés pétrolières occidentales, telles l'américaine Unocal.

Le futur fonds d'investissement n'aura pas pour seule mission d'investir à l'étranger : il est censé absorber Central Huijing, qui a été jusqu'à aujourd'hui le véhicule servant à renflouer les grandes banques chinoises à partir des réserves monétaires. Le coût de l'opération est estimé dans la presse chinoise à 65 milliards de dollars. La structure devra ensuite investir de 30 à 40 milliards de dollars dans l'Agricultural Bank of China, la seule des quatre grandes banques à n'avoir pas été "nettoyée" et introduite en Bourse.

Parallèlement, d'autres mesures sont en train d'être prises pour encourager l'investissement à l'étranger : en août, Zhou Xiaochuan, le gouverneur de la banque centrale, a annoncé que le régime d'investissement des entreprises chinoises à l'étranger sera aménagé et que les barrières non nécessaires seront supprimées.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 12.09.07.

 

2007年9月9日日曜日

La France, cible de hackers chinois

La France, cible de hackers chinois
LE MONDE | 08.09.07 | 12h55 • Mis à jour le 08.09.07 | 14h55


AP/Andy Wong
L'implication de l'armée populaire chinoise, avancée dans les exemples américain ou britannique, reste pour Francis Delon, secrétaire général de la défense nationale une "hypothèse".


Comme l'Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la France a, elle aussi, été victime des cyberattaques venues de Chine. "Depuis quelques semaines, a indiqué au Monde Francis Delon, secrétaire général de la défense nationale (SGDN), j'ai l'indication certaine que la France n'a pas été à l'abri d'attaques ciblées" de la part de pirates informatiques (hackers) chinois. Ses services, spécialisés dans la défense et la sécurité nationales, directement rattachés à Matignon, ont décelé, explique-t-il, "des traces d'attaque qui ont touché des services étatiques". Et d'ajouter : "On peut parler d'affaire sérieuse."


Le 4 septembre, le Financial Times révélait qu'au mois de juin les ordinateurs du secrétaire américain à la défense, Robert Gates, avaient été "visités" huit jours après que la chancelière Angela Merkel se fut plainte de faits similaires en Allemagne. Le 5, c'était au tour du quotidien britannique The Guardian d'annoncer qu'à Londres le Foreign Office avait également été visé par des pirates électroniques. En France, les attaques ont commencé après l'élection présidentielle de Nicolas Sarkozy et ont, selon le SGDN, les "mêmes origines".

M. Delon reste cependant prudent sur la responsabilité de ces intrusions dans des systèmes informatiques sensibles, qu'il ne veut pas désigner avec plus de précisions.

"Je ne suis pas en mesure de dire que ces attaques viennent du gouvernement chinois, expose M. Delon. La particularité de ce type d'attaques, c'est qu'elles se font par rebonds", passant d'une adresse à l'autre pour mieux se dissimuler. Mais, ajoute le secrétaire général de la défense nationale, "on sait qu'il y avait un site chinois dans la "boucle"". L'implication de l'armée populaire chinoise, avancée dans les exemples américain ou britannique, reste pour lui une "hypothèse".

Espionnage, volonté de nuire ou d'affirmer sa puissance ? Les motivations des "hackers rouges" décrits comme une nébuleuse nationaliste tolérée, voire instrumentalisée par le Parti communiste chinois (Le Monde du 8 septembre), demeurent floues. Mais les Américains ont donné à leur offensive, qui vise en particulier le département de la défense américain depuis 2001, le nom de code de "Titan Rain".

En France, depuis deux ou trois ans, la protection des réseaux sensibles est devenue une priorité du SGDN, dont dépend la direction centrale de la sécurité des systèmes d'information (DCSSI). "Ce qui me préoccupe, déclare M. Delon, c'est le développement des attaques ciblées par des virus faits sur mesure pour tel ou tel destinataire." Installés par le biais d'un cheval de Troie, ces virus singuliers, contre lesquels les pare-feux se révèlent inefficaces, prennent le contrôle de l'ordinateur à l'insu de la personne visée.

"Cela fait bien deux ans que nous n'avons pas eu de gros virus planétaire", reconnaît Patrick Pailloux, chef de la DCSSI, comme celui baptisé I Love You qui avait concerné une bonne partie de la planète en 2003-2004. "Aujourd'hui, poursuit-il, les virus sont invisibles, silencieux et ne se détectent que par une très grande vigilance."

Un système de veille entre plusieurs pays existe. La France a noué un partenariat avec Singapour à ce sujet. Les réseaux les plus sensibles de l'Etat ne sont pas reliés à l'Internet, mais isolés, et donc protégés. "On décloisonne", souligne M. Delon. Le SGDN, gestionnaire du système Rimbaud, réseau téléphonique interministériel sécurisé, s'apprête, en octobre, à lancer un réseau identique sur Intranet pour relier les ministères. Mais il ne cache pas son inquiétude pour les entreprises stratégiques du secteur privé.

"Je ne suis pas du tout surpris que l'on officialise ce qui se passe depuis des mois", déclare le député UMP de l'Essonne, Pierre Lasbordes, auteur d'un volumineux rapport sur la sécurité des systèmes d'informations, remis en novembre 2005 à Dominique de Villepin alors premier ministre, dans lequel l'élu recommandait de faire de cette question "une priorité nationale". "Le premier site au monde attaqué, c'est le département de la défense américain, le deuxième, Microsoft, dit-il. Mais cela va concerner les groupes privés. Or nous avons beaucoup de mal à les identifier parce qu'ils n'ont pas intérêt à révéler qu'ils sont fragilisés."

La menace terroriste, au-delà des offensives récurrentes d'origine mafieuse ou des défis que se lancent des jeunes, existe. "Nous n'avons jamais décelé d'attaques terroristes, assure M. Delon, mais c'est une possibilité, dans le but d'organiser un immense désordre, qu'il ne faut pas écarter. J'observe que les réseaux terroristes ont su admirablement utiliser l'Internet pour leur propagande et pour des raisons opérationnelles." Aujourd'hui, le désordre vient d'abord des "hackers rouges".

Isabelle Mandraud
Article paru dans l'édition du 09.09.07

 

Les membres de l'APEC s'engagent timidement en faveur du climat

Les membres de l'APEC s'engagent timidement en faveur du climat
LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et AP | 08.09.07 | 17h37


AP/DMITRY ASTAKHOV
Les président russe et américain, Vladimir Poutine et George Bush, entourent le premier ministre thaïlandais, Surayud Chulanont, le 8 septembre à Sydney.


Les 21 pays représentés au forum de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) à Sydney ont approuvé à l'unanimité, samedi 8 septembre, une déclaration en faveur du climat qui engage ses signataires sur un "objectif à long terme" de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sans pour autant fixer de contraintes chiffrées.

Le texte, qui a notamment reçu la bénédiction des deux premiers pollueurs au monde - les Etats-Unis et la Chine - ne prévoit en effet qu'une "aspiration" à réduire de 25 % l'intensité énergétique, à savoir la consommation d'énergie requise par unité de produit intérieur brut (PIB), des 21 économies d'ici à 2030. La déclaration de Sydney apparaît ainsi comme un compromis entre les économies riches et pauvres présentes au sein de l'APEC, reflétant les intérêts divergents des uns et des autres.

"Nous sommes sérieux dans notre volonté d'aborder de manière sensée et compatible avec nos besoins économiques différents le grand défi du changement climatique", a néanmoins affirmé le premier ministre australien, John Howard. Il souligne que l'élaboration d'un tel consensus entre gros et petits pollueurs pourrait préparer le terrain à une convention de l'ONU sur le climat, qui doit être négociée en fin d'année à Bali. Celle-ci devra succéder au protocole de Kyoto, qui prendra fin en 2012.

En revanche pour les écologistes, le document signé à Sydney ne possède pas de réel poids car il évite de mentionner des objectifs contraignants. "Ce n'est pas un pas en avant", a regretté Steve Shallhorn, président de Greenpeace Australie. "En fait, la déclaration de Sydney, c'est plutôt la distraction de Sydney, un document qui nous détourne d'une action véritable sur le changement climatique", a lancé Catherine Fitzpatrick, également de Greenpeace.




Manifestations calmes à Sydney

Encadrés par un impressionnant dispositif policier, quelques 5 000 manifestants ont défilé, samedi 8 septembre, pour dénoncer l'intervention militaire en Irak des Etats-Unis et de leur allié australien, ainsi que la politique climatique de Washington et Canberra, qui refusent de ratifier le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Seules quelques brèves échauffourées ont émaillé le rassemblement. Les forces de l'ordre ont procédé à une quinzaine d'interpellations et indiqué déplorer deux blessés. -(avec AFP)
 
 

Les militaires chinois auraient piraté le système informatique du Pentagone

Les militaires chinois auraient piraté le système informatique du Pentagone
LEMONDE.FR | 04.09.07 | 11h06 • Mis à jour le 04.09.07 | 11h13

Après l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, qui annonçait la semaine dernière le piratage informatique de plusieurs ministères allemands par Pékin, c'est au tour du quotidien britannique Financial Times de relever, mardi 4 septembre, un cas de cyberdélinquance impliquant l'armée chinoise, qui aurait été perpétré en juin contre le système informatique du Pentagone, notamment contre le système utilisé par le cabinet de Robert Gates, secrétaire à la défense.


Si les autorités militaires américaines se refusent à préciser l'origine des cyberpirates, plusieurs responsables ont indiqué au journal être certains de l'implication de l'Armée populaire de libération (APL), l'armée chinoise. Une performance qui aurait pris plusieurs mois aux informaticiens chinois, selon le FT.

"PERTURBER LE SYSTÈME DANS UNE SITUATION DE CONFLIT"

Le Pentagone continue à rechercher les données qui ont été téléchargées. Mais d'après le quotidien britannique, il s'agirait principalement d'informations "déclassifiées". Les responsables américains sont toutefois inquiets, car la Chine aurait "montré sa capacité à mener des attaques pour neutraliser notre système (...) et sa capacité, dans une situation de conflit, à entrer de nouveau et à perturber [le système] sur une grande échelle", explique notamment un ancien gradé américain sous le couvert de l'anonymat.
La semaine dernière, à l'occasion de la visite à Pékin de la chancelière allemande, Angela Merkel, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, lui avait assuré être "préoccupé" par les informations faisant état d'un programme d'espionnage des ministères allemands.

Le Monde.fr, avec AFP

 

De Chine, les "hackers rouges" ciblent les sites Internet de pays rivaux

De Chine, les "hackers rouges" ciblent les sites Internet de pays rivaux
LE MONDE | 07.09.07 | 14h42 • Mis à jour le 07.09.07 | 14h42
SHANGHAÏ CORRESPONDANT

Ils ont pour nom Red Hackers of China, China Eagle Union, Green Army Corps ou encore Honkers Union of China. Depuis la fin des années 1990, ces groupes de jeunes hackers (pirates informatiques) chinois sont passés maîtres dans l'intrusion informatique et l'altération de sites Web. Les Etats-Unis, Taïwan et le Japon ont à maintes reprises essuyé des attaques cybernétiques en règle de sites officiels.


En 1997, elles ciblent le Japon, pour les 60 ans du déclenchement de la guerre sino-japonaise, puis en 1998, l'Indonésie, où ont eu lieu des émeutes anti-chinoises. En mai 1999, le bombardement accidentel de l'ambassade de Chine à Belgrade, lors des frappes de l'OTAN contre la Serbie, conduit à une vaste offensive contre les sites de plusieurs départements gouvernementaux américains. Puis les pirates s'en prennent à des sites taïwanais lors de l'élection présidentielle de 2000. En 2001, après le crash d'un chasseur chinois entré en collision avec un avion de reconnaissance américain, une centaine de sites américains sont ainsi "brouillés", certains montrant la photo du pilote chinois décédé.

La virulence de ces attaques préoccupe depuis longtemps les Etats-Unis : en août 2006, Government Computer News (GCN), publication américaine spécialisée dans les technologies de l'information, consacre un long article aux cyberattaques chinoises depuis le début des années 2000 contre le département américain de la défense, décrites sous le nom de code de Titan Rain. Le phénomène traduirait la prise de conscience par l'armée populaire chinoise, depuis une dizaine d'années, que les technologies de l'information sont essentielles en cas de conflit.

Se présentant comme des défenseurs "de la dignité et de l'intégrité de la patrie chinoise", les groupes de hackers chinois font partie d'une nébuleuse nationaliste tolérée et volontiers instrumentalisée par un Parti communiste qui, en jouant sur la fibre du nationalisme, cherche à se donner une nouvelle légitimité. Pour se différentier des simples pirates, ces étudiants, chercheurs ou jeunes professionnels chinois se désignent eux-mêmes par le terme générique de hong-kers (hong signifie "rouge" en chinois) : "Contrairement à nos homologues occidentaux, qui sont des individualistes ou des anarchistes, les hackers chinois ont des motivations politiques", car "c'est un moyen pour eux de protester dans les affaires internationales" et qu'il n'y a "aucun moyen de le faire autrement en Chine", expliquait, dans un entretien accordé au South China Morning Post en 2005, Tao Wan, créateur de China Eagle Union, un groupe fondé en 2000 - en hommage, dira-t-il, à sa chanson préférée, Hotel California, du groupe californien Eagles.

En 2002, iDefense, une société américaine spécialisée dans le renseignement technologique, publie un long rapport sur l'organisation interne de China Eagle, et soulève plusieurs questions concernant les liens privilégiés qu'il a pu avoir avec des organisations étatiques - une stratégie, par ailleurs, comparable à celle des agences américaines qui cooptent leurs meilleurs programmeurs parmi les hackers et créateurs de virus en tout genre. IDefense signale également l'existence d'un mystérieux programme, Bright Shield, auquel participent les membres de China Eagle, et dont la description assez naïve qu'en fait le groupe sur son site semble renvoyer à une initiative bien plus structurée qu'elle n'est censée l'être dans ce genre de milieux. Le rapport d'iDefense, à l'origine confidentiel, est disponible sur le site de China Eagle.

Aujourd'hui, Tao Wan joue les anciens combattants et dit que l'organisation se consacre essentiellement à "la promotion de la sécurité informatique" en Chine. "La Chine a passé des lois Internet beaucoup plus strictes en 2002 et on a promis de ne plus lancer d'attaques contre des sites étrangers. La Chine est encore en phase d'apprentissage, toutes les technologies viennent de l'étranger dans le domaine de l'Internet, donc on doit faire davantage de recherche", nous écrit-il dans un courriel. D'après lui, les hackers chinois sont peu enclins à travailler pour le gouvernement, car il "n'offre pas de conditions attrayantes", et qu'ils "sont attachés à leur liberté".

Dans un pays où nombre de sites sont fermés, ceux des "hackers rouges" restent très actifs. La rhétorique nationaliste y est toujours largement présente, même si on n'y décrit plus les campagnes menées contre des cibles précises, ce qui était le cas au début des années 2000.

Sur le forum de discussion de China Eagle, on trouve même un document de la marine américaine mis en ligne il y a peu et détourné en 2001. Honkers Union of China qui, selon la presse officielle, avait fermé en 2005, continue d'exister et son fondateur, connu sous le pseudonyme de Lion, y lançait encore des messages au mois d'août. Sur le site de Red Hackers, on trouve au moins un commentaire, datant de mai, qui se félicite d'une intrusion réussie, la veille, de hackers sur le site de la Maison Blanche.

Diplomatie oblige, les hackers rouges se font plus discrets - ce qui explique peut-être pourquoi les Etats-Unis attribuent désormais directement à l'Armée populaire de Chine les intrusions récentes sur les serveurs informatiques du Pentagone.
Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 08.09.07.

 

2007年9月4日火曜日

La police chinoise harcèle l'épouse de Chen Guangcheng, juriste aveugle détenu

La police chinoise harcèle l'épouse de Chen Guangcheng, juriste aveugle détenu
LE MONDE | 03.09.07 | 15h35 • Mis à jour le 03.09.07 | 15h35
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


AFP/STR
Yuan Weijing, l'épouse du militant aveugle des droits de l'homme, Chen Guangcheng, à Pékin, le 4 juillet 2007.


Harcelée et poursuivie tout l'été par les hommes de la police secrète chinoise, Yuan Weijing, l'épouse du militant aveugle des droits de l'homme Chen Guangcheng, a de nouveau été interceptée, vendredi, sur la route entre son domicile de la province du Shandong (Est) et Pékin, le jour même où se tenait à Manille (Philippines) la cérémonie d'attribution de la récompense Ramon Magsaysay, souvent décrit comme le prix Nobel asiatique, attribué cette année à son mari.


Selon le South China Morning Post de Hongkong, trois hommes et une femme sont montés dans le bus transportant Yuan Weijing, l'ont forcée à descendre et l'ont reconduite chez elle, où d'autres policiers en civil étaient en faction. La méthode est familière des services de police chargés, dans les provinces, d'empêcher les pétitionnaires de se rendre à Pékin. En 2006, les avocats de M. Chen avaient eux-mêmes été interceptés alors qu'ils voyageaient en sens inverse, et se rendaient au procès du juriste autodidacte, condamné à quatre ans de prison pour des motifs spécieux.

Chen Guangcheng prend depuis plusieurs années la défense des paysans victimes d'injustices et a exposé les exactions des services chargés de faire respecter la politique de l'enfant unique, devenant la bête noire des autorités locales. Son emprisonnement est aujourd'hui pour les défenseurs des droits de l'homme l'un des symboles les plus forts de la répression en Chine. La Fondation Ramon-Magsaysay avait annoncé, cet été, que Chen Guangcheng était l'un des sept lauréats 2007 de sa récompense, pour sa "passion irrépressible pour la justice". Yuan Weijing avait été invitée à Manille pour recevoir le prix. La jeune femme, âgée de 31 ans, s'était donc rendue, avec sa fillette de 2 ans, à Pékin, au début de l'été, échappant à la surveillance des policiers.

Elle avait alors trouvé refuge dans l'appartement de Hu Jia et Zeng Jinyan, un couple de défenseurs des droits de l'homme, lui-même assigné à résidence par les équipes locales de la police secrète, bientôt rejointes par leurs collègues du Shandong. Dans ses blogs, le trio a dénoncé à maintes reprises l'illégalité du traitement auquel il est soumis. Le 24 août, Yuan Weijing s'était mise en route pour l'aéroport. Elle avait été empêchée de quitter le pays et rapatriée de force chez elle dans le Shandong. Elle avait de nouveau faussé compagnie à ses surveillants pour se rendre à Pékin vendredi, afin de protester contre l'illégalité de son arrestation à l'aéroport, et faire connaître les conditions de détention de son mari, isolé dans sa cellule, privé de radio, et de lecture en braille.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 04.09.07.

 

2007年9月3日月曜日

Tokyo et Pékin nouent un dialogue militaire pour contenir leurs litiges stratégiques

Tokyo et Pékin nouent un dialogue militaire pour contenir leurs litiges stratégiques
LE MONDE | 01.09.07 | 14h31 • Mis à jour le 01.09.07 | 14h31
TOKYO CORRESPONDANT


AFP/KATSUMI KASAHARA
Le ministre de la défense chinois, Cao Gangchuan, et le premier ministre japonais, Shinzo Abe, le 30 août.


Le réchauffement des relations entre la Chine et le Japon, engagé il y a un an par la visite à Pékin du premier ministre nippon, Shinzo Abe, se poursuit dans le domaine sensible des questions militaires. Au cours de la visite effectuée à Tokyo par le ministre de la défense chinois, Cao Gangchuan, les deux pays ont décidé jeudi 30 août d'établir dès que possible un "téléphone rouge" réservé aux questions militaires. C'est la première fois en neuf ans qu'un ministre de la défense chinois se rend au Japon. M. Cao avait été précédé, en avril, par le premier ministre, Wen Jiabao.


Les relations politiques entre les deux pays s'étaient fortement détériorées au cours des cinq années au pouvoir de Junichiro Koizumi, qui avait courroucé Pékin par des visites intempestives au sanctuaire Yasukuni où sont honorés - parmi les morts pour la patrie - des criminels de guerre. Une tension aggravée par des différends territoriaux en mer de Chine orientale et par l'intrusion d'un sous-marin nucléaire chinois dans les eaux territoriales nippones en 2004.

Les questions militaires restent l'un des sujets les plus délicats des relations entre les deux pays. A l'inquiétude suscitée à Tokyo par la forte croissance du budget militaire chinois s'ajoute celle de Pékin de voir le Japon impliqué dans la défense de Taïwan, incorporé de facto dans le périmètre de sécurité de l'archipel dans le cadre de l'alliance avec les Etats-Unis. Au cours de ces entretiens, M. Cao a d'ailleurs invoqué la question de Taïwan comme étant l'une des raisons de l'accroissement des dépenses militaires de son pays.

Le ministre japonais de la défense, Masahiko Kimura, a pour sa part demandé à son homologue une plus grande transparence dans la politique d'armement de la Chine. En 2007, le budget militaire chinois s'élève officiellement à 45 milliards de dollars (plus de 33 milliards d'euros), enregistrant une augmentation de 18 % en un an.

Selon l'International Institute of Strategic Studies (IISS) aux Etats-Unis, les dépenses militaires chinoises seraient en réalité largement supérieures : 3,5 fois plus importantes que celles du Japon en 2007 (40 milliards de dollars). Comme les Etats-Unis, le Japon s'est alarmé des progrès accomplis par Pékin en matière de défense antimissile, confirmés par un essai réussi, en janvier, de destruction d'un satellite usagé.

Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 02.09.07.

 

2007年9月1日土曜日

La nouvelle loi chinoise contre les monopoles inquiète les investisseurs étrangers

La nouvelle loi chinoise contre les monopoles inquiète les investisseurs étrangers
LE MONDE | 31.08.07 | 08h52 • Mis à jour le 31.08.07 | 09h02
Shanghaï (Chine), correspondant


AFP/MARK RALSTON
Danone connaît des difficultés en Chine avec l'ancien patron de Wahaha, société avec laquelle le groupe français s'est associé en 1996.



La loi anti-monopole, adoptée jeudi 30 août, après des années de débats, par le Congrès national du peuple, le parlement chinois, constitue une nouvelle étape dans la modernisation du capitalisme chinois. Mais elle provoque quelques inquiétudes chez les investisseurs étrangers.

Une clause de sécurité nationale, qui permet aux pouvoirs publics d'autoriser ou non l'acquisition d'une société chinoise par des intérêts étrangers, ainsi qu'un contexte économique différent – la Chine a accumulé des excédents commerciaux et monétaires records – peuvent faire craindre que l'empire du milieu adopte une attitude moins ouverte que par le passé vis-à-vis des investissements étrangers.


"On ne peut s'empêcher de penser aux dossiers Seb, Carlyle, Schneider ou Danone", note à Shanghaï un observateur des milieux économiques.

Ces entreprises occidentales ont été confrontées ces derniers mois, à des degrés divers, à de sérieuses difficultés lors de projets de rachat d'entreprises chinoises, ou bien dans la gestion de partenariats déjà établis.

Elle-même échaudée par le refus des Etats-Unis d'autoriser le rachat par la CNOOC du pétrolier américain Unocal en 2005, la Chine se doteainsi d'une réglementation adaptée de celles en vigueur en Occident.

'UNE DÉCLINAISON DU PATRIOTISME ÉCONOMIQUE"

"C'est une déclinaison juridique du patriotisme économique, mais la Chine n'est pas la seule à le faire. Des pays européens ont pris des mesures pour protéger leurs intérêts stratégiques vis-à-vis notamment des fonds souverains, en visant ouvertement l'Inde et la Chine", relève Guillaume Rougier-Brierre, avocat au cabinet Gide Loyrette Nouel à Pékin et spécialiste des fusions-acquisitions

"Il n'y a pas de raison d'avoir peur de cette loi, dont le point positif est qu'elle va s'appliquer non seulement aux étrangers mais aussi aux Chinois, dans des secteurs où ceux-ci n'étaient soumis à aucun contrôle de la concentration", poursuit toutefois Me Rougier-Brierre.

Hors des secteurs clairement protégés vis-à-vis des investissements étrangers, comme l'aviation, l'automobile, les télécommunications, le matériel militaire et l'énergie, ces nouvelles contraintes vont par exemple désormais s'appliquer à l'assurance ou la banque, des secteurs dominés par des entreprises d'Etat et aujourd'hui en pleine réforme.

"Tout à coup, on va se retrouver avec un texte synthétique unique qui légifère sur les ententes, les cartels et les abus de position dominante alors qu'il n'y avait pas jusqu'à présent de textes uniformes. On peut donc se poser la question de savoir si demain il y aura des enquêtes sur tels ou tels acteurs du marché, chinois ou étranger", ajoute Me Rougier-Brierre.

"A mon avis, poursuit-il, cela ira plus ou moins vite selon les secteurs, on peut s'attendre à d'avantage d'actions dans des secteurs dominés par des intérêts privés, comme la construction, et les matériaux de construction par exemple".

Me Rougier-Brierre signale au passage que toute la difficulté va résider dans la définition du "marché pertinent", c'est-à-dire celui qui est pris en compte dans la désignation d'une position dominant.

"La Chine est un marché tellement vaste que les disparités régionales sont très fortes. On n'aura qu'une législation, alors qu'en Europe par exemple, il y a deux niveaux du contrôle de la concentration, européen, et pour chaque pays", pointe l'avocat.

La maturation de l'économie chinoise et l'évolution des lois font jouer aux fusions-acquisitions un rôle de plus en plus central dans l'investissement étranger en Chine. "Les étrangers ont longtemps procédé en Chine par des investissements greenfield, ou bien en société mixte, car il s'agissait de constituer un outil de production et d'exporter. Désormais, les multinationales visent le marché chinois et privilégient les acteurs ayant les meilleures parts de marché, de préférence en prenant leur contrôle, les co-entreprises, qui ne sont plus obligatoires, étant de moins en moins recherchées", explique à Shanghaï un autre avocat occidental.

"Il faut voir que les lois chinoises n'ont cessé de se perfectionner pour répondre à ce besoin, et qu'elles sont aujourd'hui plus claires. La loi anti-concurrence procède de cette clarification", ajoute-t-il.

Pour ces spécialistes du droit chinois, il s'agit de surveiller l'application que fera de la nouvelle loi la Commission anti-concurrence appelée à voir le jour. "Il serait naïf d'espérer que la future commission chinoise anti-monopole soit aussi indépendante qu'en Europe ou aux Etats-Unis", juge Me Rougier-Brierre.

Brice Pedroletti