2007年10月28日日曜日

Pékin lance une sonde d'exploration lunaire dans un concert de propagande patriotique

Pékin lance une sonde d'exploration lunaire dans un concert de propagande patriotique
LE MONDE | 25.10.07 | 15h51 • Mis à jour le 25.10.07 | 15h51
PÉKIN CORRESPONDANT

REUTERS/STRINGER SHANGHAI
La Chine a lancé avec succès son premier satellite d'exploration lunaire, inaugurant un ambitieux programme visant à envoyer un astronaute sur la Lune vers 2020.


REUTERS/XINHUA
Baptisé Chang'e, du nom d'une déesse de la mythologie chinoise, le satellite d'exploration de la Lune doit être propulsé par un lanceur Longue Marche 3-A, depuis la base de Xichang, dans le Sichuan.

AFP/STR
Le satellite doit prendre des images en trois dimensions de la Lune pour préparer l'installation à terme d'une base, soulignent les spécialistes.


"Voler vers la Lune est le désir le plus cher de la nation", a proclamé l'agence de presse officielle Chine nouvelle, mercredi 24 octobre, après le lancement réussi de la première sonde chinoise d'exploration spatiale. L'engin spatial Chang'e-1 - baptisé d'après le mythe de la fée du même nom qui aurait volé le secret de l'immortalité avant de se réfugier sur la lune - a décollé de la base de lancement de Xichang, au Sichuan, à 6 h 05, propulsé par une fusée Longue marche.

Le lancement de cette sonde, dont l'une des missions est de prendre des photos en trois dimensions du relief lunaire, s'inscrit dans l'ambitieux programme spatial chinois qui a pour objectif l'envoi d'un homme sur la Lune vers 2020. En 2003, l'astronaute Yang Liwei était devenu le premier Chinois envoyé dans l'espace à bord d'une capsule spatiale. Deux autres suivront en 2005. Le succès du début de la mission de Chang'e-1, qui s'est séparé de la fusée une trentaine de minutes après le décollage, a été salué par la presse officielle et par le président Hu Jintao lui-même. Si tout continue de bien se passer, la sonde devrait se placer en orbite lunaire vers le 5 novembre.

"L'exploration de la Lune est le symbole de la force de notre nation", a déclaré le responsable du programme lunaire Ouyang Ziyuan, estimant que ces missions sont "très importantes pour élever le niveau de notre prestige international et (renforcer) l'unité du pays".

"MA TERRE NATALE"

Interrogé par l'agence Chine nouvelle, un autre responsable du programme, Luan Enjie, a reconnu que l'on assistait à une "nouvelle vague d'une course à l'exploration lunaire", après le lancement d'une sonde lunaire par le Japon en septembre et la préparation d'une mission similaire par l'Inde en 2008. Mais M. Luan a ajouté que la Chine se garderait d'entrer en rivalité avec ses concurrents, expliquant que les résultats de la mission d'exploration "seront partagés avec le monde entier".

Les médias officiels ont veillé à ce que l'événement ne soit pas perçu à l'étranger comme étant associé à la montée en puissance militaire de l'empire du Milieu. "La Chine a depuis longtemps affirmé clairement que son programme spatial a des buts pacifiques", écrivait mercredi le quotidien anglophone China Daily, qui ne cachait cependant pas son enthousiasme à la pensée que "cette mission ambitieuse est le résultat d'une technologie chinoise à 100 % et démontre l'avancement du pays dans les domaines de la science et de la technologie".

Le programme va durer un an et son coût est estimé à 129 millions d'euros. Quand Chang'e-1 commencera à tourner autour de la Lune, il émettra une trentaine de chansons populaires dont deux ritournelles : Qui ne dit pas du bien de ma terre natale ? et J'aime ma Chine.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 26.10.07.

 

La croissance chinoise reste soutenue

La croissance chinoise reste soutenue
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 25.10.07 | 09h00 • Mis à jour le 25.10.07 | 10h43


AFP/STR
"L'industrialisation, l'urbanisation et la puissance globale du secteur manufacturier sont les trois moteurs qui continuent de pousser cette croissance très élevée", a dit Chen Xingdong, chef économiste chez BNP Paribas Peregrine à Pékin.


La croissance de l'économie chinoise est restée forte, s'élevant à 11,5 % sur un an au cours des neuf premiers mois de l'année, a annoncé, jeudi 25 octobre, le Bureau national des statistiques (BNS). Au deuxième trimestre, le produit intérieur brut avait progressé encore plus vite, situé à + 11,9 %, mais sur l'ensemble du premier semestre, son augmentation s'était également établie à 11,5 %. Le rythme d'ensemble reste toutefois supérieur à celui, déjà fort, de l'année dernière (+ 11,1 %).

Actuellement quatrième puissance économique de la planète, la Chine devrait rapidement détrôner l'Allemagne de la troisième marche du podium. Pour la première fois cette année, la contribution de la Chine à la croissance mondiale excédera celle des Etats-Unis, d'après le Fonds monétaire international. "L'industrialisation, l'urbanisation et la puissance globale du secteur manufacturier sont les trois moteurs qui continuent de pousser cette croissance très élevée", a dit Chen Xingdong, chef économiste chez BNP Paribas Peregrine à Pékin.

LA PRODUCTION INDUSTRIELLE REPARTIE À LA HAUSSE

L'indice des prix à la consommation en Chine, principal indicateur de l'inflation, a bondi en septembre de 6,2 %, soit un chiffre bien supérieur à l'objectif officiellement fixé d'une progression annuelle contenue sous la barre de 3 %. Le BNS a confirmé que l'indice avait progressé de 4,1 % au cours des trois premiers trimestres. Reflet de la hausse des dépenses de consommation, les ventes de détail ont progressé de 15,9 % en glissement annuel entre janvier et septembre, et de 17 % pour le seul mois de septembre, a-t-il aussi confirmé. "L'inflation est plus basse qu'en août, mais les statistiques sur un mois ne signifient pas un retournement de la tendance. Les données sur l'économie réelle suggéreraient même le contraire", modère Chris Leung, économiste chez DBS à Hongkong.

La production industrielle a bondi de 18,5 % sur un an au cours des neuf premiers mois de l'année, et de 18,9 % sur le seul mois de septembre, selon les chiffres annoncés jeudi. Elle est donc repartie à la hausse en septembre après avoir semblé ralentir pour s'établir à 17,5 % en août. En 2006, la hausse avait été limitée à 12,5 %. Ce secteur est porté par les exportations, en perpétuelle augmentation. Celles-ci ont ainsi encore augmenté de 27,1% sur les trois premiers trimestres de l'année, selon des chiffres récemment publiés. En neuf mois, la Chine a déjà enregistré un excédent commercial de 185,65 milliards de dollars, qui dépasse le record établi en 2006, de 177,47 milliards sur l'ensemble de l'année.

Les échanges commerciaux et les investissements restent deux piliers de la croissance chinoise. Les investissements en capital fixe ont encore enregistré une hausse de 25,7 % sur un an entre janvier et septembre, à peine inférieurs à leur niveau du premier semestre (25,9 %).

 

2007年10月24日水曜日

Hu Jintao réélu pour cinq ans à la tête du Parti communiste chinois

Hu Jintao réélu pour cinq ans à la tête du Parti communiste chinois
LE MONDE | 22.10.07 | 15h10 • Mis à jour le 22.10.07 | 15h11
PÉKIN CORRESPONDANT


REUTERS/DAVID GRAY
Forte de 9 membres, la nouvelle direction restreinte du Parti communiste chinois a été présentée lundi 22 octobre.


Le chef du Parti communiste chinois, Hu Jintao, est parvenu à renforcer son emprise sur l'appareil durant le 17e congrès du PCC, qui s'est achevé dimanche 21 octobre, mais la distribution des rôles au sein du cénacle recomposé de l'instance suprême du pouvoir - le comité permanent du bureau politique -, annoncée lundi matin, semble démontrer que le numéro un n'a pas été pleinement en mesure d'y imposer ses choix.

M. Hu qui, à 64 ans, est également président de la République, a été réélu par ses pairs à la tête du parti pour un nouveau mandat de cinq ans. Il dispose de plus d'alliés que jamais au sein du comité central, composé de 204 membres à plein temps. Ces cinq premières années, le numéro un chinois les a passées à se démarquer de son prédécesseur, Jiang Zemin, forgeant peu à peu son slogan de l'"harmonie sociale" qui consiste à vouloir rééquilibrer, au profit de l'individu, les excès de la croissance d'une Chine emportée dans le tourbillon de sa réussite économique. Ce second quinquennat est, en théorie, destiné à lui permettre de mettre en oeuvre cette philosophie qui a été inscrite dans la Constitution aux côtés des "pensées" de ses aînés, marquant l'empreinte de M. Hu dans l'histoire du PCC.

Mais le numéro un doit désormais diriger dans un contexte où compromis et négociations sont la règle avec les représentants des clans en concurrence. La nouvelle composition du comité permanent du bureau politique, où tout se décide, tendrait à le prouver.

D'abord, M. Hu n'est pas parvenu à réduire cette instance de 9 à 7 personnes, pour limiter la concurrence. Ensuite, à part le premier ministre Wen Jiabao, son allié, M. Hu n'a réussi à imposer, comme nouveau membre, qu'un seul de ses proches, celui qu'il a choisi comme dauphin : Li Keqiang, 52 ans, chef du parti dans la province septentrionale du Liaoning. Et Xi Jinping, secrétaire du parti de Shanghaï, 54 ans, fait une entrée remarquée au sein du même comité. La percée de ces deux poids lourds de la "cinquième génération" est spectaculaire - ils n'étaient même pas membres du bureau politique -, mais celle de M. Xi l'est encore plus : il n'est en poste à Shanghaï que depuis le mois de mars. Et l'on dit qu'il est soutenu par le clan de l'ex-président Jiang Zemin, le vieux rival de Hu Jintao. Selon l'expression chinoise, il y a désormais "deux tigres dans la même montagne". Les deux benjamins du comité pourraient être concurrents pour remplacer M. Hu dans cinq ans.

Quand le secrétaire général a présenté, lundi, ses collègues, deux nouvelles têtes ont attiré l'attention des observateurs : Zhou Yongkang, chef des appareils sécuritaires, et He Guoqiang, responsable de l'organisation du parti, ont été promus pour s'occuper, respectivement, des questions de sécurité et de lutte anticorruption. A noter le départ du vice-président Zheng Qinghong, et celui de la "dame de fer" Wu Yi, vice-premier ministre, qui n'était pas au comité permanent.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 23.10.07.

 

Rencontres très bien "organisées" avec des délégués du 17e congrès du PCC

Rencontres très bien "organisées" avec des délégués du 17e congrès du PCC
LE MONDE | 22.10.07 | 15h11 • Mis à jour le 22.10.07 | 15h11
PÉKIN CORRESPONDANT

C'était une innovation prometteuse : les journalistes étrangers avaient, cette année, la possibilité de demander des entretiens à certains des 2 217 délégués du 17e congrès du Parti communiste chinois, ces membres du PCC choisis pour désigner le comité central. Il suffisait d'en faire la demande sur le site d'information du congrès.

Wang Nan, la plus célèbre joueuse de ping-pong chinoise, une chanteuse d'opéra et un éleveur de pandas ont été sollicités. Le spécialiste des plantigrades n'a pas donné suite, contrairement à la pongiste et à la chanteuse.

Dans un premier temps, on prévient par téléphone que la championne de tennis de table est prête à nous recevoir au centre des médias du congrès. Mais une surprise nous attend à l'arrivée : la jeune Wang Nan est bien là, mais l'entretien personnel est en fait une conférence de presse à laquelle assiste une cinquantaine de journalistes, chinois et étrangers.

La jeune femme profite de l'occasion pour remercier le PCC pour l'avoir "habillée et nourrie toute sa vie". Son premier désir, dit-elle, avait été "d'adhérer à la Ligue des jeunes communistes". Quelqu'un lui demande ce que représente, pour elle, la prochaine tenue des Jeux olympiques à Pékin. "Oh ! ce sera une occasion pour la Chine de prouver qu'elle est la plus forte !"

Deuxième entretien, quelques jours plus tard, avec Chen Suzheng, chanteuse d'opéra traditionnel de l'île de Haïnan, au sud de la Chine. Cette fois-ci, il s'agit d'une "vraie" rencontre : la quarantaine bien mise, brushing un peu soufflé, Mme Chen arrive cependant flanquée d'une fonctionnaire du centre des médias et de deux hommes, dont l'un sort un carnet de notes et un stylo. Elle dit avoir été choisie comme déléguée, pour la première fois, parce que l'"opéra est très populaire sur l'île de Haïnan". Et elle en est très flattée parce que "cela fait vingt ans" qu'elle est au PCC.

Mais Mme Chen ouvre de grands yeux dès que l'on aborde un terrain plus politique, celui des rapports de force au sein du parti et de la sourde lutte de clans concurrents. "Vous ne m'aviez pas soumis ces questions", lâche-t-elle, crispée, devant le preneur de notes qui gratte furieusement sur son carnet.

"Mais que pensez-vous de la nouvelle génération des gens du parti ?" "Non, je ne répondrai pas !" Après un au revoir poli, la chanteuse d'opéra quitte rapidement la salle avec toute sa troupe... de surveillants.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 23.10.07.

 

Le vice-président chinois exclu du nouveau Comité central

Le vice-président chinois exclu du nouveau Comité central
LEMONDE.FR avec Reuters | 21.10.07 | 08h27 • Mis à jour le 21.10.07 | 08h36

REUTERS/JASON LEE
Le vice-président chinois Zeng Qinghong, durant la cession de clôture du 17e Congrès du Parti communiste chinois, qui a entériné son départ, le 21 octobre à Pékin.


Le Parti communiste chinois, qui a bouclé, dimanche 21 octobre, son 17e Congrès, a annoncé que le vice-président Zeng Qinghong ne figurait pas parmi les quelque 200 membres du nouveau Comité central.

Agé de 68 ans, Zeng occupait la cinquième place dans la hiérarchie du Parti et il a été longtemps associé à Jiang Zemin, prédécesseur du président Hu Jintao.

Le départ de Zeng et de deux autres dirigeants du Comité central devrait permettre à Hu d'annoncer, après le Congrès, la promotion de successeurs potentiels.

Wu Guangzheng, 69 ans, responsable de la lutte anticorruption, et Luo Gan, 72 ans, chef de la sécurité, ne font pas non plus partie du nouveau Comité, rapporte le service en anglais de l'agence Chine nouvelle. Mais Jia Qinglin, 67 ans, allié de longue date de Jiang, y demeure.

Parmi les autres personnalités absentes du nouveau Comité central de quelque 200 membres figurent Wu Yi, 68 ans, vice-premier ministre, surnommée la "Dame de fer" pour sa fermeté dans les discussions commerciales avec les Etats-Unis ; le ministre de la défense, Cao Gangchuan, 71 ans, et le vice-premier ministre Zeng Peiyan, 68 ans, chargé de la politique industrielle.

Les personnalités ne figurant pas dans le nouveau Comité central devraient renoncer dans les prochains mois à leurs responsabilités gouvernementales.

Le nouveau Comité central va nommer un bureau politique de quelques dizaines de membres et un comité permanent qui pourrait compter neuf membres dont l'identité sera dévoilée lundi.

SUCCESSION

"Hu a le pouvoir, il lui appartient maintenant de décider comment il veut l'utiliser et ce qu'il veut faire", conclut Li Datong, ancien rédacteur en chef d'un organe du parti, qui publie maintenant des analyses politiques."Mais Hu ne sera pas aventureux. Ce n'est pas dans sa nature".

Hu a promis une "société harmonieuse" débarrassée des conflits et une "perspective scientifique de développement" destinée à apporter davantage de prospérité dans les villages reculés et aux travailleurs pauvres et à lutter contre la pollution.

Jiang Zemin, prédécesseur de Hu, a mis treize ans avant de pouvoir marquer le parti de son empreinte, peu avant sa retraite, en 2002. Le fait que Hu soit en mesure de faire de même alors qu'il a encore devant lui plusieurs années à rester en fonction témoigne de son influence croissante, notent des analystes.

Du nouveau Comité permanent devront émerger, dans cinq ans, les successeurs de Hu et de ses collègues. Li Keqiang, dirigeant du Parti dans la province industriel de Liaoning, dans le nord-est du pays, pourrait être l'un d'entre eux. Il a travaillé avec Hu à la Ligue de la jeunesse communiste. Le nouveau comité permanent pourrait aussi accueillir le chef du parti à Shanghai, Xi Jinping, et d'autres personnalités plus jeunes qui n'entretiennent pas nécessairement des relations de longue date avec Hu.

 

2007年10月20日土曜日

Le G7 admoneste Pékin et veut rassurer les marchés

Le G7 admoneste Pékin et veut rassurer les marchés
LEMONDE.FR | 20.10.07 | 11h48 • Mis à jour le 20.10.07 | 12h12

Les ministres des finances du G7 – les sept pays les plus industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) –, réunis à Washington, ont fait passer deux messages très différents, vendredi 19 octobre. Le premier se voulait rassurant sur "une croissance mondiale qui reste forte", en dépit des "turbulences sur les marchés financiers, des prix élevés du pétrole et la faiblesse du marché immobilier américain".

Le second a consisté à hausser le ton face à la Chine et sa politique de monnaie faible. Le G7 se félicite bien "de la décision de la Chine d'accroître la flexibilité de sa monnaie", mais "au vu du gonflement de l'excédent de sa balance des paiements, nous la pressons de permettre une appréciation accélérée de son taux de change réel".

En termes diplomatiques, cette phrase signifie que les Européens joignent leurs protestations à celle des Américains. Ceux-ci ne se satisfont plus du tout des 5 % de réévaluation annuelle du yuan par rapport au dollar ; ceux-là se désespèrent que l'évolution de la monnaie chinoise par rapport à l'euro soit voisine de zéro.

L'expression de cette exaspération est destinée à conforter le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, et le commissaire européen au commerce Joaquin Almunia, qui se rendront en Chine dans quelques jours.

Sans attendre cette admonestation, Wu Xiaoling, la numéro deux de la banque centrale chinoise, avait certifié, le même jour, que son pays faisait de son mieux, mais qu'il modifierait son taux de change "de manière contrôlée, de sa propre initiative et de façon graduelle".

Le deuxième message est surtout destiné aux marchés. Ceux-ci s'inquiètent des conséquences de la crise des crédits immobiliers américains, de l'envolée des cours du pétrole et du risque de récession aux Etats-Unis.

Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor, et Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale (Fed), se sont montrés sereins, expliquant en substance : "Certes, la crise immobilière laisse planer une incertitude sur la croissance américaine, mais la demande se maintient et le marché de l'emploi est bien orienté. Laissons les traumatismes se cicatriser en douceur." Le G7 a fait sien cet optimisme. Comme l'a dit, la ministre de l'économie et des finances françaises, Christine Lagarde : "J'espère que les marchés vont entendre." En revanche, le G7 est resté muet sur la faiblesse du dollar et du yen qui inquiètent les Européens presque autant que celle du yuan. M.Paulson a encore une fois affirmé "qu'un dollar fort est bon pour l'économie américaine", ce qui pourrait presque passer pour de l'humour au moment où le billet vert recule chaque jour avec l'assentiment des experts du Fonds monétaire international (FMI).

Le G7 s'est aussi penché sur les dysfonctionnements de la mondialisation constatés ces derniers mois. Il a examiné les nouveaux produits – pas toujours maîtrisés – de la finance, tels la "titrisation" des prêts hypothécaires, les fonds spéculatifs (hedge funds), les fonds vautours et les fonds souverains.

Le G7 fait pression sur les différents acteurs pour obtenir une transparence accrue et des codes de bonne conduite. Ces améliorations permettront peut-être d'éviter des crises ou des scandales, comme celui de la dette de la Zambie à l'égard de la Roumanie rachetée à vil prix par un fonds vautour qui a obtenu d'un tribunal son remboursement intégral, soit 400% de profit au détriment d'un pays très pauvre.

Face à ces ratés, les pays en développement regroupés au sein du G24 se sont payé le luxe de faire la leçon au G7. Il y a quelques années, ils étaient mal en point; aujourd'hui, c'est leur bonne santé qui permet au monde de conserver une croissance de 5 % l'an. Hier, ils quémandaient des prêts auprès du FMI pour surmonter des crises dont ils étaient responsables; désormais, ils sont les créanciers des pays riches.

Au nom du G24, Oscar Tangelson, vice-ministre de l'économie argentin, a sauté sur l'occasion en demandant au FMI "d'améliorer la surveillance qu'il exerce sur les économies avancées, en accordant autant d'attention à l'évaluation des faiblesses de ces dernières qu'à celles des économies émergentes".

Washington, envoyé spécial, Alain Faujas

 

A Pékin, les opposants sont harcelés, brutalisés, enlevés

A Pékin, les opposants sont harcelés, brutalisés, enlevés
LE MONDE | 19.10.07 | 14h38 • Mis à jour le 19.10.07 | 14h38
PÉKIN CORRESPONDANT


AP/Greg Baker
Un policier film une altercation avec une femme près de la place Tiananmen, à Pékin, le 19 octobre 2007.


La tenue du 17e congrès du Parti communiste chinois (PCC), à l'ouverture duquel le chef du parti et président de la République, Hu Jintao, a prononcé, le 15 octobre, un discours où il a mentionné
soixante fois le mot "démocratie", provoque un excès de zèle de la police : ceux, dissidents et défenseurs des droits de l'homme, qui pourraient profiter de l'occasion pour gâcher la grand-messe quinquennale du PCC sont écartés, placés en résidence surveillée, parfois brutalisés.

Zhou Li, une femme de 39 ans, enceinte de plusieurs mois, est une activiste du quartier situé près du célèbre temple du Ciel, une zone où les promoteurs, en cheville avec les autorités municipales, vont faire expulser des milliers de personnes, raser des dizaines de rues pour transformer ce coin populaire du Vieux Pékin en de vastes galeries commerciales. Depuis des mois, elle s'emploie à convaincre les gens de ne pas céder aux compensations financières inadéquates, et appelle à la résistance.

Avant même le début du congrès, elle et ses voisins de la petite cour carrée traditionnelle où elle loge ont commencé à subir le harcèlement des policiers. Deux autres activistes très connus habitent dans la même maison : Sun Xiaodi, un militant écologiste qui a dénoncé la production d'uranium dans la province du Gansu, et Hua Huiqi, chrétien "clandestin" qui appartient à une secte protestante interdite.

RÉSISTANTS DU TEMPLE DU CIEL

Il y a une semaine, ce dernier a été violemment battu devant chez lui par des voyous à la solde de la police. Mercredi, lors de notre rencontre avec Zhou Li, il venait encore d'être brutalisé pour avoir osé, raconte-t-elle, "aller aux toilettes publiques dans la rue". "Les policiers ne laissent plus sortir personne de la maison. Ils ont fini par m'accompagner à l'hôpital pour que je puisse subir des examens, puisque je suis enceinte", dit-elle.

Dans la cour, ce mercredi 18 octobre, c'est l'émotion : la propriétaire, une dame aux cheveux blancs, agenouillée, se prosterne en se tapant le front sur le sol. Elle hurle, désignant deux jeunes hommes : "Ce sont eux qui nous frappent, ce sont eux qui répriment les petites gens comme nous." Trois policiers en civils sont là, vêtus de noir, le visage fermé.

Quelques instants plus tard, une demi-douzaine d'agents, en uniforme cette fois, dont plusieurs officiers et un fonctionnaire s'exprimant dans un anglais correct, font irruption dans la cour, demandent leurs papiers aux deux journalistes présents. Qui seront empêchés de faire leur travail d'enquête alors que Hua Huiqi gît, à moitié inconscient, dans l'une des pièces de la petite cour. On est prié, courtoisement mais fermement, de déguerpir et la police entoure le quartier d'un ruban de plastique jaune qui délimite d'ordinaire une scène de crime. Le piège s'est refermé sur les résistants du temple du Ciel.

Avant l'incident, dans un fast-food situé près de la place Tiananmen, Zhou Li confiait son désabusement : "Je n'ai pas confiance dans le Parti communiste, et Hu Jintao peut bien faire de belles promesses, il est impuissant à changer les choses..."

Depuis plusieurs semaines, la répression contre les défenseurs des droits de l'homme s'est accrue, mobilisant, selon le militant Hu Jia, lui-même en résidence surveillée, "des forces plus importantes qu'à l'ordinaire". Il raconte qu'une quinzaine de policiers campent jour et nuit dans le couloir de son immeuble. L'avocat Gao Zhisheng, connu notamment pour sa défense des membres de la secte interdite du Falun Gong, a disparu depuis des semaines. Un de ses collègues, Li Heping, a été enlevé et passé à tabac par des hommes de main.

Dans la province centrale du Hubei, par ailleurs, deux activistes très connus, Yao Lifa et Lu Banglie, ont "disparu" peu avant l'ouverture du congrès du PCC.
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 20.10.07.

 

2007年10月18日木曜日

Pékin s'indigne de la visite du dalaï-lama aux Etats-Unis

Pékin s'indigne de la visite du dalaï-lama aux Etats-Unis
LEMONDE.FR avec AFP | 16.10.07 | 11h50 • Mis à jour le 16.10.07 | 12h20


AFP/GIULIO NAPOLITANO
Le dalaï-lama, le 13 octobre 2006.


Pékin a haussé le ton contre les Etats-Unis, mardi 16 octobre, s'insurgeant contre la visite du dalaï-lama à Washington et mettant en garde contre une dégradation des relations entre les deux pays. "Nous avons déjà protesté plusieurs fois auprès des Américains et nous les appelons de nouveau à corriger leur erreur", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Liu Jianchao.

A l'origine du courroux chinois : les cérémonies prévues au Congrès mercredi, où le dalaï-lama se verra remettre la plus haute distinction civile du Parlement, la Médaille d'or du Congrès. Pékin demande aussi à George Bush d'annuler sa rencontre, prévue ce mardi, avec le chef spirituel tibétain.

"GROSSIÈRE INGÉRENCE"

Pour Liu Jianchao, ces honneurs "violent gravement les principes de base des relations internationales, heurtent les sentiments des Chinois et constituent une grossière ingérence dans les affaires intérieures chinoises". "Nous exprimons notre profond mécontentement et notre ferme opposition", a-t-il ajouté, prévenant que "cette action va saper gravement les relations entre la Chine et les Etats-Unis".

C'est la première fois que le président américain participera à un événement public avec un homme qui incarne, à l'étranger, la lutte pour les droits fondamentaux en Chine. Pékin avait déjà exprimé son vif mécontentement quand la chancelière allemande, Angela Merkel, avait reçu, en septembre, le dalaï-lama.

Une réunion internationale sur le programme nucléaire iranien, prévue mercredi à Berlin, a été reportée sine die, en raison, selon des diplomates, du désaccord sino-américain sur le dalaï-lama. Cependant, le porte-parole chinois Liu Jianchao a nié cette version, affirmant que l'annulation était due à des "raisons techniques".

 

Se donner bonne conscience face à la Chine

Se donner bonne conscience face à la Chine
LE MONDE | 17.10.07 | 14h56 • Mis à jour le 17.10.07 | 14h56

On l'aime bien, en Occident, le dalaï-lama. Mais si l'intérêt pour sa philosophie et ses enseignements drainent des foules toujours plus nombreuses de bouddhistes européens ou américains, sur le plan politique, l'ultime réincarnation du Bouddha Cherenzi semblait pourtant sur la touche.

En ces temps où la Chine obsède le monde, que pèse la sympathique image de cet homme de 72 ans qui risque fort de ne jamais revoir son pays, le Tibet, en voie de sinisation avancée ? Même à Dharamsala, sa redoute himalayenne où il préside un "gouvernement en exil" depuis sa fuite, en 1959, les plus radicaux n'hésitent pas à critiquer sa politique.

Les militants du Tibetan Youth Congress, l'organisation des "jeunes" exilés tibétains, estiment que la posture de non-violence prônée par le dalaï-lama s'est avérée impuissante à faire fléchir les hiérarques d'un empire du Milieu qui revendique un long rapport de suzeraineté avec le Tibet.

Le dalaï-lama a toujours soutenu que le passage à la violence sur le toit du monde ne servirait qu'à compliquer la vie de ses anciens sujets. Mais en quarante-huit ans, depuis le soulèvement de Lhassa, militaires et policiers chinois ont réussi à casser le mouvement de guérilla tibétaine des années 1950, puis celui emmené par les moines bouddhistes des années 1980-1990.

La cause tibétaine est sans doute une cause perdue : le dalaï-lama ne cesse de répéter qu'il admet l'appartenance de son ancien royaume à la Chine éternelle ; tout juste se borne-t-il à demander la fin d'un "génocide culturel" au Tibet et la possibilité pour les Tibétains de mener, localement, leurs propres affaires. La réponse de Pékin n'a presque jamais varié, en dépit de négociations secrètes avec des envoyés de "Sa Sainteté" : le dalaï-lama ne serait qu'un "sécessionniste" dangereux pour l'"unité de la patrie" chinoise...

Mais voilà que, depuis quelque temps, tout se passe comme si le "pape" de l'Eglise tibétaine revenait au centre de la scène. En quelques mois, il a été reçu en Australie par le premier ministre John Howard ; puis par le chancelier australien Alfred Gusenbauer ; enfin, par la chancelière allemande Angela Merkel. Mercredi 17 octobre, après s'être entretenu discrètement la veille avec George Bush, il devait apparaître pour la première fois en public avec un président américain en exercice, à l'occasion d'une réception au cours de laquelle il devait recevoir la médaille d'or du Congrès.

Il ne faut, bien sûr, pas exagérer la signification de cette rencontre. Aucun leader mondial n'ira très loin dans son soutien à la cause tibétaine. Sans doute le dalaï-lama est-il une figure commode permettant à l'Occident de se racheter une conscience à bon marché face au dragon chinois.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 18.10.07.

 

Privés de démocratie, les bourgeois branchés de Pékin pensent à l'argent

Privés de démocratie, les bourgeois branchés de Pékin pensent à l'argent
LE MONDE | 16.10.07 | 15h24
PÉKIN CORRESPONDANT

La scène se passe dans un bar à vin du quartier de Houhaï, un ensemble de maisons traditionnelles alignées le long d'un lac devenu l'un des hauts lieux du tourisme à Pékin. Ils sont deux : elle a une petite trentaine et travaille dans l'art contemporain ; lui a le même âge, il est professeur d'arts plastiques. Ils ne veulent pas être nommément cités, car ils expriment des idées qui, pour le moins, ne sont pas vraiment "dans la "ligne"...

Le Parti communiste chinois (PCC) a ouvert, lundi 15 octobre, son 17e congrès. "Le parti ? C'est une fiction, s'esclaffe la jeune femme en commandant un verre de bordeaux. La plupart des Chinois se moquent de la politique. Je ne me sens liée en rien avec l'Etat, je ne paie pas d'impôts..."

La fraude fiscale, un sport national en République populaire de Chine, n'est que l'un des comportements qui illustrent le cynisme d'une partie de l'élite et, plus généralement, des représentants de la classe moyenne et moyenne supérieure.

Le professeur a été éduqué à l'étranger. Il boit des bières en maugréant contre le système : "Moi, le congrès du parti et tout ça, ça ne me concerne absolument pas, car on n'est pas en démocratie. On n'a le choix de rien. Sauf celui de la fermer. "

Changement de décor et rencontre dans "l'usine 798", une friche industrielle partiellement transformée en un vaste réseau de galeries d'art contemporain, de cafés, d'ateliers d'artistes. Un temple de la culture "underground" au début des années 2000, qui a été récupéré par le marché de l'art contemporain, en plein boom en Chine.

Dans un studio de style Bauhaus - l'usine était à l'origine allemande - un "installateur" connu, qui préfère garder l'anonymat, porte un jugement plus mesuré. "Le parti n'est pas tant que ça coupé des gens. Ma soeur y est inscrite, sourit-il. Mais je trouve qu'il a pris trop de pouvoir dans nos vies ; l'essentiel est la démocratie. On est quand même dans une phase, grâce aux réformes économiques lancées par Deng Xiaoping, de développement et d'enrichissement. Il faut reconnaître que le parti est un garant de stabilité. Il a réussi à permettre une élévation du niveau de vie de la population."

Dans un luxueux ensemble résidentiel, une photographe, qui a réussi dans l'art contemporain, éclate de rire quand on lui demande ce qu'elle pense du congrès du PCC. "Je ne lis jamais de journaux et quand on se réunit avec mes amis, on ne parle jamais de politique. Je crois qu'on n'a jamais dû, ensemble, prononcer le nom de Hu Jintao ! (chef du parti et président de la République)", s'exclame-t-elle.

"Durant les événements de Tiananmen, en 1989, je suis sortie dans la rue. J'étais passionnée par ce qui se passait, se souvient la photographe. Puis la tragédie est survenue, la répression. Aujourd'hui, je me dis que tout va trop vite en Chine. Je suis excitée par ce développement rapide mais aussi un peu effrayée : ce pays va-t-il enfanter un monstre ?"

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.10.07.

 

La visite du dalaï-lama à Washington provoque la colère de Pékin

La visite du dalaï-lama à Washington provoque la colère de Pékin
LE MONDE | 17.10.07 | 14h56 • Mis à jour le 17.10.07 | 20h03
WASHINGTON, PÉKIN CORRESPONDANTS

AP/Evan Vucci
George Bush et le dalaï-lama lors de la remise de la médaille d'or du Congrès à ce dernier, le 17 octobre à Washington.


Les précautions américaines ont été vaines : la Chine a très vivement réagi à la visite à Washington du dalaï-lama. "Le fait que le président américain (le) rencontre représente une sévère violation des normes de relations internationales", a déclaré, mardi 16 octobre, le ministre des affaires étrangères chinois, Yang Jiechi, avant même la rencontre entre George Bush et le chef de l'Eglise tibétaine. "Nous exprimons notre extrême insatisfaction et notre ferme opposition. Nous pressons les Etats-Unis d'annuler cette visite", a-t-il ajouté en remarquant que la Chine se sentait "blessée" de cette "interférence dans ses affaires intérieures". "Cette rencontre va sérieusement ébranler les relations sino-américaines", a averti de son côté le porte-parole chinois des affaires étrangères, Liu Jianchao.

Pourquoi avoir décidé de dérouler le tapis rouge pour le dalaï-lama au risque de froisser la Chine alors que Pékin a eu une attitude jugée constructive sur le dossier du nucléaire nord-coréen et le Darfour ? Après ces réactions courroucées, l'administration Bush a tenté de relativiser le caractère historique de la visite de cinq jours qu'effectue actuellement le dignitaire tibétain à Washington.

Les détails de cette visite ont été soigneusement étudiés. Le dalaï-lama a été reçu mardi pendant trente minutes par M. Bush, non pas dans le Bureau ovale, comme l'escomptaient ses fidèles, mais dans les appartements du couple présidentiel. Aucune photo n'a été publiée. La porte-parole de la Maison Blanche Dana Perino a minimisé l'événement en indiquant que c'était la quatrième rencontre entre les deux responsables.
REMISE DE MÉDAILLE

Le geste le plus significatif est intervenu mercredi au Capitole. M. Bush a remis la médaille d'or du Congrès, la récompense civile la plus prestigieuse, au chef de l'Eglise tibétaine, lors d'une cérémonie solennelle. Selon sa porte-parole, M. Bush, qui assiste traditionnellement à cette cérémonie, a pris soin d'avertir son homologue chinois, Hu Jintao, lors d'une rencontre début septembre.

Pour les partisans du dalaï-lama, c'est une importante victoire, après des années de lobbying au Congrès. Il a fallu le changement de majorité, et l'insistance de la présidente démocrate Nancy Pelosi, élue de Californie, pour que la cérémonie soit organisée. Selon les analystes, Washington entend faire comprendre à Pékin que "jouer la montre" en faisant semblant de dialoguer à propos du Tibet ne constitue pas une politique.

La coïncidence qui fait que cette rencontre intervient alors que vient de s'ouvrir le 17e congrès du Parti communiste chinois est présentée comme fortuite. L'administration américaine n'a pas en ce moment de motif particulier de mécontentement envers Pékin : la diplomatie chinoise a fini par accepter le principe d'une déclaration présidentielle à l'ONU condamnant la junte de Birmanie pour la répression contre les moines bouddhistes. Le discours de Hu Jintao sur Taïwan, lundi à Pékin, a été jugé modéré.

Pour les experts, l'administration Bush fait le calcul que les Chinois, à moins d'un an des Jeux olympiques de Pékin, n'ont pas de véritables moyens de rétorsion, d'autant que les projets de loi s'accumulent au Congrès pour condamner leurs pratiques commerciales. Le différend sur le Tibet est par ailleurs assumé : il est moins délicat à gérer que celui qui existe sur Taïwan, dans la mesure où les Etats-Unis, comme l'a rappelé Mme Perino, ne sont pas favorables, eux non plus, à l'indépendance du Tibet.

Bruno Philip et Corine Lesnes
Article paru dans l'édition du 18.10.07.

 

La Chine tend la main à Taïwan pour affaiblir les "indépendantistes"

La Chine tend la main à Taïwan pour affaiblir les "indépendantistes"
LE MONDE | 16.10.07 | 15h23 • Mis à jour le 16.10.07 | 15h24
PÉKIN CORRESPONDANT

AFP/FREDERIC J. BROWN
Le président chinois Hu Jintao lors de son discours inaugural à l'ouverture du 17e Congrès du Parti communiste à Pékin, le 15 octobre 2007.


Le chef du Parti communiste chinois (PCC) et président Hu Jintao a fait preuve de modération, lundi 15 octobre, lors de son adresse inaugurale à l'ouverture du 17e congrès du parti. Alors que l'on pouvait s'attendre à un discours musclé à l'égard de Taïwan, dans un contexte des plus tendus entre la République populaire de Chine et la République de Chine (nom officiel de Taïwan), M. Hu a appelé "de manière solennelle, à discuter d'un arrêt formel des hostilités entre les deux rives (du détroit), pour parvenir à un accord de paix".

Le fait que le numéro un chinois ait décidé de ne pas recourir à l'escalade verbale pour dénoncer les projets du président taïwanais Chen Shui-bian, porte-drapeau du clan des "indépendantistes" de l'île, s'explique par la stratégie pékinoise. Le président taïwanais arrive à la fin de son deuxième mandat au printemps 2008. Il ne peut se représenter aux élections, et Pékin compte sur une victoire électorale du candidat de l'opposition. Soit le représentant du Kouomintang, le parti de Tchang Kaï-chek, l'ennemi des communistes qui le forcèrent, en 1949, à se réfugier à Taïwan !

Mais les héritiers du généralissime sont d'accord avec leurs adversaires d'hier pour célébrer le principe d'"une seule Chine" prôné par Pékin, et qui suppose l'unité de la nation chinoise tout en permettant à Taïwan de profiter d'un statu quo l'autorisant à jouir d'une souveraineté politique tolérée par Pékin. M. Chen défend au contraire une affirmation plus poussée de l'identité taïwanaise. Il propose d'organiser un référendum sur l'opportunité de présenter la candidature aux Nations unies de son pays sous le nom de Taïwan. Ce qui serait perçu par Pékin comme une déclaration d'indépendance et, donc, pourrait être un motif d'invasion.

Lundi, Taïwan a aussitôt rejeté la main tendue de M. Hu, ce dernier conditionnant le traité de paix au respect du concept d'"une seule Chine". Mais Washington, inquiet des projets de M. Chen, pourtant président d'une île qui est son alliée, a réagi positivement, estimant que la proposition du chef du PCC était "un pas dans la bonne direction". Ces dernières semaines, Pékin avait plutôt soufflé le froid, annonçant la nomination au poste de chef d'état-major de l'Armée populaire de libération (APL) du général Chen Bingde, qui a occupé à plusieurs reprises des responsabilités de commandement dans la région militaire de Nankin, qui fait face à Taïwan.

Fin septembre, le porte-parole du bureau des affaires taïwanaises auprès du Conseil d'Etat (gouvernement), Li Weiyi, avait prévenu que le 17e congrès serait l'occasion de "redéfinir une nouvelle direction" à propos de Taïwan.

Les propositions de Hu Jintao ne sont pourtant pas nouvelles, Pékin alternant traditionnellement menaces et promesses en la matière. Il a répété que "personne, sous aucune forme que ce soit, et sous quelque nom que ce soit, ne pourra séparer Taïwan de la mère patrie". Avant d'ajouter qu'il était prêt à initier des politiques garantissant les énormes investissements taïwanais en Chine populaire.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.10.07.

 

2007年10月3日水曜日

Pékin admet le risque écologique présenté par le barrage des Trois-Gorges

Pékin admet le risque écologique présenté par le barrage des Trois-Gorges
LE MONDE | 02.10.07 | 14h51 • Mis à jour le 02.10.07 | 14h51
PÉKIN CORRESPONDANT


REUTERS/STRINGER SHANGHAI
Barrage des Trois-Gorges le 26 juillet.


Le barrage des Trois-Gorges, la pharaonique réalisation hydroélectrique sur le fleuve Yangzi, pourrait provoquer une catastrophe écologique si rien n'est bientôt fait pour la prévenir : cette affirmation n'émane pas de responsables étrangers d'organisations de défense de l'environnement mais d'experts chinois cités par la presse officielle. Une telle mise en garde indique un net changement d'attitude de l'actuelle direction du Parti communiste, qui prétend aujourd'hui se soucier des conséquences sur l'écologie de la croissance économique effrénée de la République populaire.

Le directeur du projet des Trois-Gorges auprès du Conseil d'Etat (gouvernement), Wang Xiaofeng, a dressé, la semaine dernière, la liste des menaces que fait peser ce projet d'un coût d'une vingtaine de milliards d'euros sur l'écosystème des régions qu'il traverse : érosion des sols, glissements de terrain, raréfaction et pollution de l'eau - cette dernière étant notamment provoquée par la sédimentation -, réduction de la surface des terres arables. A cela s'ajoutent les conflits sociaux provoqués par ces évolutions.

M. Wang, qui a fait ces remarques durant un séminaire consacré à cette question dans la ville de Wuhan, dans la province du Hebei, non loin du barrage, n'a pas mentionné un autre coût, plus directement humain celui-là, et que les autorités ont toujours passé sous silence : le déplacement forcé de 1,4 million de personnes vivant sur les berges du fleuve Bleu ainsi que la disparition sous les eaux de 116 villages et de certains chefs-d'oeuvre millénaires...

Mais le constat de ce responsable a été aussi précis que nouveau par rapport à l'habituel discours lénifiant de la propagande. "Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde devant les questions de sécurité écologique et de l'environnement", a-t-il prévenu avant d'ajouter : "Nous ne pouvons sacrifier notre environnement contre des perspectives de prospérité à court terme."

Un jugement qui se fait certes l'écho du discours officiel d'aujourd'hui mais tranche avec celui des prédécesseurs de l'actuelle direction. Alors que les communistes chinois préparent leur 17 e Congrès qui devrait s'ouvrir le 15 octobre, cette déclaration n'est pas innocente : l'ancien président Jiang Zemin, chantre de la croissance à tous crins, avait qualifié le projet en 1997 d'étape "remarquable dans l'histoire de l'humanité" qui permettra de mieux "exploiter les ressources naturelles". Aujourd'hui, le président Hu Jintao, son successeur et adversaire, ne cesse d'exalter "l'harmonie sociale" afin d'humaniser une croissance qui devrait suivre un modèle plus mesuré et mieux adapté de "développement scientifique".

A Chongqing, la gigantesque municipalité située en amont du barrage, l'écologiste Wu Dengming, longtemps harcelé par les autorités pour avoir critiqué le projet, se félicite du discours de Wang Xiaofeng : "Bravo !, politiquement, c'est un pas en avant courageux dans la bonne direction." "Désormais, a ajouté avec une certaine perfidie le président de la Ligue des Verts de Chongqing, je vais pouvoir citer les hauts responsables de Pékin quand je m'entretiendrai avec les autorités locales..."

Cette prise de conscience neuve de la part d'autorités plus soucieuses de prévenir une catastrophe écologique ne résout cependant pas la contradiction dans laquelle risque, pour longtemps, de s'enliser la Chine : un barrage comme celui des Trois-Gorges incarne le phénoménal boom économique du pays, répond à ses énormes besoins en électricité, aide à réguler les cycles d'inondations et de sécheresse dans la région du fleuve Bleu.

Mais Pékin a beau s'efforcer d'anticiper les problèmes liés à une telle prouesse technologique, il n'est pas évident, même pour un régime autoritaire, d'être entendu par les autorités locales, dont la psychologie du développement à tout prix n'a pas, ou peu, évolué.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 03.10.07.

 

2007年10月2日火曜日

Schneider est condamné en Chine pour contrefaçon

Schneider est condamné en Chine pour contrefaçon
LE MONDE | 01.10.07 | 14h26 • Mis à jour le 01.10.07 | 14h26

près le différend entre Danone et son partenaire chinois Wahaha (Le Monde du 5 juillet), un nouvel épisode risque de tendre encore plus les relations entre la Chine et ses partenaires étrangers.

Schneider Electric, le groupe français d'équipement électrique, vient d'être condamné en première instance, dimanche 30 septembre, à payer 330 millions de yuans (31 millions d'euros) à la firme chinoise Chint pour violation de la propriété intellectuelle. Schneider Electric détient 75 % de cette coentreprise établie, en 2000, avec deux partenaires locaux.


Selon le quotidien Beijing News, il s'agirait de la plus grosse peine infligée par la justice chinoise dans une affaire de propriété intellectuelle. Certes élevée, cette amende n'a été prononcée, à ce jour, que par une instance locale de justice.

La cour populaire intermédiaire de Wenzhou, sur la côte est de la Chine, a ordonné à l'entreprise française de cesser la production, dans son usine de Tianjin, de cinq modèles de produits de basse tension dont la technologie serait détenue par le groupe Chint. Or l'ensemble des brevets en litige doit tomber dans le domaine public en novembre 2007.

La justice chinoise a donné dix jours à Schneider pour dédommager la société Chint. Une entreprise chinoise qui, par ailleurs, a perdu tous ces procès, en Europe, pour contrefaçon.

Depuis le début de la procédure en 2006, Schneider Electric affirme avoir déposé, en France, les différents brevets liés au disjoncteur miniature C65 dont le groupe Clint se dit être le dépositaire légal... en Chine.

L'entreprise française a indiqué, tout en regrettant cette décision, qu'elle allait faire un appel suspensif du jugement. Schneider Electric, un des premiers acteurs étrangers du secteur, est présent en Chine depuis 1987 et y réalise 6 % de son chiffre d'affaires mondial, qui a atteint 13,7 milliards d'euros en 2006.

Dominique Buffier
Article paru dans l'édition du 02.10.07.