2008年1月30日水曜日

Le centre et le sud de la Chine paralysés par la neige et le froid

Le centre et le sud de la Chine paralysés par la neige et le froid
LEMONDE.FR avec AFP | 29.01.08 | 09h54 • Mis à jour le 29.01.08 | 09h58

AFP/MARK RALSTON
Neige, pluies givrantes et froid extrême se sont abattus depuis deux semaines dans 14 provinces, paralysant les transports au cours des derniers jours. Le premier ministre, Wen Jibao,a appelé les gouvernements locaux dimanche soir à des mesures "urgentes", notamment pour assurer l'approvisionnement en électricité.


AP
Des centaines de milliers de voyageurs étaient bloqués dans les gares, les aéroports et sur les routes de Chine lundi, en pleine période de vacances du Nouvel An chinois, selon les médias officiels. Quelque 78 millions de personnes sont affectées par ces conditions météorologiques.



REUTERS/SEAN YONG
Les autorités craignaient lundi une aggravation des conditions météorologiques et énergétiques, alors que les provinces concernées ont déjà dû prendre des mesures de rationnement de l'électricité dans certaines zones.



En plein début des congés d'hiver du Nouvel An lunaire (7 février), la Chine affronte une situation chaotique provoquée par la neige et le verglas, qui a déjà coûté la vie à des dizaines de personnes et forcé le gouvernement à décréter la mobilisation générale. Mardi 29 janvier, un accident de la route dû aux fortes chutes de neige tombée dans le Sud ces derniers jours a fait 25 morts et 13 blessés, a indiqué l'agence Chine nouvelle.

Des centaines de milliers de voyageurs sont bloqués dans les gares, les aéroports et sur les routes, en particulier dans le Guangdong (Sud), un des bastions des industries exportatrices, où des millions d'ouvriers migrants cherchent à rentrer chez eux.

 

2008年1月27日日曜日

Les stars chinoises font trop d'enfants

Les stars chinoises font trop d'enfants
LE MONDE | 25.01.08 | 15h28 • Mis à jour le 25.01.08 | 15h28
PÉKIN CORRESPONDANT



TRONCY MICHEL/GAMMA
Les Chinoises des villages - ici, une mère de l'ethnie Miao de Zhouxi - Guizhou - ne sont pas autorisées à faire plus d'un enfant.

Les autorités chinoises veulent mettre un frein aux libertés prises par les stars du sport, du cinéma ou de la télévision du pays avec la politique du contrôle des naissances.

Alors que les Chinoises des villes ne sont pas autorisées à faire plus d'un enfant, les riches et les célébrités dépassent les quotas en se contentant de payer une amende, bien faible au regard de leurs revenus. Selon des chiffres officiels, environ 10 % des Chinois aisés auraient trois enfants.

"Désormais, les riches devront payer des amendes beaucoup plus importantes quand ils mettent au monde plus d'un enfant !", a déclaré, cette semaine, le responsable du planning familial de Pékin, Deng Xingzhou, qui a prévenu que le temps du laxisme en la matière était révolu.

Jusqu'à présent, cette sorte "d'impôt" de procréation abusive se chiffrait à une dizaine de milliers d'euros. Et encore, selon l'agence de presse Chine nouvelle, la plupart du temps l'amende imposée était moins "salée". Le célèbre joueur de football Hao Haidong, qui gagne 500 000 euros par an, a été condamné à payer la modeste somme de 5 000 euros lorsque son épouse a accouché d'un deuxième enfant.

RÉPRESSION ANTIPAYSANS

Pour l'instant, le système en vigueur pour punir les contrevenants d'une politique de contrôle démographique qui a permis d'éviter 400 millions de naissance en trente ans est des plus complexes. Ceux qui mettent au monde un deuxième enfant paient une amende qui va de trois à dix fois le revenu annuel moyen perçu dans leur ville de résidence.

Parmi les stars n'ayant pas respecté les règles, Chen Kaige, le réalisateur d'Adieu ma concubine, la chanteuse Wang Lei, l'acteur Li Yapeng, une présentatrice de la télévision, Yang Lan. Et la célébrissime actrice Zhang Ziyi s'est fait tancer récemment par un quotidien chinois pour avoir "donné le mauvais exemple" en ayant publiquement annoncé son désir de fonder une famille nombreuse.

Les mesures annoncées restent cependant encore assez vagues tout en donnant la mesure des préoccupations d'un régime qui craint un nouveau "rebond" démographique. Beaucoup de Chinois, notamment dans les campagnes, bafouent, en effet, sans vergogne les réglementations du planning familial.

Les agents de cette administration relâchant leur vigilance, la situation dans les provinces reculées a tendance à échapper au contrôle des autorités. Depuis plusieurs mois, dans certaines régions, celles-ci se sont lancées dans une répression parfois violente à l'égard des paysans ayant trop d'enfants : menaces, amendes disproportionnées et rétroactives, démantèlement d'une partie des maisons des "coupables"...

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 26.01.08.

 

2008年1月23日水曜日

Emotion après la mort du "citoyen reporter" chinois Wei

Emotion après la mort du "citoyen reporter" chinois Wei
LE MONDE | 22.01.08 | 14h01 • Mis à jour le 22.01.08 | 14h01
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


AP
Portrait non daté du "citoyen reporter" Wei Wenhua, battu à mort le 7 janvier 2008.


L'agression de Wei Wenhua, battu à mort, le 7 janvier, pour avoir filmé l'intervention d'agents de sécurité contre les habitants d'un village de la province du Hubei, a ému l'opinion publique chinoise. Les nombreux débats qui ont eu lieu dans les médias ont conduit les autorités à procéder à de nombreuses arrestations parmi les auteurs supposés du meurtre et leurs supérieurs.

Des manifestations de soutien ont ainsi été organisées à Tianmen, la ville la plus proche du village. Un internaute a tracé un parallèle avec le tabassage de Rodney King par des policiers, à Los Angeles en 1992, qui avait déclenché de graves violences urbaines. La vingtaine d'agents accusés d'avoir passé à tabac M. Wei risquent de lourdes condamnations.

Deux semaines après l'événement, des responsables locaux des chengguan (agents de sécurité urbains), à travers le pays, ont publié une déclaration commune déplorant l'existence dans leurs rangs de "faucons et de colombes", les premiers étant dotés "d'un équipement spécialisé" et se comportant de "manière grossière et brutale", alors que les seconds privilégient la "civilité et la pédagogie" dans leur action.

Créés en 1997 par les municipalités comme force d'appoint pour surveiller le matériel public, et gérer la population flottante des petits vendeurs, mendiants et autres colporteurs, les chengguan ne font pas partie de la police et sont censés se rémunérer, en grande partie, sur les amendes et taxes qu'ils imposent aux contrevenants. Dépourvus de formation, sans réel mandat, ils sont à l'origine de nombreux dérapages, qui ont plusieurs fois donné lieu à des manifestations.

M. Wei, directeur d'une société de construction, décrit comme un "citoyen reporter", avait filmé l'action de ces forces supplétives qui intervenaient contre le blocage par les villageois d'un dépôt d'ordures. La violence à son égard a choqué. "Cinq minutes d'obscurité. A qui le tour, la prochaine fois ?", s'est interrogé un éditorialiste du Nanfang Dushi Bao.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 23.01.08.

 

La censure sur Internet : Etats contre cyberdissidents

La censure sur Internet : Etats contre cyberdissidents
LE MONDE | 28.08.07 | 14h15 • Mis à jour le 22.01.08 | 15h55

En une dizaine d'années, Internet s'est imposé comme un outil essentiel de la vie démocratique. En Occident, le cyberespace a révolutionné les campagnes électorales et fait émerger un "journalisme citoyen". Dans les jeunes démocraties et les régimes autoritaires, il a fourni une arme redoutable aux défenseurs de la liberté d'expression et aux militants démocratiques : l'arme de la communication invisible. Inévitablement, ces régimes ont cherché la parade. Et l'ont trouvée - avec l'aide des grandes entreprises de la high-tech occidentale. Arsenal répressif ou technologique, certains pays mettent tout en oeuvre pour tenter de contrôler Internet, pour empêcher la circulation d'idées, d'informations et de mots d'ordre indépendants. Y parviennent-ils ? Pas tout à fait et pas partout. Comme toujours, il est plus facile de contrôler un petit pays qu'un grand, mais, comme le constatent à leurs dépens les dirigeants chinois, la vague Internet n'est pas si facile à endiguer. Et les surfeurs sont parfois, eux aussi, très forts en technologie.

CHINE
40 000 policiers du Net contre 162 millions d'internautes

La "grande muraille virtuelle" érigée par le gouvernement chinois contraint les internautes à des stratégies de contournement et à des jeux de cache-cache. Blogs fermés, sites bloqués, messages effacés requièrent une certaine ingéniosité. Franchir la ligne rouge peut coûter cher : l'ONG Reporters sans frontières estime que 52 cyberdissidents sont derrière les barreaux en Chine, souvent accusés d'avoir révélé des secrets d'Etat, un délit fourre-tout qui permet tous les abus de pouvoir.

L'autocensure est systématique : les portails (Sina, Sohu) ou les hébergeurs de blogs (Tianya) reçoivent, comme tous les médias, des circulaires avec les sujets à ne pas aborder - comme celle que le journaliste Shi Tao a mise en ligne en 2005, ce qui lui a valu dix ans de prison. Le nettoyage est fait (des phrases disparaissent des blogs ou des forums de discussion), avant même que la police de l'Internet, forte de 30 000 à 40 000 membres, n'intervienne.

Un nouveau pas vient d'être franchi le 24 août : les hébergeurs de blogs chinois, mais aussi Yahoo et Microsoft (MSN) ont signé un "pacte d'autodiscipline" à travers lequel ils s'engagent à ne pas diffuser des "messages illégaux et erronés" et à "protéger les intérêts de l'Etat et du public chinois". Ce "pacte" encourage aussi les hébergeurs à identifier les blogueurs.

Jusqu'alors, le système de censure chinois a été sérieusement mis à l'épreuve par les 162 millions d'internautes recensés et leurs 20 millions de blogs. Internet est devenu une caisse de résonance sans pareille pour la société civile. Il a amené le parti à prendre en compte une opinion publique qu'il méprisait, et nourrit une presse de plus en plus agressive.

A Xiamen, en mai, un activiste a réussi, grâce à son blog, à mobiliser la population de la ville contre le projet de construction d'une centrale pétrochimique. Après avoir échangé près d'un million de messages SMS, les habitants ont participé à l'une des plus grosses manifestations organisées dans une grande ville de Chine depuis les rassemblements de la place Tiananmen en

1989. "Les médias n'ont pas pu parler de la manifestation. Mais des internautes vont à leurs frais sur place et enregistrent les événements avec un téléphone portable ou bien une caméra, puis les diffusent sur le Net. C'est un nouveau canal pour une expression indépendante", explique Li Datong, l'ancien rédacteur en chef de l'hebdomadaire Bingdian, limogé en 2006 pour avoir mis en ligne un système de pénalités imaginé par les cadres du parti pour sanctionner les journalistes trop critiques.

Révélé par un reportage télévisé, l'esclavage généralisé pratiqué dans les briqueteries du Henan et du Shanxi est devenu une affaire nationale grâce à Internet, où les parents d'enfants disparus ont fait circuler des pétitions. Plus rien ne semble pouvoir arrêter l'information en Chine : le gouvernement a finalement renoncé, en mai, à obliger les auteurs de blogs à s'enregistrer au préalable sous leur véritable identité. Trop compliqué à mettre en oeuvre à une échelle pareille.

VIETNAM
Une récente vague de procès

L'usage d'Internet au Vietnam a connu une progression rapide, passant de 9 à 14 millions d'utilisateurs, soit 17 % de la population, entre 2005 et 2006. Beaucoup d'entre eux sont jeunes et se connectent dans les quelque 5 000 cybercafés du pays, ce qui facilite le contrôle par les autorités. La législation exige en effet des fournisseurs d'accès et des cybercafés qu'ils installent des logiciels de surveillance, qu'ils conservent les informations sur les utilisateurs et dénoncent ceux qui enfreignent la loi : tout contenu "qui s'oppose à l'Etat, déstabilise la sécurité du Vietnam, l'économie ou l'ordre social, incite à l'opposition" est illégal. Il existe peu de moteurs de recherche vietnamiens, ce qui limite les accès à l'étranger. Selon OpenNet Initiative, le Vietnam réglemente extensivement l'accès à Internet, à la fois dans la gestion de l'infrastructure et dans le filtrage du contenu, surtout politique et social. Le filtrage affecte aussi les sites des communautés vietnamiennes à l'étranger.

En 2006, les internautes vietnamiens ont repoussé les limites de la censure, réussissant notamment à créer trois publications dissidentes. Soucieux de se faire admettre à l'OMC, le régime communiste a laissé s'installer une relative tolérance. Un mouvement démocratique baptisé Bloc 8406, parce que né le 8 avril 2006, s'est développé sur la Toile. Mais, en juillet 2006, une loi visant à mettre au pas les journaux en ligne est entrée en vigueur. Le contrôle des cybercafés a été renforcé et, en 2007, une vague de procès s'est abattue sur les cyber-dissidents. Entre le 10 et le 15 mai, plusieurs condamnations à des peines de trois à cinq ans de prison ont été prononcées et, selon des associations de défense des droits de l'homme, neuf cyber-dissidents et journalistes sont actuellement emprisonnés.

Pourtant, malgré la répression et la censure, Internet reste crucial pour les opposants actifs comme outil de communication et de liaison avec la diaspora vietnamienne. Ceux qui ont une expertise technologique suffisamment sophistiquée parviennent à passer outre le filtrage. De manière générale, a écrit dans Times Asia le militant des droits de l'homme Nguyen Thanh Giang, "les forums de discussion ont accéléré la démarche démocratique".

TUNISIE
Sous contrôle étroit

Le gouvernement tunisien a activement encouragé l'accélération de l'accès à Internet, notamment dans les universités et les écoles. Programmes de connexion gratuite, vive concurrence entre les fournisseurs d'accès et ouverture de cybercafés ont permis à quelque 9 % de la population de se servir régulièrement d'Internet.

Cela se fait cependant sous un étroit contrôle : les fournisseurs d'accès doivent transmettre leurs listes d'abandonnés aux autorités. Les exploitants de cybercafés sont considérés comme responsables de ce que regardent et utilisent leurs clients et doivent veiller à ce que les sites visités ne "troublent pas l'ordre public". Selon OpenNet Initiative, le filtrage de l'Internet est assuré par le logiciel SmartFilter, fabriqué par une société américaine de la Silicon Valley, Secure Computing. L'Arabie saoudite, le sultanat d'Oman, les Emirats arabes unis et le Soudan utilisent aussi SmartFilter.

CUBA
Des connexions privées difficiles et rares

Totalement sous la coupe du pouvoir, la presse officielle cubaine a lancé très tôt des sites Web (ceux de Granma, Trabajadores, etc.) en plusieurs langues. En revanche, l'accès des citoyens cubains à Internet est sévèrement entravé et contrôlé à plusieurs niveaux.

Les Cubains propriétaires d'un ordinateur (3,3 ordinateurs pour 100 habitants, un des taux les plus faibles du monde), avec l'autorisation expresse des autorités, doivent en outre, depuis 1996, demander à l'unique opérateur de l'île, la société ETEC SA, une accréditation obligatoire, avec une "raison valable", pour disposer d'une ligne et d'un abonnement. Autant dire que les connexions privées sont rares. Seuls les hauts responsables politiques, les ambassades, les sociétés étrangères, les universitaires et les entreprises tournées vers l'exportation sont équipés. De manière générale, les messages échangés ne doivent pas "compromettre la sécurité d'Etat" ni contrevenir aux lois et "principes moraux" du pays.

Cuba a cependant développé, à partir de 2000, un réseau de cybercafés. Ils sont chers pour les Cubains, surveillés (ni les opposants reconnus ni les journalistes indépendants n'y ont accès), et leurs connexions sont lentes. Chaque utilisateur doit donner son nom, son prénom et son adresse. Il doit choisir ensuite entre un simple service de mails mis en place par l'Etat (1,20 euro de l'heure) et un service dit "international", qui donne accès à toute la Toile (4 euros de l'heure, soit plus d'un tiers du salaire mensuel moyen d'un Cubain).

Curieusement, d'après les récentes vérifications de RSF, tous les sites sont accessibles, y compris ceux de l'opposition cubaine à l'étranger. En revanche, certains mots-clés considérés comme potentiellement subversifs (comme "Fidel"), affichés sur un moteur de recherche, écrits sur un traitement de texte ou sur un message électronique déclenchent invariablement l'ouverture d'une fenêtre indiquant : "Ce programme fermera dans quelques secondes pour raisons liées à la sécurité de l'Etat."

Traditionnellement débrouillards, des Cubains achètent ou "empruntent" les codes de connexion de personnes autorisées à disposer d'une ligne, y compris auprès d'officiels du régime. Mais ce trafic, passible de cinq ans de prison (vingt ans pour des articles jugés "contre-révolutionnaires" et publiés sur des sites étrangers), est risqué.

De février à août 2006, Guillermo Fariñas, surnommé "El Coco", directeur de l'agence de presse indépendante Cubanacan Press, a mené une grève de la faim, entrecoupée d'hospitalisations forcées, pour demander l'accès pour tous à un "Internet libre". RSF lui a décerné son prix Cyberliberté 2006.

Sylvie Kauffmann, avec Martine Jacot et Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 29.08.07.

 

Pour Amnesty International, Internet est le nouveau front de la liberté d'expression

Pour Amnesty International, Internet est le nouveau front de la liberté d'expression
LEMONDE.FR avec AFP | 23.05.07 | 13h12 • Mis à jour le 22.01.08 | 15h55


AFP/ALFREDO ESTRELLA
La secrétaire générale de l'organisation humanitaire Amnesty International, Irene Khan, lors d'une conférence de presse à Ciudad Juarez (Mexique), le 9 août 2005.


Dans son dernier rapport annuel, publié mercredi 23 mai, Amnesty International fait d'Internet le nouveau front pour la lutte en faveur des droits de l'homme."A l'ère de la technologie, Internet représente la nouvelle frontière dans la lutte pour le droit à la dissidence", souligne Irène Khan, la secrétaire générale de l'organisation non gouvernementale, remarquant que de nombreux Etats s'évertuent à réduire au silence les "cyberdissidents".

Pour Amnesty, la censure trouve un appui parmi les entreprises de télécommunications. "Les autorités de certains pays – Arabie saoudite, Biélorussie, Chine, Egypte, Iran et Tunisie, entre autres – s'assurent la collaboration des plus grandes sociétés informatiques mondiales pour contrôler les chats, supprimer des blogs, brider les moteurs de recherche et bloquer l'accès à des sites", constate Mme Khan.

"Des gens sont emprisonnés en Chine, en Egypte, en Ouzbékistan, en Syrie et au Vietnam pour avoir publié et partagé des informations en ligne", poursuit la responsable de l'ONG, dressant un panorama mondial des atteintes aux libertés. De fait, en Chine, l'accès à plusieurs centaines de sites internationaux a été bloqué et des milliers de sites chinois ont été fermés. Amnesty cite en exemple l'intellectuelle tibétaine Woeser, dont le blog a été fermé à plusieurs reprises, pour avoir critiqué le rôle de la Chine au Tibet.


RÉPRESSION ACCRUE

Le Vietnam est particulièrement pointé du doigt pour avoir cherché à renforcer son contrôle sur Internet en adoptant une nouvelle réglementation. Les exploitants de cybercafés et les fournisseurs d'accès sont désormais chargés de surveiller les internautes et l'interdiction d'accès à certains sites s'est accru. Des signataires d'une pétition en ligne appelant à un changement politique pacifique au Vietnam ont même été harcelés et interrogés, et leurs ordinateurs ont été confisqués.

Des blogueurs ont également été arrêtés et condamnés à des peines de prison ou à la flagellation en Iran, où "l'accès à Internet est de plus en plus strictement contrôlé", s'indigne aussi l'association.

 

Des centaines de membres du PC chinois exclus pour non-respect de la politique de l'enfant unique

Des centaines de membres du PC chinois exclus pour non-respect de la politique de l'enfant unique
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 07.01.08 | 14h13 • Mis à jour le 07.01.08 | 16h07


AP
La politique de l'enfant unique a provoqué un déséquilibre entre les naissances de garçons et de filles : le ratio est actuellement de 118 garçons pour 100 filles.



Environ un demi-millier de membres du Parti communiste chinois de la province de Hubei (centre du pays) ont été exclus pour infraction à la politique de l'enfant unique, ont rapporté, lundi 7 janvier, des médias locaux. Sept élus aux Parlements national et régional ont été déchus.

La commission du planning familial avait constaté l'an dernier que, dans la province de Hubei, plus de 93 000 personnes avaient plus d'un enfant, parmi lesquelles près de 1 700 responsables ou membres du parti. "Ces dernières années, davantage de membres du Parti, de célébrités, de personnes aisées violent cette politique, ce qui a pour effet de nuire à l'équité sociale", a déclaré Yang Youwang, directeur de la commission du Hubei, à l'agence de presse Chine nouvelle.


400 MILLIONS DE NAISSANCES ÉVITÉES

Ces déclarations corroborent une étude de la commission nationale, selon laquelle une majorité des classes riches a au moins deux enfants. La Chine, qui compte aujourd'hui 1,3 milliard d'habitants, a commencé à mettre en place un système de planning familial à la fin des années 70. Quelques 400 millions de naissances ont ainsi été évitées, selon des estimations officielles.

La règle de l'enfant unique connaît toutefois des exceptions dans le cas des minorités ethniques et des familles rurales. Les paysans peuvent ainsi avoir deux enfants si le premier né est une fille.

 

2008年1月21日月曜日

L'inflation pousse Pékin à un sévère contrôle des prix

L'inflation pousse Pékin à un sévère contrôle des prix
LE MONDE | 19.01.08 | 13h37 • Mis à jour le 19.01.08 | 13h40
SHANGHAÏ (Chine) CORRESPONDANT


REUTERS/STRINGER SHANGHAI
Un vendeur de nouilles dans les rues de Xiangfan, dans la province de Hubei, le 14 janvier.


L'approche du Nouvel An chinois, période de fête où l'on ripaille des jours entiers en famille, a incité le gouvernement à prendre des mesures plus radicales pour contrer l'inflation qui touche les produits alimentaires comme l'huile de soja, la viande de porc ou de boeuf. Ces denrées coûtent respectivement 58 %, 43 % et 46 % de plus dans le courant de ce mois par rapport à janvier 2007. Selon le livre bleu sur la société, de l'Académie des sciences sociales, publié début janvier, l'inflation est devenue la première préoccupation des Chinois en 2007, devant le creusement des inégalités de revenus et la corruption.


La National Development and Reform Commission, l'agence de planification chinoise, a annoncé le retour à ce qui revient à un contrôle des prix temporaires sur un ensemble de produits (lait, huile, toutes les denrées à base de céréales, oeufs, etc.) puisqu'il impose aux gros producteurs et distributeurs de notifier les autorités locales de tutelle dans les 24 heures pour toute augmentation de plus 4 % en une seule fois, de 6 % sur dix jours ou de 10 % sur trente jours.

MULTIPLICATION DE MESURES

L'agence a aussi dressé une première liste de 12 distributeurs et producteurs chinois soumis à une surveillance particulière, puisqu'ils devront obtenir l'accord des autorités publiques concernées avant de procéder à toute hausse de prix. C'est le cas des fabricants de nouilles instantanées - dans le collimateur des autorités depuis la découverte en 2007 d'un cartel entre les producteurs - ainsi que des fabricants de produits laitiers ou d'huile de cacahouète. Si certaines denrées de base sont déjà soumises à un gel des prix agricoles depuis septembre, il s'agit cette fois de discipliner l'industrie agroalimentaire et la grande distribution de manière plus systématique.

Que l'inflation donne lieu à de la spéculation ou à des pénuries artificielles, qui en retour conduisent à de nouvelles hausses de prix, est l'une des préoccupations majeures des autorités. Depuis juillet 2007, celles-ci multiplient les mesures pour tenter de résoudre le problème : des audits ont été lancés dans toutes les industries concernées par les augmentations de prix pour débusquer des cartels, et les gouvernements locaux. Les principaux producteurs de denrées de base, comme l'huile, ont aussi été à plusieurs reprises l'objet de directives et de convocations au sommet les incitant à plus de discipline au niveau des prix.

Dans l'industrie porcine, où les ravages provoqués par l'épizootie d'oreille bleue sont accusés d'avoir déclenché les poussées inflationnistes actuelles, les éleveurs de porcs ont reçu des compensations. En parallèle aux mesures annoncées par l'Agence de planification, le Conseil d'Etat (gouvernement) a aussi annoncé mercredi 16 janvier des sanctions nouvelles ou plus sévères pour les sociétés ou les organisations d'industries responsables d'entente.

Dans l'énergie, où une augmentation de 10 % des prix avait été effectuée en novembre pour tenir compte de la hausse du prix du baril, le Conseil d'Etat a confirmé l'annonce du premier ministre Wen Jiabao début janvier de procéder désormais à un gel des prix. Or, les tensions sont grandes en raison du différentiel entre les prix imposés en Chine et les cours mondiaux de l'énergie. Le gouvernement a à plusieurs reprises sermonné les grands producteurs d'Etat. Il souhaite qu'ils augmentent leur production pour faire face aux pénuries latentes dans certaines régions. C'est le cas depuis fin 2007 dans les régions du Sud-Ouest (notamment le Yunnan) pour l'essence, ainsi que dans le Sud (Canton), pour le diesel et le charbon. Cette source d'énergie est victime de régulations environnementales plus contraignantes. Tout un secteur informe, qui palliait jusqu'à présent aux insuffisances des fournisseurs d'Etat, est menacé. Dans un éditorial récent, le China Daily s'interroge sur la pertinence de ce contrôle des prix. Le quotidien juge en effet incompatible ce mouvement, alors que les coûts environnementaux dus à la surconsommation industrielle chinoise inquiètent.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 20.01.08.

 

Un dirigeant d'Areva retenu deux mois contre son gré à Pékin est rentré en France

Un dirigeant d'Areva retenu deux mois contre son gré à Pékin est rentré en France
LE MONDE | 18.01.08 | 14h24 • Mis à jour le 18.01.08 | 14h24



AFP/ERIC PIERMONT
L'un des principaux dirigeants du groupe nucléaire français Areva a été retenu contre son gré pendant plus de deux mois en Chine.



L
L'un des dirigeants du groupe nucléaire français Areva, Paul Felten, retenu contre son gré pendant plus de deux mois en Chine, est rentré en France jeudi 17 janvier. Selon l'Agence France-Presse, son nom aurait été cité dans une affaire de corruption visant des responsables chinois du groupe public China Guangdong Nuclear power corp (CGNPC). La direction d'Areva affirme qu'aucune charge n'a pourtant jamais pesé contre l'intéressé.


Le ministère des affaires étrangères a, pour sa part, justifié son silence en déclarant que "des contacts discrets sont toujours plus efficaces qu'une conférence de presse dans ce type d'affaire délicate". Les autorités françaises et la direction de l'entreprise ont maintenu le plus grand silence sur ce dossier, où se mêlent des enjeux commerciaux majeurs et une lutte du gouvernement chinois contre la corruption.

Paul Felten, directeur marketing du pôle réacteurs nucléaires d'Areva depuis 2003, a reçu la visite des policiers à son hôtel à Pékin, fin novembre 2007, au moment de la visite présidentielle de Nicolas Sarkozy en Chine. A cette occasion, Areva signait la vente de deux réacteurs de troisième génération EPR pour un montant de huit milliards d'euros. L'assignation à résidence de M. Felten dans un tel contexte aurait pu créer un incident dommageable aux relations franco-chinoises.

L'intéressé a été interrogé une première fois, début décembre, puis à plusieurs reprises au cours du mois de janvier. La direction d'Areva assure que "la justice chinoise désirait l'entendre en qualité de témoin parce que son nom apparaît sur une liste d'une société de conseil locale au coeur d'une affaire de corruption".

TENSIONS SUR LE CONTRAT EPR

Des sociétés occidentales et japonaises auraient, selon Areva, versé des fonds à cette société dans le cadre d'action de lobbying. Selon l'un des avocats français d'Areva, du cabinet Gide, les sommes sont estimées à plusieurs millions d'euros. La justice pékinoise estime, pour sa part, que cet argent aurait pu servir à corrompre des responsables chinois dans un secteur énergétique en pleine expansion. Le vice-président du CGNPC, Shen Rugang, discrètement démis de ses fonctions fin 2007, serait au coeur des accusations.

Contrairement aux déclarations du groupe français, les liens existant entre le responsable du groupe nucléaire français et M. Shen seraient beaucoup plus étroits. Les deux hommes se connaissent depuis plusieurs années.

Paul Felten, âgé de 63 ans, a débuté sa carrière au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), avant de rejoindre le fabricant de réacteurs nucléaires Framatome en 1992. Deux ans plus tard, il est nommé délégué général du groupe en Chine, jusqu'à ce qu'il rejoigne Areva en 2003.

Il a activement participé, en liaison avec M. Shen, à partir de 2004, à l'ingénierie des centrales nucléaires de Daya-Bay et de Ling Ao. Pour sa part, M. Shen appartenait à la délégation chinoise conduite par le vice-premier ministre Zeng Peiyan, venue signer, en août 2004, des contrats dans la domaine du nucléaire avec EDF et Areva.

Le sort de Paul Felten a été au centre de discussions entre l'ambassadeur de France et les autorités chinoises. Mais les considérations commerciales de l'affaire doivent être prises en compte.

Si Areva jure "que le groupe n'a craint aucun préjudice d'image", l'entreprise doit néanmoins gérer de fortes tensions dans le cadre de l'important contrat EPR signé en novembre. Ses partenaires chinois conditionnent désormais l'exécution du contrat à un engagement "irréversible" du groupe français dans un transfert de technologie de retraitement du combustible usé.

Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 19.01.08.

 
 

2008年1月18日金曜日

Le fleuve chinois Yangtzé subit de plein fouet la sécheresse

Le fleuve chinois Yangtzé subit de plein fouet la sécheresse
LEMONDE.FR avec Reuters | 17.01.08 | 09h01 • Mis à jour le 17.01.08 | 10h16


AP
Depuis le mois d'octobre 2007, une quarantaine de bateaux se sont échoués dans le Yangtzé, troisième plus long fleuve du monde, qui s'étend sur 6 300 km.


Le Yangtzé, le fleuve le plus long de Chine, est à son niveau le plus bas depuis cent quarante-deux ans en raison de la sécheresse, rapportent, jeudi 17 janvier, des médias officiels chinois.

Le pays le plus peuplé de la planète traverse une période de sécheresse sans précédent sur la dizaine d'années écoulée. Les nappes phréatiques et le débit des rivières ont été fortement entamés par ce phénomène, qui touche plus particulièrement le sud du pays, normalement zone humide.

 

La Chine, nouvelle terre de milliardaires

La Chine, nouvelle terre de milliardaires
LE MONDE | 16.01.08 | 14h43 • Mis à jour le 16.01.08 | 14h43
PÉKIN CORRESPONDANT

Après les Etats-Unis, et depuis 2007, c'est désormais la Chine qui compte le plus grand nombre de milliardaires au monde. S'il est facile pour l'empire du Milieu de battre des records démographiques dans tous les domaines au vu de sa population, la nouvelle en dit tout de même long sur l'ahurissante rapidité avec laquelle les riches ont prospéré en Chine ces dernières années.

Les sources divergent cependant quant au nombre des super-riches, même si les chiffres sont éloquents : selon la revue américaine Forbes, le pays comptait 66 milliardaires en 2007 contre 15 en 2006. Un journal cantonais, le Yangcheng Wenbao, s'appuyant sur un système de critères différents, en a pour sa part dénombré respectivement 146 et 85 pour les mêmes périodes...

Les deux plus riches des milliardaires chinois sont deux femmes : l'une, Yang Huiyan, 26 ans, est l'héritière d'une entreprise familiale d'immobilier qui répond au doux nom de Jardin des lauriers verts (Bi Gui Yuan) , société qui pèse une douzaine de milliards d'euros. C'est ce secteur en plein essor qui a "fait" le plus grand nombre de milliardaires chinois : 24 % d'entre eux en sont issus. Sur la deuxième marche du podium se tient une dame de 50 ans, Zhang Yin, qui aurait accumulé une fortune d'une soixantaine de milliards d'euros après une carrière réussie dans la papeterie et l'industrie du carton.

EFFETS DIVERGENTS

Quand on descend les barreaux de l'échelle de la richesse, selon des statistiques officielles récemment publiées par l'agence de presse Chine nouvelle, on s'aperçoit malgré tout que les "ultra-nantis" restent les membres d'un club des plus fermés : sur un 1,3 milliard d'habitants, 18 000 Chinois possèdent une fortune d'une dizaine de millions d'euros et plus et 440 000 ont réussi à réunir une cassette d'un million d'euros. L'agence Chine nouvelle conclut en soutenant qu'il y aurait 3,3 % de Chinois millionnaires... en yuans, c'est-à-dire disposant d'un patrimoine se montant à une centaine de milliers d'euros.

Il n'est pas inutile de mettre ces chiffres en parallèle avec un récent rapport de la Banque mondiale estimant qu'il y aurait encore 300 millions de "très pauvres" en Chine, (avec environ 1 dollar par jour ou moins de revenus) soit trois fois plus que les estimations faites précédemment par le même organisme. L'accélération de la croissance chinoise a des effets divergents : elle a permis à plusieurs centaines de millions de citoyens de la République populaire de s'arracher à la pauvreté mais, comme le soulignait il y a un an la même Banque mondiale, 10 % des Chinois ont vu leur pouvoir d'achat diminuer entre 2001 et 2003 dans un contexte de creusement continu des inégalités sociales.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.01.08.


 

2008年1月17日木曜日

L'Inde veut renforcer sa relation avec la Chine

L'Inde veut renforcer sa relation avec la Chine
LE MONDE | 16.01.08 | 14h43 • Mis à jour le 16.01.08 | 14h43
PÉKIN CORRESPONDANT


AFP/FREDERIC J. BROWN
Le premier ministre indien Manmohan Singh (g.) et son homologue chinois Wen Jiabao au Palais du peuple à Pékin, le 14 janvier 2008.



La visite du premier ministre indien, Manmohan Singh, en Chine, du dimanche 13 au mardi 15 janvier, a confirmé la volonté des deux "géants" de l'Asie de renforcer leur "partenariat stratégique". Les anciens ennemis s'opposent néanmoins toujours sur un différend frontalier vieux de près d'un demi-siècle.


Au dernier jour de sa visite, mardi, M. Singh a créé la surprise en proposant à la Chine une coopération dans le domaine nucléaire. "La croissance rapide de l'Inde et de la Chine va conduire à une demande de plus en plus grande en énergie. L'Inde recherche une coopération internationale en matière de nucléaire civil, y compris avec la Chine", a-t-il déclaré, mardi, devant l'Académie des sciences sociales.

L'Inde chercherait ainsi à diversifier ses relations en matière nucléaire depuis la signature, en août 2007, d'un accord de coopération avec les Etats-Unis. Le message pourrait être double. Il s'agirait d'une part de rassurer son voisin chinois contre une éventuelle expansion de l'influence américaine dans la région ; d'autre part, le premier ministre indien chercherait à apaiser les inquiétudes du Parti communiste indien, farouchement opposé à l'accord avec Washington, et qui menace de déclencher une crise politique à New Delhi en retirant son soutien à la coalition gouvernementale dirigée par le Parti du Congrès. Cette hostilité des communistes a jusqu'à présent compromis la mise en oeuvre de l'accord indo-américain.

Le premier ministre avait auparavant signé avec son homologue chinois, Wen Jiabao, un accord de coopération globale intitulé "Une vision commune pour le XXIe siècle" qui concerne aussi bien le domaine militaire, le désarmement, le terrorisme, la religion ou le commerce.

Sur le plan économique, les relations entre Pékin et New Delhi sont au beau fixe et les objectifs de la croissance des échanges sont régulièrement atteints, voire dépassés. Le commerce bilatéral a frôlé la quarantaine de milliards de dollars en 2007 et, durant la visite de M. Singh, les responsables chinois et indiens se sont promis d'atteindre les 60 milliards à l'horizon 2010.

L'Inde s'inquiète cependant du creusement de son déficit commercial avec la Chine, qui s'est chiffré à 9 milliards de dollars en 2007. Avant son départ pour Pékin, M. Singh avait estimé, devant des médias chinois, que sa venue en Chine relevait d'une "nécessité impérative".

Pourtant, avant cette visite, la première d'un premier ministre indien en cinq ans, les observateurs avaient été avertis qu'elle ne donnerait lieu à aucune avancée spectaculaire sur le différend frontalier. "A la différence de précédentes visites de dirigeants indiens en Chine, il n'y a pas, cette fois-ci, d'ambition d'atteindre des sommets de réussite", avait estimé Alka Acharya, le responsable du département des études de l'Asie de l'Est à l'université Jawaharlal-Nehru de New Delhi.

La question frontalière est le principal obstacle à une relation plus étroite entre ces deux voisins qui ont besoin l'un de l'autre, mais ne sont pas encore parvenus à un degré de confiance mutuel suffisant, en dépit de signes encourageants comme l'organisation d'exercices militaires entre soldats indiens et chinois dans la province du Yunnan en décembre. L'héritage de la courte mais sanglante guerre de 1962 reste lourd. L'Armée populaire de libération chinoise avait humilié les troupes indiennes en menaçant de poursuivre son avance vers Calcutta.

Depuis, l'Inde estime que la Chine occupe illégalement 38 000 km2 de son territoire dans une zone du nord-ouest, près de l'Etat du Jammu-et-Cachemire, tandis que la Chine revendique l'Etat de l'Arunachal-Pradesh, situé dans le nord-est de l'Inde.

En dépit de multiples discussions bilatérales de haut niveau, les différences d'approche n'ont jamais été surmontées. Comme l'avait indiqué, avant l'arrivée de M. Singh à Pékin, le quotidien China Daily, l'espoir qu'un tel différend puisse être résolu durant cette visite était "irréaliste".

En choisissant d'axer ce séjour sur les questions des échanges économiques, la Chine et l'Inde ont choisi de mettre de côté le problème frontalier pour ne pas porter préjudice à leurs relations commerciales. Comme l'a assuré l'ambassadeur indien en Chine, Nirupama Rao, au China Daily, "notre premier ministre a répété plusieurs fois qu'il y a assez de place pour l'émergence de l'Inde et de la Chine".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.01.08.

 

2008年1月15日火曜日

A Shanghaï, les "cols blancs" manifestent contre l'extension d'un train à grande vitesse

A Shanghaï, les "cols blancs" manifestent contre l'extension d'un train à grande vitesse
LE MONDE | 14.01.08 | 14h56 • Mis à jour le 14.01.08 | 14h56
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


REUTERS/NIR ELIAS
Une manifestation contre l'extension du train à grande vitesse, le Maglev, à Shanghaï, le 12 janvier 2008.

Agglutinés par petits groupes le long des centres commerciaux de la Nanjing Donglu, la grande rue piétonne au centre de Shanghaï, noire de monde en ce dimanche 13 janvier, ils se déplacent de quelques mètres chaque fois que les policiers leur demandent de circuler. Pas de slogans ni de banderoles : juste une tranquillité obstinée qui s'interrompt seulement quand des policiers fendent la foule pour s'emparer d'un homme. On entend alors des sifflements. Des téléphones portables dépassent des têtes pour capturer l'altercation.


La plupart des "manifestants" habitent l'arrondissement de Minhang, une nouvelle banlieue pour "cols blancs" située dans le sud-ouest de Shanghaï, désignée par la municipalité pour accueillir une extension du Maglev, le train à sustentation électromagnétique reliant déjà l'aéroport international à l'est de la ville et dont la vitesse atteint 400 km/h sur son tronçon le plus rapide. "C'est une nouvelle technologie ; on ne connaît pas les effets sur la santé des radiations. Pourquoi devons-nous servir de cobayes ?" dit une jeune femme. La ligne doit être construite à une vingtaine de mètres des habitations alors qu'en principe, les règles de prudence pour ce Maglev, de technologie allemande - dont la seule application commerciale au monde est celle de Shanghaï -, exigeraient une zone verte tampon d'au moins 150 mètres. La veille, ils avaient été bien plus nombreux, plusieurs centaines, à crier leur mécontentement devant le siège du gouvernement, exhibant quelques pancartes avant que les policiers ne fassent monter une partie des manifestants dans des bus.

"ON N'A PAS CONFIANCE"

Au printemps 2007, le mécontentement des gens de Minhang avait déjà conduit la municipalité à suspendre le projet. Fin décembre, elle a proposé de limiter la vitesse du train en zone habitée et annoncé un nouveau tracé après deux semaines de consultation. "On n'a pas confiance dans leur manière de faire", dit un manifestant. "J'ai un bébé de trois mois ; on s'inquiète des risques du Maglev. Si on vend, on ne pourra pas acheter l'équivalent, et les prix des logements vont baisser à cause du projet de ligne", poursuit cet ingénieur en électronique, originaire de la province du Liaoning et nouvellement propriétaire, comme la plupart des manifestants.

Tous citent en exemple la manifestation de Xiamen (province du Fujian), en juin 2007, lorsque des milliers de gens étaient descendus dans la rue pour protester contre l'implantation d'une raffinerie en bordure de la ville. L'événement, étouffé par les médias mais largement diffusé sur Internet, a marqué les esprits comme l'une des premières manifestations à grande échelle des nouvelles classes moyennes urbaines contre des projets ressentis comme trop ambitieux et dangereux pour leur environnement. "J'ai un ami qui habite Minhang. Je ne suis pas d'accord pour que le gouvernement se comporte comme ça, je suis venu aussi", dit un autre homme.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 15.01.08.
 

Pékin traque les opposants avant les Jeux olympiques

Pékin traque les opposants avant les Jeux olympiques
LE MONDE | 12.01.08 | 13h53 • Mis à jour le 12.01.08 | 13h53
PÉKIN CORRESPONDANT

Le gouvernement chinois accentue la répression contre les opposants au régime, à quelques mois des Jeux olympiques de Pékin, au mois d'août. Les dirigeants de la République populaire paraissent soucieux d'éviter que les Jeux ne soient l'occasion, pour tous les dissidents chinois, de rappeler au monde entier que les libertés restent bafouées dans ce pays.

L'arrestation, le 27 décembre, de Hu Jia, l'un des défenseurs des droits de l'homme les plus en vue en Chine, illustre le choix de Pékin. En incarcérant cet activiste de 34 ans devenu le relais d'un réseau de dissidence et d'"avocats aux pieds nus" dans tout le pays, les autorités ont choisi d'envoyer un message fort à tous ceux qui seraient tentés de suivre son exemple. "C'est un signal. Le gouvernement est en train d'instaurer un climat de peur pour s'assurer que les Jeux olympiques ne deviennent pas une plate-forme utilisée par des dissidents", estime un observateur étranger à Pékin. "Le pouvoir estime qu'il a plus de raisons de durcir son attitude que d'assouplir sa politique", ajoute-t-il.

La priorité, pour Pékin, semble ainsi d'empêcher que puissent s'exprimer tous les gêneurs susceptibles de gâcher la fête du mois d'août, qui est pour la Chine un motif de fierté nationale. En 2001, pourtant, le pouvoir chinois avait promis "d'énormes avancées" en matière de droits de l'homme si l'on attribuait les Olympiades 2008 à Pékin, une promesse réitérée en octobre par le vice-maire de la capitale, Liu Jingmin. C'est exactement le contraire qui est train de se passer.

Hu Jia était, depuis des mois, en résidence surveillée quasi permanente. Il est désormais emprisonné dans un centre de détention de Pékin et sa femme, Zeng Jinyan, qui a accouché d'une petite fille il y a deux mois, ne peut plus sortir de son appartement. Son téléphone est coupé et ses ordinateurs ont été confisqués. L'arrestation a apparemment eu lieu de manière très violente, si l'on en juge par une photographie circulant sur des sites de blogueurs : on y voit Hu Jia allongé, maintenu par deux policiers en civil dont l'un lui écrase la tête avec son pied. Derrière, une foule impassible observe l'événement.

Les journalistes ne peuvent pas se rendre au domicile de Hu Jia et de Zeng Jinyan, même si des correspondants allemands ont pu s'entretenir brièvement avec elle par une fenêtre de son appartement, le 8 janvier. Elle leur a indiqué être "inquiète" pour son mari et a affirmé que la police empêchait tous ses proches de la voir.

L'un des avocats de Hu Jia, Li Jinsong, confie au téléphone ne pas pouvoir entrer en contact avec son client et ami, et ne pas avoir été autorisé à consulter son dossier. Auparavant, l'un de ses confrères, Li Fangping, s'était également vu interdire par les policiers d'approcher Hu Jia au motif que son dossier est lié à des "secrets d'Etat".

RÉSIDENCE SURVEILLÉE

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) a par ailleurs diffusé un communiqué, samedi, pour révéler que Li Jinsong a brièvement été placé en résidence surveillée, le 10 janvier, pour avoir rencontré des correspondants étrangers. Hu Jia est accusé d'"incitation à la subversion du pouvoir d'Etat", une charge qui pourrait lui valoir plusieurs années de prison. Avant son arrestation, il avait participé sur Internet à une conférence sur les droits de l'homme organisée par l'Union européenne, à Bruxelles. Il en avait profité pour dénoncer la répression renouvelée du régime à l'approche des Jeux.

Fin 2007, plusieurs avocats et activistes ont été incarcérés et écartés de la vie publique sans autre forme de procès. Parmi eux, Guo Feixiong a été emprisonné pour cinq ans, en novembre, après avoir révélé des cas de corruption de cadres du Parti communiste en Chine du Sud. Au mois de décembre, le blogueur Wang Dejia a été arrêté pour avoir écrit des articles critiquant le non-respect des droits de l'homme par le régime chinois. "Durant les deux dernières semaines, la police a commencé à arrêter et à placer en résidence surveillée des douzaines d'activistes, d'intellectuels et d'avocats des droits de l'homme", soutient, de son côté, l'organisation China Human Rights Defenders (CHRD). "Le harcèlement et les incarcérations d'activistes vont probablement s'intensifier au fur et à mesure que l'on se rapproche de la date des Jeux olympiques", ajoute le communiqué de cette association de militants des droits de l'homme basée à l'étranger.

Réagissant à l'aggravation de la situation, 57 activistes connus en Chine ont écrit, le 7 janvier, une pétition demandant "aux pays libres et aux organisations internationales des droits de l'homme de faire pression sur le gouvernement chinois pour que la loi soit respectée et les promesses tenues."

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 13.01.08.



Pékin surveille de près le cinéma chinois

Dans le cadre de leur politique d'image avant les Jeux olympiques, les autorités de Pékin surveillent la programmation des films. La censure a ordonné, le 4 janvier, le retrait des écrans du film Lost in Beijing de la réalisatrice Li Yu, présenté en 2007 au festival du film de Berlin, l'accusant de pornographie. L'un des autres griefs est d'avoir présenté une version non approuvée par la censure. Portrait d'un Pékin en plein boom économique qui attire des milliers de paysans déroutés, le film montre comment l'argent et la pression sociale affectent la vie des couples et présente des scènes d'amour très crues pour les normes habituelles chinoises.
 

2008年1月12日土曜日

En Chine, une crise de l'eau tous azimuts

En Chine, une crise de l'eau tous azimuts
LE MONDE | 11.01.08 | 14h06 • Mis à jour le 11.01.08 | 14h06
SHANGHAÏ CORRESPONDANT

Le lac Poyang, dans la province méridionale du Jiangxi, est le plus grand lac d'eau douce de Chine. Sa surface passe de 3 500 km2 en été, quand les pluies sont les plus abondantes, à environ 500 en hiver. Ces derniers mois, le Poyang, profond de 8 mètres en moyenne, a rétréci à moins de 50 km2, selon plusieurs sources, découvrant une peau craquelée qui rappelle la mer d'Aral dans son pire état.

La sécheresse, qui sévit cet hiver aussi bien dans le nord de la Chine que dans le sud, traditionnellement humide, a exacerbé les déséquilibres du bilan hydrographique chinois : ce qui arrive au Poyang touche à un degré supérieur ou moindre la plupart des dizaines de lacs chinois.

En Chine, la maîtrise des ressources en eau a toujours tenu à la fois de la nécessité économique et de l'atavisme impérial : il y a quatre mille ans, le premier monarque chinois, Yu le Grand, entra dans la légende pour avoir inventé l'irrigation. Dans la Chine féodale, le Grand Canal fut un ouvrage majeur, avant que Mao Zedong ne lance les premiers grands projets de barrages au début de l'ère communiste.

Au XXIe siècle, la profession de foi des nouveaux timoniers en faveur du développement durable ne constitue qu'un maigre contrepoids face aux exigences de l'hypercroissance économique (+ 11,5 % en 2007). Ils sont souvent réduits à gérer en catastrophe les syncopes à répétition d'un organisme surmené, tandis que le manque traditionnel d'eau est aggravé par une surexploitation et une pollution aux dimensions énormes.

PÉNURIES AGGRAVÉES

Avec 7 % seulement des réserves en eau de la planète pour le quart de sa population, la Chine n'arrive pas à faire face : 400 des 600 villes chinoises manquent structurellement d'eau, et 30 millions de ruraux subissent chaque année des pénuries. Un rapport du gouvernement vient de prévenir que "le volume total des ressources en eau exploitable aura été atteint en 2030, même en prenant en compte tous les efforts d'économie de l'eau". Nombre de rivières sont bien plus asséchées qu'elles ne l'étaient il y a des dizaines d'années. C'est le cas du fleuve Jaune et des rivières Hai et Huai, même s'ils connaissent des crues durant la saison des pluies.

Parce qu'elle ne cesse de grossir et parce qu'elle accueille, cet été, les Jeux olympiques, la région de Pékin (17 millions de personnes en incluant les non-résidents) est l'objet de toutes les attentions. Déjà, certaines localités en amont des canaux et des rivières qui alimentent la capitale sont rationnées. Imaginé par Mao et approuvé en 2002, le gigantesque projet de diversion des eaux du sud au nord est en construction dans sa partie Centre et Est. La route centrale transportera de l'eau du réservoir de Danjiangkou, dans le Hubei (sur la rivière Han, affluent du Yangzi), jusqu'à la capitale. Des centaines de lacs ont déjà disparu dans le Hubei, connu comme la province des mille lacs. Mais seule une portion sera prête pour les JO, celle qui acheminera l'eau depuis Shijuazhang, dans le Hebei, à Pékin, tout proche. La province du Hebei manque elle aussi cruellement d'eau.

La route de l'Est, en chantier, doit transporter de l'eau du Shandong vers Pékin et Tianjin, le long de l'ancien Grand Canal. Elle devait être achevée en 2007, mais ne le sera pas avant 2010. En outre, l'eau serait trop polluée et il faudra prévoir de la traiter. Quant à la route de l'Ouest, censée relier le fleuve Bleu au fleuve Jaune sur les plateaux du Qinghai, les défis techniques sont inédits et rien ne commencera avant 2010.

SUREXPLOITATION DU FLEUVE BLEU

Dans ce contexte de crise hydrographique aiguë, la surexploitation du Yangzi, le plus généreux fleuve de Chine et le troisième du monde, est de plus en plus flagrante. En 2007, le dauphin d'eau douce y fut officiellement déclaré espèce éteinte. On détourne le fleuve Bleu pour irriguer les régions sèches de Chine du Nord et on compte aussi sur lui pour drainer 30,5 milliards de tonnes de déchets humains et industriels par an ou pour laver la pollution d'un lac en syncope, le Taihu.

C'est encore le Yangzi qui supporte le barrage des Trois-Gorges (Sanxia Daba), dont les dimensions titanesques (2,3 km de long et 185 m de haut) incarnent le génie chinois en matière hydraulique - à moins que ce ne soit sa folie. Les ingénieurs canadiens chargés, dans les années 1980, d'étudier le projet avaient refusé de se prononcer sur la faisabilité du barrage au-delà de 160 m (l'eau atteint 156 m aujourd'hui et montera à 175 m en septembre).

L'ouvrage, dont le premier des paradoxes est qu'il sert à rééquilibrer le bilan énergétique chinois en faveur du renouvelable, a des effets pervers sur l'environnement surexploité du fleuve. Dont celui de former une gigantesque cuvette d'eaux viciées. S'il permettra un meilleur contrôle des crues dévastatrices, il serait en partie responsable de la prolifération d'algues bleu-vert dans les lacs Taihu et Chaohu.

Les "dangers cachés" de la réalisation ont été pour la première fois évoqués officiellement à l'automne 2007 (par Wang Xiaofeng, le responsable des Trois-Gorges auprès du Conseil d'Etat), puis minimisés : les pressions intenses exercées par cette énorme masse d'eau (39 milliards de mètres cubes à plein) sur les parois instables des vallées englouties contribueraient à une recrudescence des glissements de terrain.

Epine dorsale hydrographique de la Chine, le Yangzi et ses affluents devront supporter une centaine de centrales hydroélectriques en amont de Sanxia Daba, dont celle de Xiluodu, sur la rivière Jinsha dans le Sichuan, qui sera le deuxième plus grand barrage de Chine en 2015.

POLLUTION DES EAUX À UN SEUIL CRITIQUE
Parce qu'il ne se passe pas un mois sans que des dizaines de milliers de résidents soient affectés par des minicatastrophes écologiques qui conduisent à des coupures d'eau courante, la population chinoise est désormais très sensibilisée à la question de la pollution des eaux et à son impact sur sa santé.

En mai 2007, l'implosion de l'écosystème du lac Taihu, saturé par un trop-plein de nutrition dû à la pollution, priva d'eau courante plus de 2 millions de personnes pendant plusieurs semaines. L'agence Chine nouvelle plaça le désastre au deuxième rang des dix événements les plus marquants de l'année 2007 - derrière le 17e congrès du Parti communiste. Le scientifique Zhang Xiaojian, chargé de procéder aux réactions chimiques qui ont aidé à se débarrasser des algues bactériennes, fut l'un des dix lauréats 2007 du prix du Chinois vert, décerné depuis trois ans par les ministères concernés.

On aurait pu distinguer Wu Lihong, le militant écologique qui, depuis dix ans, fait la guerre aux usines chimiques de Yixing, la vaste zone industrielle sauvage en bordure du lac. Le pouvoir local, furieux, l'a jeté en prison pour quatre ans, en mars 2007.

A l'heure de la "civilisation écologique" défendue par le président Hu Jintao, toute la difficulté réside dans la prévention, mais aussi dans l'application des mesures et lois censées protéger ses fleuves et rivières. Auteur d'une carte de la pollution de l'eau qui fait référence, Ma Jun, le directeur de l'ONG pékinoise Institute of Public & Environmental Affairs, estime que "la pollution de l'eau est l'un des problèmes les plus graves auxquels la Chine est confrontée".

Les deltas de la rivière des Perles (région de Canton) et du Yangzi (région de Shanghaï), à eux deux responsables des deux tiers du PIB chinois, paient un tribut écologique très lourd, et largement sous-estimé, à un développement industriel intense. Dans ces campagnes et ces villes autrefois sillonnées de canaux, des dizaines de "villages du cancer" défraient régulièrement la chronique.

Le sud de la Chine en vient de plus en plus à manquer d'eau en raison de la pollution : l'Institut de géographie de Canton s'alarmait récemment des problèmes de gestion des eaux usées et estimait que si rien n'est fait d'ici à 2020, la pénurie affectera la moitié de la demande en eau du Guangdong, contre 14 % aujourd'hui.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 12.01.08.

L'excédent commercial de la Chine a atteint un nouveau record en 2007

L'excédent commercial de la Chine a atteint un nouveau record en 2007
LEMONDE.FR avec AFP | 11.01.08 | 08h41 • Mis à jour le 11.01.08 | 08h58

La Chine a enregistré un nouveau record d'excédent commercial en 2007, de 262,2 milliards de dollars (178,8 milliards d'euros), en hausse de près de 50 % par rapport au précédent record de l'année 2006, selon des statistiques officielles publiées vendredi 11 janvier. La progression a été de 47,7 % sur un an, comparée aux résultats 2006 de 177,47 milliards de dollars (121 milliards d'euros), a annoncé l'agence officielle Chine nouvelle, en s'appuyant sur les chiffres fournis par les douanes.

Les échanges commerciaux entre la Chine et ses partenaires ont totalisé 2 170 milliards de dollars (1 480 milliards d'euros). Le géant asiatique avait dès la fin du troisième trimestre 2007 battu son propre record annuel d'excédent commercial, et les économistes tablaient alors sur un surplus annuel de 260 milliards à 280 milliards de dollars en fin d'année.

PRESSIONS POUR RÉÉVALUER LE YUAN

Bien qu'attendu, cet emballement de l'excédent commercial devrait accroître davantage les pressions sur la monnaie chinoise, le yuan. Lassés de leurs propres déficits face au géant asiatique, les partenaires américains et européens exercent depuis quelques années de multiples pressions sur Pékin pour obtenir des échanges plus équitables, et tentent de convaincre la Chine de rendre son régime de change plus flexible. Ils estiment notamment que la sous-évaluation du yuan fausse la concurrence, en maintenant les exportations chinoises trop bon marché.

Mais les autorités chinoises s'en tiennent à leur credo d'une appréciation "graduelle", doublée d'"une amélioration progressive" du système de change, le tout pour préserver "la stabilité de la monnaie". Le yuan s'est progressivement apprécié contre le billet vert depuis sa réévaluation de juillet 2005, gagnant plus de 11,5 %. Mais il a suivi un chemin inverse par rapport à l'euro.

Le réveil des exploités de Shenzhen

Le réveil des exploités de Shenzhen
LE MONDE | 09.01.08 | 14h56 • Mis à jour le 09.01.08 | 14h56
SHENZHEN ENVOYÉ SPÉCIAL

Sur son lit d'hôpital, la jambe pansée qui chauffe sous une lampe, Huang Qingnan raconte l'attaque dont il a été victime le 20 novembre 2007. "J'ai senti une douleur à la jambe et j'ai vu un type qui tenait quelque chose dans un journal. Puis je me suis écroulé." Deux attaquants lui avaient tailladé la jambe avec un couteau alors qu'il discutait dans une ruelle adjacente au local de Dagongzhe, la petite organisation qu'il anime dans l'arrondissement de Longgang, à Shenzhen. La blessure est grave, infectée, au point que les médecins se demandent si ses agresseurs n'ont pas pris soin de salir les lames avant l'attaque.

Avec ses immeubles bas, ses rues poussiéreuses, ses échoppes et ses milliers de petites usines, Longgang est l'une des arrière-cours de Shenzhen. Dagongzhe, dont le rideau en métal vert est baissé depuis l'incident, accueille des travailleurs migrants et les informe sur leurs droits. Le jour de notre visite, un ouvrier du bâtiment est là, le pouce boursouflé, qui vient demander conseil.

C'est un autre incident, terrible, qui décida de l'engagement de Huang Qingnan au service de ces paysans venus des quatre coins de Chine pour faire tourner l'"atelier du monde" : en 1999, il se réveille une nuit en hurlant dans le dortoir de l'usine où il travaille comme contremaître. Son nez et ses paupières fondent. On a versé sur son visage de l'acide qui le défigurera à vie. Il a toujours soupçonné l'un de ses supérieurs, furieux qu'il prenne le parti des ouvriers lors d'une dispute. Il fit un procès qui ne mena à rien, si ce n'est la prise en charge de ses frais hospitaliers. Des ONG de Hongkong l'aidèrent à monter une petite clinique. "On s'est aperçu que les gens avaient moins besoin de soins médicaux que d'informations sur leurs droits, et Dagongzhe est né", dit-il.

Or l'entrée en vigueur, le 1er janvier, d'une loi sur le contrat de travail, qui oblige, notamment, un employeur à accorder un CDI à ses employés depuis plus de dix ans, a exacerbé les tensions à Shenzhen. "Depuis octobre, on a vu de plus en plus de gens venir en groupe. Dans un cas, 90 personnes se sont mises en grève dans une entreprise qui en comptait 100. Les ouvriers ont nos brochures. Ils s'en servent quand des employeurs cherchent à profiter d'eux. J'ai senti que tout ça avait plus d'impact", dit-il. Ses soupçons se portent sur l'une des entreprises dont il a conseillé les employés. A deux reprises, au cours des semaines précédant l'attaque, des inconnus avaient saccagé le local de Dagongzhe.

Zone pilote pour l'introduction de l'économie de marché dans les années 1980, Shenzhen est désormais à la pointe des conflits sociaux tant les tensions accumulées sont explosives : les salaires y sont les plus élevés de Chine mais les conditions de travail très rudes. "D'après nos sondages, 40 % des ouvriers n'ont pas de jour de congé hebdomadaire", estime Liu Kaiming, qui dirige l'Institute of Contemporary Observation (ICO). Celui-ci forme des travailleurs migrants, installe des numéros verts et publie des études sur les conditions de travail, dans le cadre, entre autres, d'audits sociaux commandés par des multinationales. "Il y a une forte pénurie de travailleurs à bas salaires. Ceux-ci ont gagné en pouvoir de négociation et ils s'en rendent compte. Pour les travailleurs migrants, leur usine ne représente rien. Ils n'ont rien, ni droit de résidence ni droit de propriété. Ils ne comptent pas comme citoyens", poursuit-il.

Dagongzhe ou l'ICO font partie de toute une industrie plus ou moins informelle de "l'intermédiation", bénévole ou pas, qui a prospéré dans le vide créé par l'absence de contrepoids aux abus perpétrés par les employeurs : l'All China Confederation of Trade Union (ACFTU), la centrale syndicale officielle, est absente des entreprises privées et il n'existe pas de cadre pour la tenue de négociations collectives en Chine.

"Vous avez une centaine d'organisations de défense des droits du travail en Chine, mais la moitié sont dans la province du Guangdong et à Shenzhen. Il y en a très peu dans le détroit du Yangze, à Shanghaï", explique Liu Kaiming, qui, fort de son expertise, prévoit d'ouvrir des bureaux à Shanghaï et Xiamen.

C'est aussi à Shenzhen qu'on trouve des cabinets d'avocats spécialistes des droits sociaux comme celui de Zhou Litai, expert en accidents du travail, qui a dû poursuivre en justice des clients qui avaient gagné leur procès mais omis de régler ses honoraires.

Parce qu'ils sont loin de pouvoir se payer les services d'un professionnel, certains migrants font appel à des gongmin daili, des "conseillers des citoyens". On en compterait près de 2 000 à Shenzhen et dans sa région.

Nombre d'entre eux sont d'anciens ouvriers : venu du Jiangxi, Li Jinxin, 29 ans, travaillait dans une usine de Shenzhen quand il a découvert Dagongzhe. "J'allais lire dans leur centre. Je me suis dit que je pouvais les aider. J'ai commencé à assister les gens dans leurs démarches", dit-il. Depuis un an, il a ouvert un bureau de gongmin daili, auquel Huang Qingnan devait également s'associer.

Un autre partenaire, Duan Haiyu, 29 ans aussi, est diplômé en droit et assistant dans un cabinet d'avocats. Après l'université, il a trouvé un emploi dans une agence de recrutement qui faisait venir des paysans de la campagne. "Je me suis aperçu que l'agence prenait une commission sur le salaire des paysans sans le leur dire. J'en ai parlé, et je me suis fait licencier", explique-t-il. Il a cherché à s'impliquer dans une association qui aide les migrants, puis s'est mis à son compte comme gongmin daili. M. Li, qui débute, prend de 30 à 50 euros par cas, son partenaire, plusieurs centaines et 10 % de la compensation accordée au plaignant.

Tous deux ont été menacés à plusieurs reprises. "Avec la nouvelle loi, les employeurs se disent que leurs coûts peuvent augmenter, alors ils essaient de faire signer de nouveaux contrats. Ils nous accusent de donner des idées à leurs employés", dit Li Jinxin, qui a été kidnappé en octobre 2007, juste avant l'incident qui a mutilé Huang Qingnan. "Un type a appelé en disant qu'il cherchait le bureau. Je suis descendu, ils m'ont mis dans un minibus. Ils étaient six", raconte-t-il. Au bout d'une demi-heure, ses ravisseurs l'ont mis à terre et battu. Résultat : une jambe et un bras cassés.

La police soupçonnerait l'un des patrons d'usine d'être derrière l'attaque. Li Jinxin est plus circonspect. Les gongmin daili gênent un système où tout est fait pour neutraliser les revendications des employés : "Un ouvrier qui a un problème doit aller au comité de quartier. On sait que le personnel est formé pour les décourager d'engager des procédures", dit-il. L'administration locale est au service des résidents originels des villages qui ont formé Shenzhen : ils sont 10 % de la population, mais reçoivent, comme des actionnaires, un revenu des entreprises qui y sont implantées.

Récemment, les gongmin daili ont trouvé une liste noire de "travailleurs à ne pas employer" dont ils savent qu'elle a été établie par le bureau du travail de Longgang, censé favoriser l'emploi.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 10.01.08.