2008年4月26日土曜日

La Chine accepte une rencontre avec des représentants du dalaï-lama

La Chine accepte une rencontre avec des représentants du dalaï-lama

La question tibétaine gèle une coopération scientifique franco-chinoise en Antarctique

La question tibétaine gèle une coopération scientifique franco-chinoise en Antarctique

La Chine devient le pays comptant le plus d'internautes

La Chine devient le pays comptant le plus d'internautes

2008年4月1日火曜日

Pékin récalcitrant à laisser s'apprécier le yuan

MONNAIES BAISSE DES EXPORTATIONS VERS LES ÉTATS-UNIS

Pékin récalcitrant à laisser s'apprécier le yuan

SHANGHAÏ CORRESPONDANT

Un employé d'une filiale de la banque centrale de Chine, à Shanxi, compte des Yuans Renminbi, le 19 mars 2008. Depuis juillet 2005, le yuan s'est apprécié de 18 % face au dollar. | REUTERS/STRINGER SHANGHAI
REUTERS/STRINGER SHANGHAI
Un employé d'une filiale de la banque centrale de Chine, à Shanxi, compte des Yuans Renminbi, le 19 mars 2008. Depuis juillet 2005, le yuan s'est apprécié de 18 % face au dollar.

A 7,01 yuans pour 1 dollar mardi 1er avril, la devise chinoise s'apprête à passer sous la barre symbolique des 7 yuans pour 1 dollar. Il fallait encore 8,28 yuans pour 1 dollar en juillet 2005, soit 18 % de plus qu'aujourd'hui. A cette époque, la banque centrale chinoise avait décidé d'élargir la bande de fluctuation quotidienne de sa devise par rapport au billet vert de 0,3 % à 0,5 %.

En un an, le yuan n'a pourtant gagné qu'un peu plus de 3 % face au dollar quand l'euro et le yen s'appréciaient de près de 20 % contre la devise américaine.

Il y a quelques mois, tout portait à croire que Pékin avait pris le parti d'un yuan plus fort : fin décembre 2007, le Centre d'information de l'Etat, l'un des principaux think tanks publics, pronostiquait que la bande de fluctuation entre les deux devises doublerait en 2008, pour passer à 1 %.

Trois mois plus tard, l'aggravation de la crise des subprimes, l'impossible maîtrise de l'inflation en Chine (+ 8,7 % en février) et les réductions en cascade des taux d'intérêt américains, ont refroidi cet enthousiasme.

Cette volte-face aurait deux principales raisons. D'abord, la croissance des taux d'intérêt en Chine. Le différentiel entre les taux chinois et les taux américains ont fait resurgir le spectre du "hot money". Il s'agit de l'injection d'argent spéculatif et clandestin dans l'économie chinoise - surtout dans l'immobilier et, depuis 2007, aussi en Bourse - dans l'espoir de réaliser des gains à mesure que la devise chinoise s'apprécie, et ce malgré le contrôle des changes (le yuan reste non convertible). Ce flux d'"argent brûlant" représenterait jusqu'à 200 milliards de dollars (125 milliards d'euros) quand les investissements directs étrangers en Chine sont de l'ordre de 60 milliards.

D'autre part, les exportateurs chinois, premiers employeurs du pays, commenceraient à ressentir les effets de l'appréciation du yuan face à la devise américaine. Les exportations vers les Etats-Unis ont baissé de 5 % en février par rapport au même mois de 2007. Or les tensions sur l'emploi sont une préoccupation majeure du gouvernement chinois.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 02.04.08.
 

Pour Wen Jiabao, les canaux entre Pékin et le dalaï-lama restent "ouverts"

Pour Wen Jiabao, les canaux entre Pékin et le dalaï-lama restent "ouverts"

PÉKIN CORRESPONDANT

Le premier ministre chinois Wen Jiabao reste ouvert au dialogue avec le dalaï-lama. | AP/Robert F. Bukaty
AP/Robert F. Bukaty
Le premier ministre chinois Wen Jiabao reste ouvert au dialogue avec le dalaï-lama.

C'est une petite phrase peut-être sans conséquence, mais elle est en soi remarquable. En visite au Laos, lundi 31 mars, le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré, en réponse à la question d'un journaliste sur le Tibet, que "tous les canaux de communications restent ouverts entre le dalaï-lama et la Chine".

Depuis le début de la crise, alors que le pouvoir pékinois continue de traiter le chef de l'Eglise tibétaine de "séparatiste" et accuse sa "clique" d'avoir fomenté les émeutes de Lhassa, jamais un important hiérarque chinois n'avait ainsi semblé infléchir le classique discours officiel. A Pékin, des sources en contact avec les autorités affirment qu'un dialogue serait déjà en cours entre des responsables du Parti communiste chinois (PCC) et l'entourage du gouvernement en exil du dalaï-lama.

A Vientiane, capitale du Laos, Wen Jiabao a ensuite surpris en finissant par désigner le dalaï-lama par son titre complet, le terme en vigueur à Pékin étant de l'appeler simplement, avec un certain dédain, le "dalaï"... Dans la même phrase, il a appelé ce dernier à "user de son influence afin d'arrêter les violences actuelles au Tibet". Une manière inédite de reconnaître au "dalaï" une influence dans son pays d'origine, qu'il a fui en 1959.

Le premier ministre chinois a beau avoir répété que le Tibet est "une affaire intérieure chinoise" et espéré que les gouvernements et les médias étrangers puissent rester "objectifs" sur le sujet, ses déclarations laissent perplexes certains observateurs, prompts à déceler dans la petite phrase ce qu'elle révèle en creux.

Le régime s'emploierait-il à travers ces signaux d'apparence contradictoires à lancer des ballons d'essai à destination de l'étranger, à un moment de fragilisation politique ? M. Wen, conforté par son image de "visage humain" du régime, jouant dans ce cas le rôle du modéré.

Le premier ministre se fait souvent photographier devant la veuve et l'orphelin, serre les mains des malades du sida, est le premier à s'adresser à la foule dans une gare du sud de la Chine, quand, durant les fêtes du printemps, une partie du pays est bloquée par la neige.

RUPTURE DE TON

On se rappelle aussi la célèbre photo de Wen Jiabao qui le représente à la veille du massacre de la place Tiananmen, en 1989, au second plan derrière son mentor, le chef du PCC Zhao Ziyang, qui tente d'éviter un bain de sang en proposant un dialogue aux étudiants. Il sera limogé, finira sa vie en résidence surveillée. M. Wen a survécu et a été promu.

La seule question d'importance est de savoir si cette sensible rupture de ton prépare le terrain à la reprise d'un dialogue avec le dalaï-lama, ce que demande à Pékin une grande partie de la communauté internationale. Mais comment, sans perdre la face, le régime chinois pourrait-il accepter un tel dialogue après avoir refusé depuis des années, et avec une véhémence accrue, de négocier avec ce "séparatiste" ?

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 02.04.08.
 

Ecartant le boycottage des JO, l'UE appelle Pékin à dialoguer avec le dalaï-lama

Ecartant le boycottage des JO, l'UE appelle Pékin à dialoguer avec le dalaï-lama

BRDO (SLOVÉNIE) ENVOYÉ SPÉCIAL

Les pays de l'Union européenne appelle Pékin à dialoguer avec le dalaï-lama plutôt que de boycotter les JO. | REUTERS/PICHI CHUANG
REUTERS/PICHI CHUANG
Les pays de l'Union européenne appelle Pékin à dialoguer avec le dalaï-lama plutôt que de boycotter les JO.

Les Européens ont choisi de répondre avec modération à la répression exercée par les autorités chinoises à l'encontre des manifestants tibétains. Les Vingt-Sept appellent Pékin à engager le dialogue avec le dalaï-lama sur "la préservation de la langue, de la culture, de la religion et des traditions tibétaines", mais se refusent, pour le moment, à envisager toute forme de boycottage des Jeux olympiques (JO).

Réunis à Brdo, en Slovénie, samedi 29 mars, les ministres des affaires étrangères ont exprimé leur "forte préoccupation" face aux événements du Tibet et condamné l'usage de la violence. Ils ont souhaité, au nom de la "transparence de l'information", le libre accès des journalistes. Ils ont souligné que le dalaï-lama est partisan de la non-violence et qu'il demande l'autonomie du Tibet, non son indépendance.

Toute référence aux JO a été écartée. "Nous avons voulu dissocier la question des droits de l'homme de celle des Jeux olympiques", a déclaré le ministre slovène, Dimitrij Rupel, qui présidait la rencontre. "L'Union européenne (UE) n'a pas d'équipe en compétition", a-t-il ajouté. En marge de la réunion, plusieurs pays, comme la Suède, le Portugal, l'Espagne, la Grande-Bretagne, ont rappelé leur opposition au boycottage de la cérémonie d'ouverture. La Pologne, la République tchèque, l'Estonie s'y sont déclarées favorables.

La Chine a fait part de son "très fort mécontentement" après la déclaration de l'UE. "La question du Tibet est une question interne à la Chine, a affirmé un porte-parole du ministère des affaires étrangères. Aucun pays étranger ni aucune organisation internationale n'a le droit de s'y ingérer."

Thomas Ferenczi
Article paru dans l'édition du 01.04.08.
 

"Un pays qui boycotterait les JO de Pékin paierait un prix économique et commercial très lourd"

"Un pays qui boycotterait les JO de Pékin paierait un prix économique et commercial très lourd"
LEMONDE.FR | 28.03.08 | 17h34 • Mis à jour le 31.03.08 | 20h10

L'intégralité du débat avec Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques.

Pascal Boniface : Bonjour.

LAL : Pensez-vous réellement que les pays qui ont des intérêts commerciaux avec la Chine puissent boycotter les JO de Pékin ?

Pascal Boniface : Sauf en cas de dégradation très forte de la situation, on peut penser qu'un boycott des Jeux olympiques est exclu, car un pays qui prendrait l'initiative du boycott serait considéré comme non seulement inamical, mais presque comme ennemi par la Chine, et effectivement, il en paierait un prix économique et commercial très lourd. Par ailleurs, un boycott, pour être efficace, ne peut pas se faire de façon individuelle, il doit être fait de façon collective.

Carlos Cardoso : Cependant d'autres "prises de position" sont envisagées, comme par exemple le boycott de la cérémonie d'ouverture. Quelle sera la réaction probable des autorités chinoises aux prises de position possibles qui se trouveraient à la limite de ce que la charte olympique stipule ?

Pascal Boniface : Là aussi, la réponse est la même. S'il devait y avoir boycott par les chefs d'Etat et de gouvernement de la cérémonie d'ouverture, il faut que cela soit collectif, parce qu'un boycott individuel n'aurait aucun impact et serait beaucoup plus risqué. On constate par ailleurs qu'en dehors de la position des chefs d'Etat, de nombreux sportifs ont déclaré vouloir se rendre à Pékin et entreprendre là-bas une action qui attire l'attention sur la question des droits de l'homme. Et de ne pas être des acteurs muets et aveugles par rapport à la situation.

Nico : Le boycott des Jeux de Pékin pourrait-il représenter le commencement d'une future scission profonde entre les blocs occidental et chinois ?

Pascal Boniface : Une scission profonde, non. Cela ouvrirait bien sûr une crise, mais qui, comme toute crise, peut être durable ou passagère selon les réactions ultérieures des uns et des autres. Mais il est certain que cela serait ressenti comme un affront par les dirigeants chinois, et probablement par une partie de l'opinion chinoise.

LONDRES DANS UNE POSITION PARTICULIÈRE

archambau : L'Union européenne, par son poids politique et géographique, peut être influente dans le monde si elle reste unie. Or ne risque-t-elle pas une fois de plus de se décrédibiliser sur la scène internationale si les pays membres n'adoptent pas une position commune à l'égard de la Chine ?

Pascal Boniface : Oui, effectivement, il vaudrait mieux que les Vingt-Sept prennent une position commune. Outre les différences d'appréciation qu'il peut y avoir sur la façon de réagir, on a vu qu'il y a un pays qui est dans une situation tout à fait particulière, c'est la Grande-Bretagne, puisqu'elle sera le prochain hôte des Jeux. Et donc les Britanniques vont très naturellement être les plus modérés dans la réaction, parce qu'ils n'ont pas envie de subir un éventuel contrecoup en 2012. Il faudra bien trouver un compromis, car les Britanniques ne peuvent pas non plus être isolés par rapport aux autres membres de l'UE.

mehdi : En dehors des pays occidentaux, connaît-on la position diplomatique sur ce sujet des autres grands pays de la scène mondiale ? Je pense notamment à la Russie ou à l'Iran.

Pascal Boniface : Ils n'ont pas la même sensibilité que les pays occidentaux à ce qui se passe en Chine. D'une part, parce que ce ne sont pas des pays sensibles au thème de l'ingérence, ou plutôt que ce sont des pays qui ont une sensibilité négative par rapport à l'ingérence, et qui n'ont certainement pas envie d'aider diplomatiquement les pays occidentaux, ni de gêner diplomatiquement la Chine. Enfin, la Russie a très bien compris que ce qui se passe pour Pékin 2008 sert d'échauffement pour Sotchi 2014, où auront lieu les Jeux olympiques d'hiver.

ctipar : La Chine peut-elle réagir à la prise de position des sportifs durant les Jeux ?

Pascal Boniface : Elle ne réagira pas directement, mais demandera au CIO de le faire et là, bien sûr, il s'agit d'un rapport de forces. On peut exclure quelques sportifs qui font des actions, mais s'il y a des actions concertées qui en réunissent des centaines, il sera très difficile pour le CIO de sévir.

JAA : Quel regard portez-vous sur l'action de Reporters sans frontières ?

Pascal Boniface : C'est une opération spectaculaire par définition, donc qui est dans la lignée de l'action de Reporters sans frontières. Mais cette action spectaculaire ne doit pas masquer une réflexion approfondie de RSF, qui est passée d'une demande de boycott en 2001 à une demande de participation active aujourd'hui.

Richard : Le boycott pourrait-il avoir de réelles conséquences sur l'évolution de la Chine en général, et sur l'avenir du Tibet en particulier ?

Pascal Boniface : En fait, il faut se méfier des réponses manichéennes à cette question. Dire que l'attitude du monde extérieur n'a aucune conséquence n'est pas exact, mais penser que l'on peut faire des injonctions à l'égard de la Chine ne l'est pas non plus. Donc, dans l'affaire, il faut analyser au plus juste comment peser sur la Chine sans la braquer et comment adapter des positions et des actions qui ne se traduisent pas par une crispation nationaliste de la Chine. Et dire cela ne veut pas dire ce qu'ont tenté de faire les communiqués : ne rien faire.

LE BOYCOTT CONCERNANT L'AFRIQUE DU SUD A ÉTÉ LE SEUL EFFICACE

jackrace_1 : Les boycotts des Jeux de Moscou ou de Los Angeles ont-ils été efficaces ?

Pascal Boniface : Oui, pour permettre au pays organisateur d'avoir plus de médailles qu'il n'en aurait eu sinon. On peut cependant distinguer les deux cas. Dans le cas du boycott des Jeux de Moscou de 1980, ça a été une mesure au départ vexante et humiliante pour les Soviétiques, qui voulaient faire des Jeux un triomphe. Mais au final, une fois passée la déception, ils en ont profité pour gagner plus dans des Jeux moins universels. Et on peut dire que le boycott de 1984 a eu moins d'impact encore, dans la mesure où il a été très largement analysé comme la réponse du berger à la bergère. Et qu'il a permis un triomphe sportif aux Etats-Unis.

On parle toujours d'un boycott sportif qui a été efficace, c'est celui concernant l'Afrique du Sud de l'apartheid. Mais il faut se rappeler que le boycott sportif s'est accompagné d'un boycott économique très largement suivi. Et que ce boycott économique a joué beaucoup plus que le boycott sportif. Je n'entends encore personne proposer un boycott économique de la Chine.

Mehdi : Les dirigeants chinois n'auraient-ils pas occulté trop vite les risques que l'organisation d'une telle compétition impliquent pour un système comme le leur ?

Pascal Boniface : Je pense qu'ils ont sous-estimé l'ampleur des conséquences de la médiatisation de l'organisation d'un tel événement. Ils ont en vu les aspects positifs et en ont mésestimé les aspects potentiellement dangereux pour eux. En organisant les Jeux, ils ont attiré la lumière sur eux, c'était le but recherché. Mais l'effet non recherché, c'est qu'ils ont également attiré la lumière sur des aspects qu'ils auraient préféré garder secrets ou discrets. Car finalement, la répression chinoise au Tibet n'est pas nouvelle, et si l'on parle plus du Tibet aujourd'hui qu'auparavant, c'est bel et bien parce que les Jeux vont être organisés à Pékin au mois d'août.

ctipar : La Chine a-t-elle intérêt à étouffer tout ce qui pourrait se passer au Tibet (ou ailleurs) d'ici aux JO, ou vaut-il mieux pour elle jouer une certaine transparence vis-à-vis des médias étrangers, comme elle a tenté en vain de le faire récemment ? Je pense à la visite organisée et perturbée pour vingt-six journalistes étrangers.

Pascal Boniface : La transparence est préférable à condition qu'elle soit possible et qu'elle soit crédible. Donc l'urgence pour Pékin est bien sûr de ramener le calme, mais pas au prix d'une répression qui attirerait encore plus l'attention sur son comportement.

jack : Les Jeux olympiques vont-il devenir le moyen de montrer au monde entier les problèmes de politique intérieure des pays organisateurs ?

Pascal Boniface : Tout événement mondial médiatisé sera ce type d'occasion, et dès qu'un pays sera l'hôte d'un événement à forte valeur par rapport aux opinions publiques, plus il devra faire attention aux éventuelles zones d'ombre qu'il ne veut pas montrer, et il sera de plus en plus difficile à des pays dont le comportement est contesté d'organiser ce type d'événement sans le payer d'un prix fort en termes d'opinion. C'est l'une des conséquences de l'importance croissante du rôle des opinions publiques sur la politique internationale.

Richard : Lié au boycott des JO, des gens, sur des forums, suggèrent aussi un boycott économique du "made in China". Qu'en pensez-vous ?

Pascal Boniface : Comme pour le reste, pour être efficace, il faut qu'il soit très largement répandu et il faut qu'il y ait une adéquation entre le citoyen et le consommateur. Mais on voit souvent que le consommateur n'a pas les mêmes réflexes que le citoyen.

pleu : Le boycott entraînerait-il un regain de confiance des pays limitrophes permettant de débloquer les quelques conflits de la région, comme les Ouïgours dans l'ouest du pays, ou l'Inde au sujet du Cachemire ?

Pascal Boniface : Il est évident que s'il y avait un boycott, cela rendrait le gouvernement chinois plus crispé. Et en même temps, n'ayant plus à craindre de pression extérieure, il se sentirait les mains plus libres. Par ailleurs, un boycott aurait pour conséquence une dégradation du climat international qui, par définition, aura des conséquences négatives dans la région.

Turambar : Quel avenir pour le Tibet après les Jeux ?

Pascal Boniface : Il y a un scénario impossible, c'est l'indépendance. Les Chinois ne l'admettent pas et les Tibétains ne le revendiquent pas. Cela posé, il reste deux scénarios majeurs : soit les Chinois comprennent que la satisfaction de la demande d'autonomie culturelle des Tibétains n'est pas dangereuse pour eux d'un point de vue stratégique, et peut leur faciliter la vie d'un point de vue politique ; et dans ce cas-là, la situation peut s'améliorer.

Soit ils maintiennent une attitude crispée, et ils en paieront toujours un prix assez lourd en termes d'image internationale, parce que si les Tibétains ne sont pas le seul peuple opprimé sur la planète, ils sont, parmi les peuples opprimés, celui qui a la meilleure image.

Guillaume : Quel avenir pour la Chine après les Jeux de Pékin ?

Pascal Boniface : Là encore, on ne peut pas répondre de façon tranchée. C'est une question de proportion, pas une question de "oui" ou "non". La Chine est à la fois acceptée et critiquée dans la communauté internationale. Tout est affaire de proportion. A l'heure actuelle, la part de critiques est plus forte, bien sûr.

Maha : Est-ce que les réactions actuelles de certains gouvernements occidentaux représentent une soudaine prise de conscience de la situation entre la Chine et le Tibet, ou est-ce simplement un effet de mode qui prendra fin avec la clôture des JO ?

Pascal Boniface : C'est plutôt une réaction par rapport aux campagnes d'opinion, où les gouvernements ont suivi le train de l'opinion.

Richard : Qui revendique alors l'indépendance du Tibet ?

Pascal Boniface : Pas le dalaï-lama, pas la majorité des Tibétains. Quelques éléments isolés peuvent la réclamer. Il faudrait étudier de plus près la représentativité de ceux-ci. D'ailleurs, on parle beaucoup de ceux qui réclament le boycott, mais ils sont très minoritaires. Les grandes organisations de défense des droits de l'homme ne réclament pas le boycott, pas plus que le dalaï-lama. Comme ils prennent des positions radicales, on les voit plus, mais ils sont loin d'avoir une très forte audience.

Djan59 : Le boycott serait certes un geste symbolique très fort mais n'aurait d'effet que sur le court terme. Quels seraient, selon vous, les moyens de pression qui feraient que la Chine respecterait définitivement les droits de l'homme ?

Pascal Boniface : Rêver que la Chine respecte définitivement les droits de l'homme à court ou long terme sur injonction des pays occidentaux relève de l'illusion. Et il faut sortir du schéma où l'on donne des instructions à un autre pays pour qu'il s'y conforme. Tout simplement parce que ce schéma n'est plus opératoire et qu'on n'est plus dans la situation où l'on puisse, fût-ce au nom de la morale, donner des ordres à un autre pays, surtout que notre morale est parfois considérée comme étant à géométrie variable.

Greeddo : Dans le cas d'un scénario extrême – aggravation de la répression chinoise au Tibet, puis détérioration des tensions internationales, puis boycott total par plusieurs pays "majeurs" –, est-il concevable d'envisager une hausse des tensions pouvant aller jusqu'à un conflit armé au niveau mondial ?

Pascal Boniface : Par définition, rien ne peut être exclu. Mais ce scénario me paraît beaucoup plus radical que probable.

Chat modéré par Luc Vinogradoff