2008年5月4日日曜日

Les émissaires du dalaï-lama ont débuté des entretiens avec les autorités chinoises

Les émissaires du dalaï-lama ont débuté des entretiens avec les autorités chinoises

L'étau se resserre sur les Tibétains du Népal, soumis à la pression de Pékin

L'étau se resserre sur les Tibétains du Népal, soumis à la pression de Pékin

KATMANDOU ENVOYÉ SPÉCIAL

Un manifestant pro-Tibet après son arrestation par la police népalaise à Katmandou devant l'ambassade chinoise, vendredi 2 mai. | AP/EMILIO MORENATTI
AP/EMILIO MORENATTI
Un manifestant pro-Tibet après son arrestation par la police népalaise à Katmandou devant l'ambassade chinoise, vendredi 2 mai.


Palden et Dondhup sont assis sur les marches poussiéreuses d'une échoppe qui vend des friandises. Ils sont là, oisifs, à regarder les passants arpenter la ruelle pavée de briques. "Il n'y a pas grand-chose à faire ici", souffle Palden. "Ici", c'est le camp de réfugiés du quartier de Jawalakhel à Katmandou, un gros pâté de maisons en ciment hérissées des drapeaux à prière qui signent l'identité tibétaine.

Deux cents familles, ayant fui le Tibet pour le Népal au début des années 1960, y vivent en vase clos. Des fils électriques pendent le long des façades. Le chômage y est massif chez les jeunes, dont les plus désoeuvrés tuent l'ennui dans des salles de jeux vidéo, et succombent parfois à la drogue.

Palden, 41 ans, vêtu d'un blouson de cuir, arbore un crâne rasé. Quand on lui demande le sens d'une tonte si parfaite, il pointe l'index vers une affichette intitulée "Les dix raisons pour lesquelles je me suis rasé", collée sur le mur de l'échoppe. "J'exprime ma solidarité avec la lutte pour la liberté du Tibet (...), j'ajoute ma voix à celle des braves moines qui ont défié la police chinoise", peut-on lire.

Au Népal, porte de sortie de Chine, vivent 20 000 membres de la diaspora tibétaine, la plus importante après celle de Dharamsala, en Inde.

L'ami de Palden, Dondhup, ne s'est pas encore rasé. Il exhibe ses convictions grâce au tatouage de ses biceps. Un "Save Tibet" et les couleurs du drapeau tibétain s'étalent sur sa peau cuivrée. Dondhup (33 ans) est le fils d'un guerrier khampa, ces cavaliers tibétains qui guerroyèrent contre l'armée chinoise dans les années 1950 avant de se replier sur la base de Mustang, au Népal, où ils reçurent armes et instruction de la CIA pour harceler l'Armée populaire de libération.

Son père, vétéran octogénaire à la barbichette neigeuse, est assis au bout de la rue sur un tabouret en osier tressé. Il narre ses exploits de vieux guerrier, un chapelet roulant entre ses doigts fripés. "Je rêve de retourner au Tibet avant ma mort", confesse-t-il, une étincelle d'émotion dans le regard.

Palden et Dondhup n'ont pas d'armes, mais ils poursuivent le combat à leur manière. A la mi-mars, ils étaient de toutes les manifestations à Katmandou dénonçant la répression chinoise. Les matraques de la police népalaise ont été brutales. "Le gouvernement népalais soutient Pékin, pas les Tibétains", grince Palden.

C'est la politique étrangère du Népal : accommodant envers Pékin pour mieux contrebalancer une influence indienne jugée envahissante. Les Tibétains du Népal font les frais de ce jeu d'équilibre. Depuis la fin des années 1990, Katmandou a cessé d'accorder le statut de réfugié aux Tibétains, condamnant un tiers de la communauté à la précarité juridique et exposant au risque de refoulement les transfuges fuyant le Tibet chinois (environ 2 500 par an).

En 2005, le bureau du représentant du dalaï-lama a été fermé, ce qui ne l'a pas empêché d'opérer officieusement. Cette tolérance est aujourd'hui menacée. Les récents rassemblements antichinois ont été dispersés manu militari sous la pression de Pékin. "A proximité de l'ambassade chinoise, j'ai vu des diplomates chinois donner des ordres à la police népalaise", raconte un Tibétain.

Les Tibétains de Katmandou se montrent donc plus prudents mais ne renoncent pas. Aux attroupements sur la voie publique, devenus trop périlleux, ils préfèrent les jeûnes collectifs ou des assemblées de prière. Ce jour-là, ils sont 400 dans la cour d'un centre social tibétain situé près du sanctuaire de Bouddhanath. Assis en tailleur sous une bâche en plastique bleu, hommes et femmes, jeunes et vieux, moines et laïques, moulins à prière tournoyant au poing, psalmodient en choeur les mantras bouddhistes diffusés par la sono. La clameur s'élève, bourdonnement obsédant.

Nima s'y est associé. Casquette, jean et baskets, ce jeune Tibétain est arrivé au Népal en 2006. A Lhassa, la capitale du Tibet chinois, il était vendeur de peau de yak. Il n'y supportait plus l'atmosphère, "la domination de l'économie par les Chinois", "la marginalisation de la langue tibétaine". Surtout, il voulait "voir le dalaï-lama à Dharamsala, un vieux rêve".

Il a donc tenté l'aventure, payé un passeur, marché la nuit dans la neige, rampé sous les faisceaux des projecteurs de l'armée chinoise à la frontière. Une fois au Népal, il a filé à Dharamsala pour réaliser son "vieux rêve". "Quand j'ai approché le dalaï-lama, j'ai pleuré", dit-il. Depuis le soulèvement du Tibet, la frontière est devenue étanche. Le nombre de transfuges est en chute libre. On ne passe quasiment plus au Népal.

Frédéric Bobin
Article paru dans l'édition du 04.05.08.
 

Les autorités belges soupçonnent la Chine d'espionner leurs réseaux informatiques

Les autorités belges soupçonnent la Chine d'espionner leurs réseaux informatiques

BRUXELLES CORRESPONDANT


Les services belges de renseignement civils et militaires enquêtent sur des attaques dirigées depuis quelques semaines contre les réseaux informatiques des autorités fédérales. Ces tentatives de piratage sont apparemment conduites depuis la Chine. Jo Vandeurzen, ministre de la justice, a confirmé, vendredi 2 mai, que le gouvernement belge soupçonne Pékin sans avoir pu fournir, jusqu'ici, de preuves définitives. Mais "le contexte et toutes les pistes mènent vers la Chine", souligne le ministère de la justice qui dit, par ailleurs, ignorer si les pirates ont atteint leur but. Selon M. Vandeurzen, le rôle de la Belgique en Afrique centrale et le fait que Bruxelles abrite à la fois l'OTAN et l'Union européenne (UE) expliqueraient l'intérêt très particulier des autorités chinoises.

"Une enquête est en cours, mais nous avons plus que des soupçons", indique de son côté un porte-parole du ministère belge des affaires étrangères. Il y a quelques semaines déjà, le ministre Karel De Gucht avait indiqué au Parlement que son département était l'objet d'attaques ciblées, sans doute menées par des services chinois. A la Sûreté de l'Etat, les services de renseignement civils, on parle d'une "menace réelle".

ACTIVITÉS AUX PAYS-BAS

Les autorités belges s'étaient jusqu'ici montrées discrètes sur les tentatives d'espionnage menées par la Chine sur leur territoire. En 2005, des informations quant à l'existence d'un réseau multinational de renseignement piloté depuis la Belgique sont restées sans suite. Une association d'étudiants chinois, particulièrement active à l'université flamande de Louvain, avait été montrée du doigt. Elle servait apparemment de façade à un réseau de collecte d'informations dans les domaines scientifique, pharmaceutique et technologique. Dans d'autres Etats européens, des associations d'étudiants et de stagiaires chinois directement liées à la diplomatie de leur pays font l'objet de beaucoup d'attention. A Pékin, le ministère de la sécurité publique et une branche spéciale du renseignement militaire contrôleraient ces associations, affirme un expert de l'UE.

La Belgique n'est pas la seule visée en Europe. Au début d'avril, les services de renseignement néerlandais (AIVD) avaient souligné la forte croissance des activités d'espionnage chinoises (et russes) aux Pays-Bas. De fortes pressions seraient exercées, dans ce pays, sur des membres de la diaspora chinoise afin qu'ils obtiennent des informations sur les réseaux de technologies de l'information et les "structures vitales du pays", affirmait l'AIVD.

En août 2007, la chancelière allemande Angela Merkel avait confié au président chinois son inquiétude quant à la résurgence des activités d'espionnage dans son pays. Le ministère chinois des affaires étrangères avait, par la suite, évoqué des accusations "sans fondement". Plusieurs départements ministériels britanniques ont également eu affaire à des tentatives d'espionnage, menées notamment par l'armée chinoise. Aux Etats-Unis, le FBI affirme que l'espionnage au profit de Pékin croît de 20 % à 30 % par an. Il vise essentiellement le secteur des technologies civiles.

Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 04.05.08.
 

En France, le gouvernement prévoit aussi un dispositif de surveillance des ordinateurs

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Un groupe d'armement français est suspecté par la justice d'espionnage et de corruption

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Macao, le grand casino chinois

Macao, le grand casino chinois

La presse chinoise révèle un nouveau scandale d'enfants esclaves

La presse chinoise révèle un nouveau scandale d'enfants esclaves

Deux jeunes Chinoises escortées à la sortie d'une usine à Dongguan, où elles travaillaient pour 35 centimes l'heure.
AP
Deux jeunes Chinoises escortées à la sortie d'une usine à Dongguan, où elles travaillaient pour 35 centimes l'heure.
PÉKIN ENVOYÉ SPÉCIAL


Un millier d'enfants esclaves, âgés de 9 à 16 ans, exploités pour 35 centimes d'euros l'heure dans plusieurs villes de la province de Canton, ont été libérés en début de semaine, ont révélé, mercredi 30 avril, des médias chinois.

Le quotidien Nanfang Dushibao précise que les enfants travaillaient dans des usines de Dongguan, Shenzhen et Huizhou, dont une grande partie de l'économie repose sur l'exportation. Le même quotidien écrit que 167 d'entre eux ont déjà été délivrés pour la seule ville de Dongguan, tandis que 3 629 entreprises employant 450 000 ouvriers ont été visitées par la police.


Des scandales de ce genre éclatent régulièrement en Chine, mais la plupart des "esclavagistes" restent impunis, l'ampleur de cette exploitation de main-d'oeuvre très bon marché étant souvent la résultante de la collusion entre autorités locales du Parti communiste chinois, entrepreneurs et policiers.

Au mois de juin 2007, une autre affaire de ce type avait été largement évoquée par les journaux chinois et la télévision, provoquant une grande émotion dans l'opinion. 570 "ouvriers esclaves", dont 41 enfants, avaient été découverts travaillant dans des conditions abominables dans des briqueteries de la province du Shanxi, au sud-ouest de Pékin.

Enfermés la nuit dans des dortoirs-prisons, gardés par des chiens-loups, ils étaient nourris de quelques petits pains de maïs par jour et souvent frappés s'ils ne travaillaient pas assez vite. Des recruteurs leur avaient fait miroiter un travail bien payé, et des hommes de main de la mafia en avaient drogué certains pour les faire venir.

Le patron de l'une des briqueteries où avaient été retrouvés des dizaines de ces esclaves, Wang Bingbing, n'était autre que le fils du responsable local du Parti. L'un des gardes de l'entreprise, Zhao Yanbing, accusé d'avoir tué un ouvrier, a été condamné à mort.

Les autorités de la province de Canton tentent de minimiser l'ampleur du scandale. Le maire adjoint de Dongguan, Li Xiaomei, a affirmé au Nanfang Dushibao que sur les "3 000 usines que nous avons déjà inspectées, nous n'avons pas découvert d'utilisation sur une grande échelle du travail des enfants".

La plupart des enfants rescapés viennent de la province du Sichuan, une province pauvre du Sud-Ouest chinois, où des organisations mafieuses avaient convaincu leurs parents des possibilités de travail dans la région de Canton...

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 03.05.08.
 



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