L'environnement s'est progressivement imposé aux sommets du G8

Le langage employé, mardi 8 juillet, par le G8 à Toyako décevra tous ceux qui pensent que, face au défi immense qu'est la crise écologique mondiale, les chefs d'Etat sont trop prudents et trop manœuvriers. Mais un regard historique montre qu'il marque en réalité une évolution impressionnante au long des années. Si l'on reprend le texte des communiqués officiels des réunions du G8 depuis leur début en 1975, on constate combien cette préoccupation, d'abord ignorée, a grimpé l'échelle des priorités politiques jusqu'à atteindre un des tout premiers rangs.
Ce n'est qu'en 1983 que le groupe des pays les plus riches évoque l'environnement, au détour d'une phrase. La question de l'environnement disparaît ensuite, puis revient en force en 1987 : les chefs d'Etat mentionnent la couche d'ozone, les forêts tropicales, les pluies acides, les espèces en danger, les pollutions, et le changement climatique, dont c'est la première apparition sur la scène du G7 – la Russie n'en est pas encore membre. Le changement climatique est à nouveau mentionné en 1988. Et la réunion de 1989 détaille longuement la crise écologique, évoquant "la limitation des émissions de dioxyde de carbone". Le climat revient dès lors à chaque sommet, faisant écho aux négociations qui conduisent à la Convention sur le changement climatique, signée en 1992, puis se poursuivent pour élaborer le protocole de Kyoto, signé en 1997.
Mais l'envol est cassé en 2002, avec l'arrivée de George Bush à la présidence des Etats-Unis. Cette année-là, le changement climatique n'est même pas mentionné dans le communiqué final du G8. Il l'est à peine en 2003, disparaît en 2004, avant de s'imposer en 2005, sous l'impulsion du premier ministre britannique de l'époque Tony Blair. Le communiqué est même accompagné d'un "plan d'action" sur le climat et l'énergie. En 2007, l'idée de réduire de moitié les émissions en 2050 est clairement exprimée, et confirmée en 2008.
Le pas est d'importance. Il confirme que ce chiffre va fournir le cadre de la négociation finale sur la suite du protocole de Kyoto, qui arrive à échéance en 2012. Lors de la conférence de Bali en décembre 2007, cet objectif de 50% avait failli s'imposer dans les débats, avant d'être refoulé par le barrage américain. Mais la confirmation du G8 signifie que le chiffre est bien sur la table, et sera discuté lors des réunions de Poznan (Pologne), en décembre, et de Copenhague, en 2009. A cette date, le traité qui prendra la suite du protocole de Kyoto devra être élaboré.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre par l'ensemble des pays de la planète en 2050 implique une réduction très forte (de l'ordre de 80%) par les pays industrialisés, mais aussi l'engagement des grands pays émergents – Chine, Inde et Brésil – à contenir leurs émissions, voire à les réduire à terme.
La clé reste la position des Etats-Unis. Ils avaient refusé de ratifier le protocole de Kyoto, que M. Bush a ensuite tenté, sans succès, de détruire. Les candidats à la Maison Blanche, John McCain et Barack Obama, admettent tous deux la nécessité de réduire les émissions de leur pays. La conclusion du G8 leur prépare favorablement le terrain.