Pékin veut encore croire à sa victoire sur la pollution

La pollution à Pékin reste supérieure aux normes internationales fixées par l'Organisation mondiales de la santé (OMS) et aux engagements pris, en 2001, au moment de l'attribution des Jeux olympiques, affirme mardi 8 juillet la BBC. Après avoir effectué pendant une semaine des mesures de qualité de l'air dans la ville hôte des Jeux olympiques, qui se dérouleront du 8 au 24 août, la radio britannique a constaté que "la ville échouait à respecter les recommandations sur la qualité de l'air de l'OMS six jours sur sept". Cela saute aux yeux ces derniers jours : la ville est baignée dans un épais nuage, combinaison de brume et de pollution.
Bien conscientes de l'urgence de la situation, les autorités chinoises ont demandé aux habitants qui le peuvent de travailler depuis chez eux, et aux entreprises de réduire leurs heures d'ouverture. Du 20 juillet au 20 août un système de circulation alterné va être mis en place. Mardi, le bureau de la protection de l'environnement est une nouvelle fois intervenu pour apaiser les esprits :"nous sommes confiants, nous serons en mesure d'assurer la qualité de l'air", a déclaré une responsable, Zhai Xiaohui. Les autorités pensent notamment pouvoir réduire de 45 % la circulation pendant la période des jeux (et de 63 % les émissions de polluants), tandis que les véhicules les plus polluants sont déjà bannis de la capitale et que de nombreuses usines et entreprises ont été délocalisées ou temporairement fermées.
"LE TAUX D'ABANDON À PÉKIN SERA TRÈS IMPORTANT"
Ces mesures sont cependant insuffisantes puisque Pékin reste tributaire des émissions polluantes des régions environnantes et donc des aléas météorologiques. "Il est impossible de présager scientifiquement du résultat sur la qualité de l'air. La météo restera un facteur déterminant", estime Benjamin Guinot, chercheur français spécialiste de la pollution atmosphérique.
Critique pour les habitants, la situation l'est aussi pour les athlètes, dont les performances pourraient être affectées par des pics de pollution. "Les conditions seront très, très cruelles", s'inquiétait récemment l'ancien marathonien australien Robert de Castella, estimant que "le taux d'abandon à Pékin sera très important". Avant lui, le recordman du monde de la discipline, l'Ethiopien Haile Gebreselassie avait indiqué ses inquiétudes : "La pollution est un réel problème pour courir le marathon encore plus que pour d'autres épreuves. Courir pendant plus de deux heures dans ces conditions est vraiment très, très difficile. La pollution est vraiment le principal problème à Pékin. C'est un sujet qui va au-delà de l'organisation des Jeux olympiques : les gens qui habitent ici en souffrent vraiment."
PAS DE MASQUES PENDANT LES COURSES
Quelle parade pour les athlètes ? "De nombreuses personnes m'ont conseillé de porter un masque. Désolé, mais je ne peux pas faire ça !", a déclaré lundi Tyson Gay, champion du monde du 100 mètres et du 200 mètres. Le comité olympique américain a d'ailleurs proscrit l'utilisation de masques antipollution pendant les courses afin de ne pas froisser l'hôte chinois. Certains, comme la championne du monde australienne du 400 mètres haies, Jana Rawlinson, ou le tenant du titre olympique sur 400 mètres et champion du monde de la distance, Jeremy Wariner, ont annoncé leur intention de se préparer au rendez-vous olympique loin de Pékin.
Si un récent rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (octobre 2007), portant sur l'évolution de la situation à Pekin entre 2000 et 2006, soulignait les "inquiétudes légitimes" pour la santé des athlètes, les avis des professionnels du sport sont assez nuancés. "Ce n'est pas les conditions optimales pour faire les meilleures performances", reconnait le professeur Huchon, interrogé sur RFI, qui pointe particulièrement les risques pour les athlètes souffrant d'asthme. Sur RMC, le Dr Eric Jousselin, médecin-chef à l'INSEP (Institut du sport français) rappelle cependant que les athlètes sont préparés à ces conditions difficiles : "Les sportifs vont certainement souffrir d'irritations variées, comme à chaque fois que l'on se déplace dans un endroit nouveau." "Mais ce sont des gens qui ont malheureusement l'habitude de courir dans des conditions difficiles", explique-t-il.
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