2008年1月17日木曜日

L'Inde veut renforcer sa relation avec la Chine

L'Inde veut renforcer sa relation avec la Chine
LE MONDE | 16.01.08 | 14h43 • Mis à jour le 16.01.08 | 14h43
PÉKIN CORRESPONDANT


AFP/FREDERIC J. BROWN
Le premier ministre indien Manmohan Singh (g.) et son homologue chinois Wen Jiabao au Palais du peuple à Pékin, le 14 janvier 2008.



La visite du premier ministre indien, Manmohan Singh, en Chine, du dimanche 13 au mardi 15 janvier, a confirmé la volonté des deux "géants" de l'Asie de renforcer leur "partenariat stratégique". Les anciens ennemis s'opposent néanmoins toujours sur un différend frontalier vieux de près d'un demi-siècle.


Au dernier jour de sa visite, mardi, M. Singh a créé la surprise en proposant à la Chine une coopération dans le domaine nucléaire. "La croissance rapide de l'Inde et de la Chine va conduire à une demande de plus en plus grande en énergie. L'Inde recherche une coopération internationale en matière de nucléaire civil, y compris avec la Chine", a-t-il déclaré, mardi, devant l'Académie des sciences sociales.

L'Inde chercherait ainsi à diversifier ses relations en matière nucléaire depuis la signature, en août 2007, d'un accord de coopération avec les Etats-Unis. Le message pourrait être double. Il s'agirait d'une part de rassurer son voisin chinois contre une éventuelle expansion de l'influence américaine dans la région ; d'autre part, le premier ministre indien chercherait à apaiser les inquiétudes du Parti communiste indien, farouchement opposé à l'accord avec Washington, et qui menace de déclencher une crise politique à New Delhi en retirant son soutien à la coalition gouvernementale dirigée par le Parti du Congrès. Cette hostilité des communistes a jusqu'à présent compromis la mise en oeuvre de l'accord indo-américain.

Le premier ministre avait auparavant signé avec son homologue chinois, Wen Jiabao, un accord de coopération globale intitulé "Une vision commune pour le XXIe siècle" qui concerne aussi bien le domaine militaire, le désarmement, le terrorisme, la religion ou le commerce.

Sur le plan économique, les relations entre Pékin et New Delhi sont au beau fixe et les objectifs de la croissance des échanges sont régulièrement atteints, voire dépassés. Le commerce bilatéral a frôlé la quarantaine de milliards de dollars en 2007 et, durant la visite de M. Singh, les responsables chinois et indiens se sont promis d'atteindre les 60 milliards à l'horizon 2010.

L'Inde s'inquiète cependant du creusement de son déficit commercial avec la Chine, qui s'est chiffré à 9 milliards de dollars en 2007. Avant son départ pour Pékin, M. Singh avait estimé, devant des médias chinois, que sa venue en Chine relevait d'une "nécessité impérative".

Pourtant, avant cette visite, la première d'un premier ministre indien en cinq ans, les observateurs avaient été avertis qu'elle ne donnerait lieu à aucune avancée spectaculaire sur le différend frontalier. "A la différence de précédentes visites de dirigeants indiens en Chine, il n'y a pas, cette fois-ci, d'ambition d'atteindre des sommets de réussite", avait estimé Alka Acharya, le responsable du département des études de l'Asie de l'Est à l'université Jawaharlal-Nehru de New Delhi.

La question frontalière est le principal obstacle à une relation plus étroite entre ces deux voisins qui ont besoin l'un de l'autre, mais ne sont pas encore parvenus à un degré de confiance mutuel suffisant, en dépit de signes encourageants comme l'organisation d'exercices militaires entre soldats indiens et chinois dans la province du Yunnan en décembre. L'héritage de la courte mais sanglante guerre de 1962 reste lourd. L'Armée populaire de libération chinoise avait humilié les troupes indiennes en menaçant de poursuivre son avance vers Calcutta.

Depuis, l'Inde estime que la Chine occupe illégalement 38 000 km2 de son territoire dans une zone du nord-ouest, près de l'Etat du Jammu-et-Cachemire, tandis que la Chine revendique l'Etat de l'Arunachal-Pradesh, situé dans le nord-est de l'Inde.

En dépit de multiples discussions bilatérales de haut niveau, les différences d'approche n'ont jamais été surmontées. Comme l'avait indiqué, avant l'arrivée de M. Singh à Pékin, le quotidien China Daily, l'espoir qu'un tel différend puisse être résolu durant cette visite était "irréaliste".

En choisissant d'axer ce séjour sur les questions des échanges économiques, la Chine et l'Inde ont choisi de mettre de côté le problème frontalier pour ne pas porter préjudice à leurs relations commerciales. Comme l'a assuré l'ambassadeur indien en Chine, Nirupama Rao, au China Daily, "notre premier ministre a répété plusieurs fois qu'il y a assez de place pour l'émergence de l'Inde et de la Chine".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.01.08.

 

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