2008年1月15日火曜日

A Shanghaï, les "cols blancs" manifestent contre l'extension d'un train à grande vitesse

A Shanghaï, les "cols blancs" manifestent contre l'extension d'un train à grande vitesse
LE MONDE | 14.01.08 | 14h56 • Mis à jour le 14.01.08 | 14h56
SHANGHAÏ CORRESPONDANT


REUTERS/NIR ELIAS
Une manifestation contre l'extension du train à grande vitesse, le Maglev, à Shanghaï, le 12 janvier 2008.

Agglutinés par petits groupes le long des centres commerciaux de la Nanjing Donglu, la grande rue piétonne au centre de Shanghaï, noire de monde en ce dimanche 13 janvier, ils se déplacent de quelques mètres chaque fois que les policiers leur demandent de circuler. Pas de slogans ni de banderoles : juste une tranquillité obstinée qui s'interrompt seulement quand des policiers fendent la foule pour s'emparer d'un homme. On entend alors des sifflements. Des téléphones portables dépassent des têtes pour capturer l'altercation.


La plupart des "manifestants" habitent l'arrondissement de Minhang, une nouvelle banlieue pour "cols blancs" située dans le sud-ouest de Shanghaï, désignée par la municipalité pour accueillir une extension du Maglev, le train à sustentation électromagnétique reliant déjà l'aéroport international à l'est de la ville et dont la vitesse atteint 400 km/h sur son tronçon le plus rapide. "C'est une nouvelle technologie ; on ne connaît pas les effets sur la santé des radiations. Pourquoi devons-nous servir de cobayes ?" dit une jeune femme. La ligne doit être construite à une vingtaine de mètres des habitations alors qu'en principe, les règles de prudence pour ce Maglev, de technologie allemande - dont la seule application commerciale au monde est celle de Shanghaï -, exigeraient une zone verte tampon d'au moins 150 mètres. La veille, ils avaient été bien plus nombreux, plusieurs centaines, à crier leur mécontentement devant le siège du gouvernement, exhibant quelques pancartes avant que les policiers ne fassent monter une partie des manifestants dans des bus.

"ON N'A PAS CONFIANCE"

Au printemps 2007, le mécontentement des gens de Minhang avait déjà conduit la municipalité à suspendre le projet. Fin décembre, elle a proposé de limiter la vitesse du train en zone habitée et annoncé un nouveau tracé après deux semaines de consultation. "On n'a pas confiance dans leur manière de faire", dit un manifestant. "J'ai un bébé de trois mois ; on s'inquiète des risques du Maglev. Si on vend, on ne pourra pas acheter l'équivalent, et les prix des logements vont baisser à cause du projet de ligne", poursuit cet ingénieur en électronique, originaire de la province du Liaoning et nouvellement propriétaire, comme la plupart des manifestants.

Tous citent en exemple la manifestation de Xiamen (province du Fujian), en juin 2007, lorsque des milliers de gens étaient descendus dans la rue pour protester contre l'implantation d'une raffinerie en bordure de la ville. L'événement, étouffé par les médias mais largement diffusé sur Internet, a marqué les esprits comme l'une des premières manifestations à grande échelle des nouvelles classes moyennes urbaines contre des projets ressentis comme trop ambitieux et dangereux pour leur environnement. "J'ai un ami qui habite Minhang. Je ne suis pas d'accord pour que le gouvernement se comporte comme ça, je suis venu aussi", dit un autre homme.

Brice Pedroletti
Article paru dans l'édition du 15.01.08.
 

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