LE MONDE | 25.10.07 | 15h51 • Mis à jour le 25.10.07 | 15h51
PÉKIN CORRESPONDANT

La Chine a lancé avec succès son premier satellite d'exploration lunaire, inaugurant un ambitieux programme visant à envoyer un astronaute sur la Lune vers 2020.

Baptisé Chang'e, du nom d'une déesse de la mythologie chinoise, le satellite d'exploration de la Lune doit être propulsé par un lanceur Longue Marche 3-A, depuis la base de Xichang, dans le Sichuan.

Le satellite doit prendre des images en trois dimensions de la Lune pour préparer l'installation à terme d'une base, soulignent les spécialistes.
"Voler vers la Lune est le désir le plus cher de la nation", a proclamé l'agence de presse officielle Chine nouvelle, mercredi 24 octobre, après le lancement réussi de la première sonde chinoise d'exploration spatiale. L'engin spatial Chang'e-1 - baptisé d'après le mythe de la fée du même nom qui aurait volé le secret de l'immortalité avant de se réfugier sur la lune - a décollé de la base de lancement de Xichang, au Sichuan, à 6 h 05, propulsé par une fusée Longue marche.
Le lancement de cette sonde, dont l'une des missions est de prendre des photos en trois dimensions du relief lunaire, s'inscrit dans l'ambitieux programme spatial chinois qui a pour objectif l'envoi d'un homme sur la Lune vers 2020. En 2003, l'astronaute Yang Liwei était devenu le premier Chinois envoyé dans l'espace à bord d'une capsule spatiale. Deux autres suivront en 2005. Le succès du début de la mission de Chang'e-1, qui s'est séparé de la fusée une trentaine de minutes après le décollage, a été salué par la presse officielle et par le président Hu Jintao lui-même. Si tout continue de bien se passer, la sonde devrait se placer en orbite lunaire vers le 5 novembre.
"L'exploration de la Lune est le symbole de la force de notre nation", a déclaré le responsable du programme lunaire Ouyang Ziyuan, estimant que ces missions sont "très importantes pour élever le niveau de notre prestige international et (renforcer) l'unité du pays".
"MA TERRE NATALE"
Interrogé par l'agence Chine nouvelle, un autre responsable du programme, Luan Enjie, a reconnu que l'on assistait à une "nouvelle vague d'une course à l'exploration lunaire", après le lancement d'une sonde lunaire par le Japon en septembre et la préparation d'une mission similaire par l'Inde en 2008. Mais M. Luan a ajouté que la Chine se garderait d'entrer en rivalité avec ses concurrents, expliquant que les résultats de la mission d'exploration "seront partagés avec le monde entier".
Les médias officiels ont veillé à ce que l'événement ne soit pas perçu à l'étranger comme étant associé à la montée en puissance militaire de l'empire du Milieu. "La Chine a depuis longtemps affirmé clairement que son programme spatial a des buts pacifiques", écrivait mercredi le quotidien anglophone China Daily, qui ne cachait cependant pas son enthousiasme à la pensée que "cette mission ambitieuse est le résultat d'une technologie chinoise à 100 % et démontre l'avancement du pays dans les domaines de la science et de la technologie".
Le programme va durer un an et son coût est estimé à 129 millions d'euros. Quand Chang'e-1 commencera à tourner autour de la Lune, il émettra une trentaine de chansons populaires dont deux ritournelles : Qui ne dit pas du bien de ma terre natale ? et J'aime ma Chine.
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 26.10.07.