Privés de démocratie, les bourgeois branchés de Pékin pensent à l'argent
LE MONDE | 16.10.07 | 15h24
PÉKIN CORRESPONDANT
La scène se passe dans un bar à vin du quartier de Houhaï, un ensemble de maisons traditionnelles alignées le long d'un lac devenu l'un des hauts lieux du tourisme à Pékin. Ils sont deux : elle a une petite trentaine et travaille dans l'art contemporain ; lui a le même âge, il est professeur d'arts plastiques. Ils ne veulent pas être nommément cités, car ils expriment des idées qui, pour le moins, ne sont pas vraiment "dans la "ligne"...
Le Parti communiste chinois (PCC) a ouvert, lundi 15 octobre, son 17e congrès. "Le parti ? C'est une fiction, s'esclaffe la jeune femme en commandant un verre de bordeaux. La plupart des Chinois se moquent de la politique. Je ne me sens liée en rien avec l'Etat, je ne paie pas d'impôts..."
La fraude fiscale, un sport national en République populaire de Chine, n'est que l'un des comportements qui illustrent le cynisme d'une partie de l'élite et, plus généralement, des représentants de la classe moyenne et moyenne supérieure.
Le professeur a été éduqué à l'étranger. Il boit des bières en maugréant contre le système : "Moi, le congrès du parti et tout ça, ça ne me concerne absolument pas, car on n'est pas en démocratie. On n'a le choix de rien. Sauf celui de la fermer. "
Changement de décor et rencontre dans "l'usine 798", une friche industrielle partiellement transformée en un vaste réseau de galeries d'art contemporain, de cafés, d'ateliers d'artistes. Un temple de la culture "underground" au début des années 2000, qui a été récupéré par le marché de l'art contemporain, en plein boom en Chine.
Dans un studio de style Bauhaus - l'usine était à l'origine allemande - un "installateur" connu, qui préfère garder l'anonymat, porte un jugement plus mesuré. "Le parti n'est pas tant que ça coupé des gens. Ma soeur y est inscrite, sourit-il. Mais je trouve qu'il a pris trop de pouvoir dans nos vies ; l'essentiel est la démocratie. On est quand même dans une phase, grâce aux réformes économiques lancées par Deng Xiaoping, de développement et d'enrichissement. Il faut reconnaître que le parti est un garant de stabilité. Il a réussi à permettre une élévation du niveau de vie de la population."
Dans un luxueux ensemble résidentiel, une photographe, qui a réussi dans l'art contemporain, éclate de rire quand on lui demande ce qu'elle pense du congrès du PCC. "Je ne lis jamais de journaux et quand on se réunit avec mes amis, on ne parle jamais de politique. Je crois qu'on n'a jamais dû, ensemble, prononcer le nom de Hu Jintao ! (chef du parti et président de la République)", s'exclame-t-elle.
"Durant les événements de Tiananmen, en 1989, je suis sortie dans la rue. J'étais passionnée par ce qui se passait, se souvient la photographe. Puis la tragédie est survenue, la répression. Aujourd'hui, je me dis que tout va trop vite en Chine. Je suis excitée par ce développement rapide mais aussi un peu effrayée : ce pays va-t-il enfanter un monstre ?"
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.10.07.
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