LE MONDE | 16.10.07 | 15h23 • Mis à jour le 16.10.07 | 15h24
PÉKIN CORRESPONDANT

Le président chinois Hu Jintao lors de son discours inaugural à l'ouverture du 17e Congrès du Parti communiste à Pékin, le 15 octobre 2007.
Le chef du Parti communiste chinois (PCC) et président Hu Jintao a fait preuve de modération, lundi 15 octobre, lors de son adresse inaugurale à l'ouverture du 17e congrès du parti. Alors que l'on pouvait s'attendre à un discours musclé à l'égard de Taïwan, dans un contexte des plus tendus entre la République populaire de Chine et la République de Chine (nom officiel de Taïwan), M. Hu a appelé "de manière solennelle, à discuter d'un arrêt formel des hostilités entre les deux rives (du détroit), pour parvenir à un accord de paix".
Le fait que le numéro un chinois ait décidé de ne pas recourir à l'escalade verbale pour dénoncer les projets du président taïwanais Chen Shui-bian, porte-drapeau du clan des "indépendantistes" de l'île, s'explique par la stratégie pékinoise. Le président taïwanais arrive à la fin de son deuxième mandat au printemps 2008. Il ne peut se représenter aux élections, et Pékin compte sur une victoire électorale du candidat de l'opposition. Soit le représentant du Kouomintang, le parti de Tchang Kaï-chek, l'ennemi des communistes qui le forcèrent, en 1949, à se réfugier à Taïwan !
Mais les héritiers du généralissime sont d'accord avec leurs adversaires d'hier pour célébrer le principe d'"une seule Chine" prôné par Pékin, et qui suppose l'unité de la nation chinoise tout en permettant à Taïwan de profiter d'un statu quo l'autorisant à jouir d'une souveraineté politique tolérée par Pékin. M. Chen défend au contraire une affirmation plus poussée de l'identité taïwanaise. Il propose d'organiser un référendum sur l'opportunité de présenter la candidature aux Nations unies de son pays sous le nom de Taïwan. Ce qui serait perçu par Pékin comme une déclaration d'indépendance et, donc, pourrait être un motif d'invasion.
Lundi, Taïwan a aussitôt rejeté la main tendue de M. Hu, ce dernier conditionnant le traité de paix au respect du concept d'"une seule Chine". Mais Washington, inquiet des projets de M. Chen, pourtant président d'une île qui est son alliée, a réagi positivement, estimant que la proposition du chef du PCC était "un pas dans la bonne direction". Ces dernières semaines, Pékin avait plutôt soufflé le froid, annonçant la nomination au poste de chef d'état-major de l'Armée populaire de libération (APL) du général Chen Bingde, qui a occupé à plusieurs reprises des responsabilités de commandement dans la région militaire de Nankin, qui fait face à Taïwan.
Fin septembre, le porte-parole du bureau des affaires taïwanaises auprès du Conseil d'Etat (gouvernement), Li Weiyi, avait prévenu que le 17e congrès serait l'occasion de "redéfinir une nouvelle direction" à propos de Taïwan.
Les propositions de Hu Jintao ne sont pourtant pas nouvelles, Pékin alternant traditionnellement menaces et promesses en la matière. Il a répété que "personne, sous aucune forme que ce soit, et sous quelque nom que ce soit, ne pourra séparer Taïwan de la mère patrie". Avant d'ajouter qu'il était prêt à initier des politiques garantissant les énormes investissements taïwanais en Chine populaire.
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 17.10.07.
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