2007年10月18日木曜日

Se donner bonne conscience face à la Chine

Se donner bonne conscience face à la Chine
LE MONDE | 17.10.07 | 14h56 • Mis à jour le 17.10.07 | 14h56

On l'aime bien, en Occident, le dalaï-lama. Mais si l'intérêt pour sa philosophie et ses enseignements drainent des foules toujours plus nombreuses de bouddhistes européens ou américains, sur le plan politique, l'ultime réincarnation du Bouddha Cherenzi semblait pourtant sur la touche.

En ces temps où la Chine obsède le monde, que pèse la sympathique image de cet homme de 72 ans qui risque fort de ne jamais revoir son pays, le Tibet, en voie de sinisation avancée ? Même à Dharamsala, sa redoute himalayenne où il préside un "gouvernement en exil" depuis sa fuite, en 1959, les plus radicaux n'hésitent pas à critiquer sa politique.

Les militants du Tibetan Youth Congress, l'organisation des "jeunes" exilés tibétains, estiment que la posture de non-violence prônée par le dalaï-lama s'est avérée impuissante à faire fléchir les hiérarques d'un empire du Milieu qui revendique un long rapport de suzeraineté avec le Tibet.

Le dalaï-lama a toujours soutenu que le passage à la violence sur le toit du monde ne servirait qu'à compliquer la vie de ses anciens sujets. Mais en quarante-huit ans, depuis le soulèvement de Lhassa, militaires et policiers chinois ont réussi à casser le mouvement de guérilla tibétaine des années 1950, puis celui emmené par les moines bouddhistes des années 1980-1990.

La cause tibétaine est sans doute une cause perdue : le dalaï-lama ne cesse de répéter qu'il admet l'appartenance de son ancien royaume à la Chine éternelle ; tout juste se borne-t-il à demander la fin d'un "génocide culturel" au Tibet et la possibilité pour les Tibétains de mener, localement, leurs propres affaires. La réponse de Pékin n'a presque jamais varié, en dépit de négociations secrètes avec des envoyés de "Sa Sainteté" : le dalaï-lama ne serait qu'un "sécessionniste" dangereux pour l'"unité de la patrie" chinoise...

Mais voilà que, depuis quelque temps, tout se passe comme si le "pape" de l'Eglise tibétaine revenait au centre de la scène. En quelques mois, il a été reçu en Australie par le premier ministre John Howard ; puis par le chancelier australien Alfred Gusenbauer ; enfin, par la chancelière allemande Angela Merkel. Mercredi 17 octobre, après s'être entretenu discrètement la veille avec George Bush, il devait apparaître pour la première fois en public avec un président américain en exercice, à l'occasion d'une réception au cours de laquelle il devait recevoir la médaille d'or du Congrès.

Il ne faut, bien sûr, pas exagérer la signification de cette rencontre. Aucun leader mondial n'ira très loin dans son soutien à la cause tibétaine. Sans doute le dalaï-lama est-il une figure commode permettant à l'Occident de se racheter une conscience à bon marché face au dragon chinois.

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 18.10.07.

 

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