2008年4月1日火曜日

Pour Wen Jiabao, les canaux entre Pékin et le dalaï-lama restent "ouverts"

Pour Wen Jiabao, les canaux entre Pékin et le dalaï-lama restent "ouverts"

PÉKIN CORRESPONDANT

Le premier ministre chinois Wen Jiabao reste ouvert au dialogue avec le dalaï-lama. | AP/Robert F. Bukaty
AP/Robert F. Bukaty
Le premier ministre chinois Wen Jiabao reste ouvert au dialogue avec le dalaï-lama.

C'est une petite phrase peut-être sans conséquence, mais elle est en soi remarquable. En visite au Laos, lundi 31 mars, le premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré, en réponse à la question d'un journaliste sur le Tibet, que "tous les canaux de communications restent ouverts entre le dalaï-lama et la Chine".

Depuis le début de la crise, alors que le pouvoir pékinois continue de traiter le chef de l'Eglise tibétaine de "séparatiste" et accuse sa "clique" d'avoir fomenté les émeutes de Lhassa, jamais un important hiérarque chinois n'avait ainsi semblé infléchir le classique discours officiel. A Pékin, des sources en contact avec les autorités affirment qu'un dialogue serait déjà en cours entre des responsables du Parti communiste chinois (PCC) et l'entourage du gouvernement en exil du dalaï-lama.

A Vientiane, capitale du Laos, Wen Jiabao a ensuite surpris en finissant par désigner le dalaï-lama par son titre complet, le terme en vigueur à Pékin étant de l'appeler simplement, avec un certain dédain, le "dalaï"... Dans la même phrase, il a appelé ce dernier à "user de son influence afin d'arrêter les violences actuelles au Tibet". Une manière inédite de reconnaître au "dalaï" une influence dans son pays d'origine, qu'il a fui en 1959.

Le premier ministre chinois a beau avoir répété que le Tibet est "une affaire intérieure chinoise" et espéré que les gouvernements et les médias étrangers puissent rester "objectifs" sur le sujet, ses déclarations laissent perplexes certains observateurs, prompts à déceler dans la petite phrase ce qu'elle révèle en creux.

Le régime s'emploierait-il à travers ces signaux d'apparence contradictoires à lancer des ballons d'essai à destination de l'étranger, à un moment de fragilisation politique ? M. Wen, conforté par son image de "visage humain" du régime, jouant dans ce cas le rôle du modéré.

Le premier ministre se fait souvent photographier devant la veuve et l'orphelin, serre les mains des malades du sida, est le premier à s'adresser à la foule dans une gare du sud de la Chine, quand, durant les fêtes du printemps, une partie du pays est bloquée par la neige.

RUPTURE DE TON

On se rappelle aussi la célèbre photo de Wen Jiabao qui le représente à la veille du massacre de la place Tiananmen, en 1989, au second plan derrière son mentor, le chef du PCC Zhao Ziyang, qui tente d'éviter un bain de sang en proposant un dialogue aux étudiants. Il sera limogé, finira sa vie en résidence surveillée. M. Wen a survécu et a été promu.

La seule question d'importance est de savoir si cette sensible rupture de ton prépare le terrain à la reprise d'un dialogue avec le dalaï-lama, ce que demande à Pékin une grande partie de la communauté internationale. Mais comment, sans perdre la face, le régime chinois pourrait-il accepter un tel dialogue après avoir refusé depuis des années, et avec une véhémence accrue, de négocier avec ce "séparatiste" ?

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 02.04.08.
 

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