2008年2月5日火曜日

Les Chinois prennent pied dans le Bordelais

Les Chinois prennent pied dans le Bordelais
LE MONDE | 04.02.08 | 14h45 • Mis à jour le 04.02.08 | 14h45

Le Bordelais est en émoi. Le conglomérat chinois Longhai, basé à Quingdao, ville de 7 millions d'habitants entre Pékin et Shanghaï, très présent dans l'immobilier, vient d'acheter Château Latour-Laguens, une propriété de 60 hectares dans l'Entre-Deux-Mers, au sud de Bordeaux. Une première dans l'histoire viticole française.

L'endroit est perdu au milieu des vallons de vignes et de forêts, les deux activités nourricières des environs. Il faut suivre les panneaux "château Latour". Ici, le terroir est connu pour son vin blanc sec. Château Latour-Laguens, posé sur un monticule, produit, lui, essentiellement du rouge en bordeaux et bordeaux supérieur. Derrière de grands conifères centenaires, ce "livre ouvert de vignes" de 30 hectares, comme aime le répéter son ex-propriétaire, Serge Laguens, donne un vin vendu surtout en vrac (non mis en bouteilles) au négoce bordelais.

La bâtisse aux allures de château fort, les vignes et les terrains étaient à vendre depuis plus d'un an. Un acheteur maltais était sur les rangs quand la délégation chinoise a eu "un coup de foudre", selon Daniel Carmagnat, l'agent immobilier du pays qui a conclu l'affaire avec eux. Plus que la qualité du vin, l'état des vignes et des chais, deux choses ont séduit les investisseurs chinois : "L'image d'Epinal de l'architecture du château et de son histoire vieille de six cents ans et le nom de Latour, très connu en Chine comme celui de Bordeaux", reconnaît le responsable d'A2Z Agency. Sur le plan de la propriété des marques commerciales, il leur est interdit d'utiliser le nom d'un des premiers crus classés de 1855, mais la confusion est facile pour une population encore peu familière des subtilités du monde du vin français.

"UN NOM MAGIQUE"

Avant même d'avoir signé l'acte de vente, la délégation de Longhai avait réalisé des caisses à l'effigie du château, des pin's et autres autocollants, des brochures et des étiquettes. Le site Internet qui porte le nom de Latour-Laguens était déjà trilingue : français, anglais et mandarin. Le groupe s'est servi de la marque commerciale du château pour rebaptiser sa filiale d'importation de vins basée à Quingdao, Latour-Laguens International Wine co ltd. Cette dernière propose une vingtaine de vins australiens, italiens et d'Afrique du Sud. Pour le moment.

Cette acquisition doit servir de tremplin commercial au groupe, inconnu parmi les principaux opérateurs chinois du monde du vin : toute la récolte girondine 2007 - environ 160 000 bouteilles - sera importée. Une goutte d'eau à l'échelle de la Chine. D'autres vignes seront plantées ou achetées, les chais rénovés et agrandis, le personnel conservé. Sur son site Internet, le groupe explique souhaiter créer, à son siège social, une école de dégustation, une autre "de formation viticole".

"Pour les Chinois mais aussi les Russes, les Canadiens ou les Suisses, Bordeaux reste la référence", insiste Olivier Vizerie, spécialiste des transactions viticoles dans la région bordelaise. Depuis un an, fait nouveau, il a reçu quatre délégations d'acheteurs potentiels chinois. "Ce sont des gens compliqués qui veulent s'offrir une vitrine bordelaise à petits budgets entre 1 et 2 millions d'euros, en appellation bordeaux et surtout en rouge", explique M. Vizerie, persuadé que "d'autres acquisitions devraient se faire car Bordeaux reste un nom magique."

Claudia Courtois
Article paru dans l'édition du 05.02.08.
 

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