2008年2月8日金曜日

Les JO sont mal partis

Les JO sont mal partis
LE MONDE | 06.02.08 | 13h31 • Mis à jour le 06.02.08 | 13h31

L'information aurait dû réjouir tous les partisans de la cause des droits de l'homme en Chine. Elle aurait dû combler tous ceux qui espèrent une évolution positive du régime chinois sous l'effet d'une exposition internationale croissante, dont la tenue des Jeux olympiques (JO) en août à Pékin va marquer une étape solennelle. La libération, annoncée lundi 4 février, de Ching Cheong, un journaliste hongkongais condamné sur le continent en 2006 à cinq ans de prison sous l'accusation - controversée -d'"espionnage" au profit de Taïwan, est assurément une bonne nouvelle. Il faut la saluer. Elle peut être interprétée comme un geste de bonne volonté de Pékin à six mois des JO.

Pourtant, cette relaxe de Ching Cheong ne dit pas grand-chose sur l'état réel des droits de l'homme en Chine. Elle pourrait même s'avérer être un leurre au moment où les signaux contraires, ceux attestant d'un durcissement répressif du régime, se multiplient. La récente arrestation de Hu Jia, figure éminemment courageuse et respectée du mouvement des droits civiques, constitue même une inacceptable régression.

Le seul crime de Hu Jia est d'avoir rassemblé et diffusé des informations relatives aux multiples injustices que subissent les Chinois ordinaires : scandales sanitaires (sida), expropriations paysannes, dégradations environnementales, corruption des cadres. Son incarcération fait suite à une série d'arrestations de juristes autodidactes, ces fameux "avocats aux pieds nus", qui ont sincèrement cru à la volonté du régime d'instaurer l'Etat de droit.

Cette vague répressive augure mal de la tenue des JO de Pékin. L'ordre règne donc en Chine. L'événement, qui devait consacrer le retour sur la scène mondiale d'un grand pays trop longtemps tenu en lisière de l'arène des nations, risque fort de virer à la mascarade. Car, au fond, qu'est ce qui vaut à Hu Jia et ses amis pareilles persécutions ? Ils ne militent pas pour le renversement du Parti communiste chinois (PCC). Ils demandent seulement à ce dernier de respecter les lois qu'il a lui-même fait adopter. Ils exigent simplement que les victimes d'abus de pouvoir soient protégées comme le prévoit la loi chinoise. Ils sont au fond très légalistes.

Mais on comprend trop en quoi ils gênent : ils entachent l'image idyllique que le PCC veut projeter à l'extérieur. Ils sont le grain de sable qui menace de gripper l'écrasante machinerie de propagande qui va se déchaîner ces prochains mois. Qu'ont à dire les démocraties à ce sujet ? Pour l'instant, rien. Leur silence est troublant. Il est temps qu'elles se ressaisissent et qu'elles exigent du gouvernement chinois qu'il honore les engagements qu'il a lui-même pris devant la communauté internationale. Faute de quoi, au-delà du peuple chinois, la mascarade fera une autre victime : l'idéal olympique.

Article paru dans l'édition du 07.02.08.

 

0 件のコメント: