2007年6月11日月曜日

En Chine, trois journalistes licenciés pour avoir publié une publicité saluant les "courageuses mères" des victimes de Tiananmen

En Chine, trois journalistes licenciés pour avoir publié une publicité saluant les "courageuses mères" des victimes de Tiananmen
LE MONDE | 09.06.07 | 14h12 • Mis à jour le 09.06.07 | 14h12
(Pékin, correspondant)

C'était seulement une annonce payante dans un journal, mais son contenu était explosif : lundi 4 juin, le quotidien Chengdu wanbao (le soir de Chengdu, la capitale de la province du Sichuan, dans le Sud-Ouest chinois) a publié un encart publicitaire rendant hommage "aux courageuses mères" des victimes de la répression du "printemps de Pékin" de 1989.

L'annonce est parue le jour même du 18e anniversaire du massacre perpétré par l'armée, et saluait ainsi l'association de ces dames qui s'obstinent encore aujourd'hui à défendre la mémoire de leurs fils ou filles tués lors de la violente répression du mouvement démocratique de la place Tiananmen. Le couperet n'a pas tardé à tomber : le rédacteur en chef et deux de ses adjoints ont été limogés quelques jours plus tard, sans que l'on ait pu savoir si un responsable avait intentionnellement osé laisser passer cette rare provocation imprimée, ou si l'affaire a été le fruit d'une négligence de la part des responsables du secteur de la publicité.

Selon un quotidien de Hongkong, cité par Reporters sans frontières (RSF), la jeune employée qui avait donné son accord pour le passage de l'annonce ne savait même pas que les "événements" de Tiananmen avaient eu lieu... Une ignorance assez souvent partagée parmi la jeune génération qui n'a pas connu cette page de l'Histoire de Chine et semble souvent apolitisée à l'heure du foudroyant décollage économique. La jeune femme avait téléphoné à l'auteur de l'annonce qui lui avait affirmé avec aplomb qu'il s'agissait d'un encart rendant hommage aux mères des victimes d'un accident minier... La publicité était discrète : elle remplissait seulement une ligne du journal.

L'association des mères de Tiananmen continue encore aujourd'hui de demander au gouvernement chinois des excuses officielles et des compensations. La brutale répression du mouvement démocratique par l'armée du régime a fait, le 4 juin 1989, des centaines, voire des milliers de morts lors du déclenchement de l'assaut par l'armée autour de la célèbre place de la Porte de la paix céleste. La simple mention de ces "événements" est impossible en Chine où le sujet est le tabou politique le plus résistant à l'évolution du régime dirigé par les héritiers de Deng Xiaoping, l'ex-numéro un chinois.
Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 10.06.07.

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