L'économie chinoise est peu dépendante de la Bourse
LE MONDE | 05.06.07 | 13h51
Contrairement à ce qui s'était passé après le mini-krach du 27 février, les turbulences actuelles que traverse la Bourse de Shanghaï ne se sont pas propagées aux autres places financières.
D'abord parce que l'environnement international est plus serein qu'en début d'année : la perspective d'une récession américaine s'est éloignée. Qui plus est, le rôle de Pékin, qui, pour limiter la surchauffe et la création d'une bulle, veut accroître les taxes sur les produits boursiers, est plutôt bien perçu par les analystes. Et le marché chinois est essentiellement domestique, ne pesant que pour 7 % de la valorisation boursière mondiale. Enfin, la croissance chinoise, très liée aux exportations, est protégée des errements boursiers.
Le 28 mai, juste avant que la Bourse chinoise ne commence à baisser, Morgan Stanley avait calculé qu'un plongeon de 30 % ne coûterait que 0,2 point de croissance à la Chine. "Sur la dernière décennie, les performances des actions et de l'économie réelle apparaissent très déconnectées", constate JP Morgan.
"PRISE DE RISQUE INDIVIDUELLE LIMITÉE"
Selon les calculs de la Société générale, seuls 5 % de l'épargne chinoise sont investis en actions. Dans ce contexte, la consommation ne devrait pas trop souffrir de la chute de la Bourse shanghaïenne. D'autant que cette dernière a tellement augmenté (+ 130 % en 2006) qu'une sérieuse correction laisserait des gains aux investisseurs.
Cela dit, nombre de Chinois se sont mis à boursicoter fin 2006, attirés par l'envolée des cours. Ceux-là pourraient y perdre beaucoup. Et, "dans un pays où la notion de prise de risque individuelle est limitée", note Morgan Stanley, ils pourraient "se sentir abandonnés par le gouvernement" et nourrir une forte instabilité sociale.
Quant aux entreprises, elles se financent encore peu sur les marchés. En 2006, selon Morgan Stanley, "à peine 2 % des investissements étaient financés par la Bourse". Fin avril, ce pourcentage était monté à 5 %, mais le phénomène reste marginal. Reste à évaluer dans quelle mesure les banques peuvent être affectées par un krach boursier. Depuis la mi-2006, elles n'ont plus le droit de prêter de l'argent si celui-ci est destiné à être investi en Bourse. Dans quelle mesure cette interdiction a-t-elle été respectée ? Personne ne le sait aujourd'hui.
Virginie Malingre
Article paru dans l'édition du 06.06.07.
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