2007年6月13日水曜日

Human Rights Watch dénonce la politique chinoise d'urbanisation forcée des bergers tibétains

Human Rights Watch dénonce la politique chinoise d'urbanisation forcée des bergers tibétains
LE MONDE | 12.06.07 | 16h52 • Mis à jour le 12.06.07 | 16h52
PÉKIN CORRESPONDANT

Le gouvernement chinois a forcé, depuis 2000, environ 700 000 bergers tibétains à abandonner leurs pâturages des hauts plateaux, dénonce l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), dans un rapport publié dimanche 10 juin.

S'appuyant sur des entretiens avec 150 bergers entre juillet 2004 et décembre 2006, HRW explique que cette stratégie de dépeuplement et d'urbanisation obligatoire s'inscrit dans la poursuite de la "sinisation" du Tibet depuis que le royaume du dalaï-lama a été envahi par l'Armée populaire de libération, en 1950.

Publié sous le titre : "Personne n'a le loisir de refuser" (de quitter ses terres), citation extraite d'une conversation avec l'un des bergers, le rapport fustige cette politique "qui viole les droits sociaux économiques" de ces pasteurs tibétains, sous le prétexte de "civiliser" et de "moderniser" la vie de certains de ces habitants du Toit du monde.

"Les autorités chinoises soutiennent que l'urbanisation forcée des bergers tibétains est le moyen de leur apporter le progrès, écrit le responsable pour l'Asie de HRW, Brad Adams, mais ces mêmes autorités ne se soucient pas de comprendre ce que les Tibétains veulent et traitent durement ceux qui protestent." Cette politique, appliquée de manière radicale dans plusieurs préfectures de la province du Qinghai, est aussi à l'oeuvre, affirme le rapport, dans la Région autonome du Tibet proprement dite ainsi que dans les zones de peuplement tibétain des provinces du Ganzu, du Sichuan et du Yunnan. "On détruit nos communautés et nos vies en nous empêchant de vivre sur nos terres, nous qui sommes bergers depuis des générations", remarque l'un d'eux.

Pour les autorités, il s'agit de reloger ces bergers, parfois forcés d'abattre leur cheptel, dans les tristes "colonies" alignant leur déprimante architecture aux abords des bourgs du haut plateau.

S'inscrivant dans la politique de développement du Grand Ouest chinois, cette stratégie a été justifiée il y a deux ans par un haut responsable comme "le moyen le plus efficace de restaurer les terres dans leur état originel". Les autorités mettent en effet en avant leur souci écologique et soutiennent qu'il est nécessaire de créer des no man's land et de reboiser afin d'éviter, notamment dans le secteur des "trois rivières" de la province du Qinghai, l'érosion des sols, la déforestation jouant un rôle dans les inondations qui frappent régulièrement les provinces situées en aval.

Le rapport de HRW admet que la Chine a toutes les raisons de se soucier de la protection de l'environnement mais redoute que, dans le cas des quelque 2,5 millions des bergers des hauts plateaux, il s'agisse plus de "détruire la culture tibétaine et (d')assimiler de force les Tibétains dans la société chinoise".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 13.06.07.

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