2007年8月17日金曜日

L'Iran s'offre une tribune antiaméricaine au sommet de l'Asie centrale

L'Iran s'offre une tribune antiaméricaine au sommet de l'Asie centrale
LE MONDE | 17.08.07 | 11h38 • Mis à jour le 17.08.07 | 11h38
Urumqui, envoyé spécial



AFP/VYACHESLAV OSELEDKO
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad était présent en qualité d'observateur au sommet de Bishkek (Kirghizstan), le 16 août, qui a réuni les six chefs d'Etat de l'Organisation de coopération de Shanghaï – Chine, Russie, Kazakhstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Kirghizstan.


Grandes manœuvres antiterroristes et promesses d'intégration économique avec la Chine étaient jeudi 16 août au menu du sommet de Bichkek (Kirghizstan), qui a réuni les six chefs d'Etat de l'Organisation de coopération de Shanghaï (OCS) – Chine, Russie, Kazakhstan, Tadjikistan, Ouzbékistan et Kirghizstan –, ainsi que plusieurs pays ayant le statut d'observateur (dont l'Iran).


Lancée en 1996, mais constituée sous sa forme actuelle en 2001, l'OCS – appelé aussi "Groupe de Shanghaï" – joue un rôle croissant dans cette partie d'Asie centrale que Chinois et Russes considèrent comme un pré carré commun qu'il faut préserver de la contagion islamiste et de l'influence américaine.

Le sommet a d'ailleurs servi de tribune au président iranien Mahmoud Ahmadinejad, présent à Bichkek en qualité d'observateur, qui a dénoncé les menaces que fait peser sur la région le projet de bouclier antimissile américain en Europe centrale.

"Nous sommes convaincus que (…) toutes les tentatives de résoudre seul les problèmes mondiaux et régionaux sont vaines", a mis en garde le président russe Vladimir Poutine dans une allusion indirecte à l'"unilatéralisme américain".

Parce qu'elle ambitionne de devenir un acteur majeur de la région, la Chine met tout son poids dans la promotion de l'OCS, vantée comme un modèle de réponse multilatérale au terrorisme.

En réalité, la préoccupation numéro un de Pékin est la stabilité de la "région autonome" ouïgoure du Xinjiang, zone à majorité musulmane et frontalière de l'Asie centrale. Le Xinjiang est depuis la fin des années 1990, et surtout depuis 2001, l'objet d'une reprise en main brutale

Sous couvert de lutte antiterroriste, Pékin combat toutes les formes d'expression identitaire ouïgoure, que ce soit à travers la religion, la culture ou les traditions, tout en y menant une politique de sinisation systématique. Dernière mesure en date, la confiscation depuis quelques mois des passeports des musulmans afin d'éviter qu'ils se rendent à La Mecque en dehors de voyages organisés très encadrés.

NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE

C'est à Urumqi, capitale du Xinjiang, qu'ont débuté début août les exercices militaires entre les armées des six pays. Baptisés "Mission pour la paix 2007", ils mobilisent 6500 soldats et se concluent ce week-end dans l'Oural devant les six chefs d'Etat, selon un scénario qui, d'après la presse russe, est inspiré du massacre d'Andijan en Ouzbékistan, en mai 2005.

Pour les organisations des droits de l'homme, et plus généralement pour les pays occidentaux, l'OCS est davantage vue comme servant la répression des mouvements religieux, qu'ils soient violents ou non. Ainsi, la Chine, qui assimile l'ensemble des organisations ouïgoures en exil à des groupes terroristes. Et elle obtient de plus en plus la coopération des Etats d'Asie centrale, où s'est installée une partie de la diaspora ouïgoure, afin d'obtenir l'extradition d'anciens ressortissants chinois, lesquels sont ensuite condamnés à mort ou à la prison à perpétuité – comme ce fut le cas il y a quelques mois d'Hussein Celil, un imam canadien exfiltré d'Ouzbékistan.

Si le président chinois Hu Jintao et les cinq chefs d'Etat présents à Bichkek se sont de nouveau prononcés en faveur du combat contre les "trois forces du mal : le terrorisme, le séparatisme et l'extrémisme", une rhétorique empruntée directement à la propagande chinoise au Xinjiang, la nouveauté du sommet 2007 réside dans les promesses d'intégration économique accélérée faites par Pékin.

La Chine rêve la région comme une nouvelle Route de la soie, une zone de coprospérité où elle s'assurerait des approvisionnements énergétiques stables et un bon marché, tout en s'ouvrant des débouchés commerciaux.
Brice Pedroletti

 

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