2008年3月7日金曜日

En Chine, le pouvoir affiche sa sollicitude à l'égard des migrants

En Chine, le pouvoir affiche sa sollicitude à l'égard des migrants
LE MONDE | 05.03.08 | 14h09 • Mis à jour le 05.03.08 | 14h09
PÉKIN CORRESPONDANT

Ils sont 200 millions en Chine et représentent une grande partie de la force de travail qui ne cesse de faire pousser les gratte-ciel et élargir les villes de l'empire : les travailleurs migrants, paysans chassés des campagnes par une pauvreté endémique, classe sociale souvent misérable, sous-payée et parfois dépourvue des droits dont jouissent les autres citoyens, viennent de faire leur entrée à l'Assemblée nationale populaire (ANP).

Aux côtés des 3 000 délégués, trois de ces "mingong" (min pour nongmin, paysan et gong pour gongren, ouvrier) se sont assis, mercredi 5 mars, à l'ouverture de la session annuelle du "Parlement", sur les bancs de l'immense salle du Grand Palais du peuple de Pékin.

Leur désignation est une tentative du pouvoir de montrer qu'il se soucie, selon les mots d'ordre en vigueur d'"améliorer les conditions de travail" de ces migrants de l'intérieur. A l'heure où le rythme effréné de la croissance creuse les inégalités sociales, le régime est conscient des effets potentiellement déstabilisateurs de cette poudrière sociale.

Deux des trois mingong sont des femmes. L'une d'elles, Hu Xiaoyan, a 34 ans et est originaire de la province du Sichuan (Sud-Ouest). Il y a dix ans, elle a émigré à Foshan, ville du Guangdong, la province emblématique de la croissance chinoise depuis un quart de siècle. Employée d'une usine de poterie, elle a gravi tous les échelons et s'est intégrée dans le système pour être finalement "élue" par le congrès local du parti de sa province, première députée mingong à l'échelon national.

LA CRISE DE L'ÉDUCATION

Sur son ordinateur portable, Mme Hu a recueilli les doléances. Une de ses priorités, a-t-elle déclaré à la presse, sera d'attirer l'attention sur le délicat problème de "l'éducation des enfants" des travailleurs migrants. Ces derniers, souvent illégaux en ville, doivent en effet assurer l'éducation de leurs rejetons dans des écoles officieuses ou tout bonnement les laisser au pays.

La seconde mingong s'appelle Zhu Xueqin. Agée de 31 ans, elle est originaire de la province du Jiangsu (Est). Elle a dû abandonner ses études pour des raisons financières et a émigré à Shanghaï où elle est devenue couturière à la chaîne. Privilégiée, elle a réussi à obtenir une bourse qui lui a permis d'aller se perfectionner au Japon. Elle est devenue vice-présidente du syndicat de son parti et son appartenance à la Ligue de la jeunesse communiste, dont est issu le président de la République et chef du parti Hu Jintao, n'est sans doute pas pour rien dans son ascension jusqu'au sommet. Elle dit vouloir oeuvrer pour élargir au niveau national la couverture sociale de ces travailleurs migrants que leurs employeurs "oublient" parfois de payer durant des mois...

Le troisième a un itinéraire des plus classiques. Originaire de la province du Guizhou (Sud), foyer de minorités ethniques pauvres, Kang Houming a nomadisé longtemps, du Tibet au Sichuan, avant de passer des années à Chongqing (Sud-Ouest), où il a vécu sur un chantier de construction. Son souci est aujourd'hui de voir se développer une politique de logement pour mingong : "Je gagne 2 000 yuans par mois (200 euros) et les prix de l'immobilier sont au-dessus de mes moyens", a-t-il déclaré. En vingt-huit ans de labeur, M. Kang a économisé environ 3 000 euros.

L'entrée au Parlement des trois mingong symbolise le fait, souligne la presse, que les droits des travailleurs migrants "sont les mêmes que les autres citoyens, d'autant qu'ils ont énormément contribué à la croissance économique de la Chine".

Bruno Philip
Article paru dans l'édition du 06.03.08.




Wen Jiabao annonce une protection sociale accrue

Sous la pression des défis sociaux, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a promis, mercredi 5 mars, lors de l'ouverture à Pékin de la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire (ANP), la mise en place d'un gouvernement plus efficace pour une société plus juste. Après s'être félicité du fait que la Chine était passée de la sixième à la quatrième place dans l'économie mondiale de 2002 à 2007, le premier ministre a reconnu les immenses défis sociaux et environnementaux que la Chine doit relever. "Nous sommes parfaitement conscients qu'il existe encore beaucoup de problèmes à résoudre dans le développement économique et social", a-t-il affirmé, appelant à "résoudre les problèmes patents liés aux intérêts vitaux de la population". Il a ainsi promis une enveloppe de 276,2 milliards de yuans (25,5 milliards d'euros, + 20 % par rapport à 2007) "pour accélérer la mise en place d'un système de protection sociale". Pour 2008, la priorité sera la lutte contre l'inflation, qui rogne le pouvoir d'achat des moins favorisés, et le renforcement des contrôles pour éviter la surchauffe économique. - (AFP.)

 

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